Articles

lexpress.fr

TOUS LES JOURS, TOUTE L’INFO

Le secrétaire d’Etat à la Justice trouve que sa ministre de tutelle joue trop “perso”.

Dans une lettre, adressée le 15 décembre aux responsables syndicaux de la pénitentiaire, Michèle Alliot-Marie se félicite de son action : “J’ai obtenu du ministère du Budget que le paiement des heures supplémentaires, des astreintes, des primes de dimanche, de nuit et de jours fériés soit effectué avant le 31 décembre 2009.”

Cette communication à la première personne a fortement irrité Jean-Marie Bockel.

Le secrétaire d’Etat à la Justice estime avoir sa part dans ce succès : le 12 décembre, il a fait appeler le cabinet d’Eric Woerth, ministre du Budget. Il considère par ailleurs que c’est le cabinet de François Fillon qui a pris la décision, le 14 décembre, et non celui d’Eric Woerth.

Par François Koch, publié le 24/12/2009 à 16:40

________________________________

Bockel apporte son soutien à Besson

AFP
24/12/2009 | Mise à jour : 19:15 | Commentaires 5 | Ajouter à ma sélection
Le secrétaire d’Etat à la Justice, Jean-Marie Bockel, a assuré de son soutien le ministre de l’Immigration, Eric Besson, comparé par des responsables socialistes à des personnalités de la collaboration, comme Marcel Déat ou Pierre Laval.

“Je tiens d’ores et déjà à manifester mon indignation devant la gravité des insultes que certains socialistes adressent à Eric Besson, allant jusqu’à le traiter de collabo, de Déat ou de Laval”, écrit dans un communiqué M. Bockel. “C’est inadmissible. J’assure Eric Besson de ma solidarité et de toute mon amitié”.

Selon le secrétaire d’Etat, “la vivacité, la violence même, du débat sur l’identité nationale démontre combien il est aujourd’hui nécessaire”. Son parti, la Gauche Moderne, “fera le moment venu, quand le débat sera plus avancé, des propositions sur les mesures qui nous paraissent essentielles”, annonce-t-il.

Réforme de l’instruction, garde à vue, prud’hommes… Six mois après son arrivée à la Chancellerie, Michèle Alliot-Marie, garde des Sceaux, détaille ce lundi ses ambitions dans La Tribune.

Michèle Alliot-Marie
La Tribune – Que pensez-vous de la tournure que prend le débat sur l’identité nationale ?
Je suis favorable à tous les débats. Lorsqu’on en refuse certains, les Français ont tendance à se tourner vers des partis extrémistes qui, eux, les portent. Pour moi gaulliste, le débat sur l’identité nationale doit se comprendre comme un élément d’un débat plus large sur l’unité nationale. Les Français ont-ils envie de vivre ensemble et, surtout, de partager un destin commun? Pourquoi et à quelles conditions? La France est, en la matière, confrontée à un certain nombre de défis : construction européenne, mondialisation, montée de divers communautarismes. Ce débat sur l’unité nationale et le vivre ensemble, je ne suis pas seule à le porter. La majorité des 110 parlementaires du Chêne, l’association que je préside, ont cosigné la semaine dernière une tribune dans Le Figaro sur ce sujet.

Comptez-vous intégrer cette réflexion sur l’unité nationale au sein même de la justice ?
Mon souci de l’unité nationale est sous-jacent à mon action à la Chancellerie. Lorsque j’ai été nommée garde des Sceaux, j’ai affirmé deux ambitions : faire de ce ministère celui du droit en général, pas seulement du droit pénal, et réconcilier la justice avec les citoyens. Le droit, ce sont les règles qui permettent aux gens de vivre ensemble : sur un terrain de sport, sans règle du jeu, vous ne pouvez pas jouer. C’est la même chose pour la famille, l’entreprise, le commerce. Mais pour être connues et acceptées par tous, ces règles doivent être compréhensibles. Or le droit n’est plus compréhensible. Le principe napoléonien – “nul n’est censé ignorer la loi” – correspondait à la lisibilité de la loi. Aujourd’hui, avec l’accumulation des règles nationales et européennes, le droit est instable, mal écrit, incompréhensible.

Voilà pourquoi depuis que je suis ici, j’insiste pour avoir une nouvelle écriture du droit. Systématiquement, quand on m’envoie des textes qui ne sont compréhensibles que par les initiés, je les renvoie dans les services. Je dis toujours : “Je veux une idée par phrase. Je veux que chaque article se suffise à lui-même sans qu’il soit nécessaire de se référer à dix autres articles. Je veux que chaque citoyen puisse comprendre.” C’est sur ces bases que nous travaillons à la réforme du code de procédure pénale, avec les parlementaires et universitaires que je réunis.

Ce travail de réécriture ne vous semble-t-il pas titanesque ?
Effectivement. Dans quinze ou vingt ans, mes successeurs continueront à le faire. Du moins je l’espère. C’est une rupture par rapport à la façon dont on a fait le droit depuis des années. Pour moi, c’est un fondement de la démocratie et de l’unité nationale. Chaque Français doit savoir ce que dit la loi. Elle exprime aussi l’esprit de réforme. Il est donc indispensable que les gens sachent quel est l’objectif visé, et qu’ils puissent comprendre en quoi il s’applique à leur situation. C’est là où j’applique ma conviction : faire un droit civil, commercial, pénal, économique, social qui soit compréhensible par tous.

Le fossé entre la justice et les citoyens s’est-il encore creusé ces dernières années ?
Il me paraît indispensable que les citoyens se réconcilient avec leur justice. Aujourd’hui, ils la trouvent souvent lente, lointaine, obscure. Pourtant, la justice permet à chacun d’être sûr que la loi est appliquée de la même façon à tous, partout. C’est l’un des fondements de l’unité nationale. Les nouvelles technologies vont nous aider à répondre à la demande d’une plus grande rapidité. D’un point de vue pratique, la signature électronique permettra d’accélérer les procédures tout en garantissant leur totale fiabilité. On peut aussi raccourcir certains délais en développant les procédures qui permettent de trouver une solution avant une instance. Le juge n’a plus alors qu’à entériner la solution trouvée, ou en cas d’échec à trancher grâce à un dossier déjà bien préparé. Cela peut se faire à travers l’arbitrage, la médiation ou la conciliation. Je veux simplifier des procédures devenues trop complexes.

Comment ?
La réforme de la procédure pénale en donne l’exemple. Aujourd’hui, les Français ne comprennent pas pourquoi, dans certains cas, on a recours à un procureur et, dans d’autres, à un juge d’instruction. Ils ne savent plus qui fait quoi. Dans un souci de simplification, j’essaie d’avoir une distinction claire entre l’enquête, confiée au Parquet, et le contrôle et la protection des droits des parties, confiés au juge de l’enquête et des libertés. Je veux aussi ouvrir les portes de la justice pour que les citoyens puissent mieux comprendre son organisation et son fonctionnement. Je suis en train de préparer des rencontres entre le monde judiciaire (magistrats, avocats, notaires) et les citoyens.

A quelle échéance ?
Cela commencera en 2010. Certaines rencontres auront lieu dans les tribunaux, d’autres dans les communes. De façon plus permanente, je réfléchis à l’utilisation des nouvelles technologies pour pouvoir apporter des réponses à toutes les interrogations sur le droit ou sur la procédure, au plus près du citoyen. L’une des pistes à creuser consisterait à mettre en place des systèmes de bornes dans les communes, où les gens pourraient aller trouver des informations. Un professionnel devra être présent afin de les aider à utiliser cet outil.

Vous parlez de l’égalité des citoyens face à la justice. La suppression du juge d’instruction ne va-t-elle pas permettre aux puissants proches du pouvoir de bénéficier d’un traitement plus bienveillant ?
C’est le discours tenu par ceux qui ne connaissent pas la réforme. Mais c’est normal puisque je suis en train de la rédiger.

L’ancienne juge d’instruction Eva Joly n’a pas ménagé ses critiques. Estimez-vous qu’elle ne connaît pas son métier ?
Non bien sûr. Mais elle ne connaît pas la réforme que je veux faire. Aujourd’hui, il y a trop de suspicion entre les juges et le monde politique. Or, pour que le citoyen ait confiance dans sa justice, il faut les lever. La procédure que j’entends mettre en place, offrira encore plus de garanties au citoyen, à la victime comme à la personne mise en cause.

Comment ?
Le Parquet traitera toutes les affaires sous le contrôle d’un juge de l’enquête et des libertés ayant le même statut que le juge d’instruction aujourd’hui. Ce sera un magistrat du siège ayant une totale garantie d’indépendance. Dans la loi, il sera rappelé que le ministre de la Justice ne peut pas demander de classer une affaire. Supposons par exemple que le procureur classe une affaire. Le juge de l’enquête et des libertés pourra lui demander de rouvrir le dossier à la demande de l’une des parties. Ces garanties concerneront non seulement les 3% d’affaires traitées aujourd’hui par le juge d’instruction, mais également la totalité des affaires pénales. C’est une avancée importante. De même, le juge de l’enquête et des libertés pourra imposer au procureur d’effectuer telle ou telle investigation. Il veillera à l’impartialité et à l’équité.

Ce nouveau dispositif est-il compatible avec la Convention européenne des droits de l’homme ?
Oui. Car les décisions les plus attentatoires aux droits de la personne seront prises par un magistrat du siège, en l’occurrence le juge de l’enquête et des libertés.

Le Conseil de l’Europe prône lui l’indépendance du Parquet…
Non, ce n’est pas ce qui est dit dans son avis. Pour le Conseil de l’Europe, le Parquet ne peut pas décider d’une mise en détention. Cela n’a rien à voir avec l’existence d’un lien hiérarchique. Ce lien est indispensable pour assurer l’unité de l’action pénale sur tout le territoire national. Comment pourrais-je veiller à ce qu’on ait partout la même attention à la lutte contre le trafic de drogue, aux violences familiales, à la rapidité de la réponse judiciaire, si je ne pouvais en donner l’instruction par ma circulaire de politique pénale générale?

Vous ne mentionnez pas les instructions individuelles ?
Elles sont très encadrées. La loi le rappellera. Je ne peux ni demander le classement d’un dossier, ni m’opposer à la réalisation d’actes. Ensuite, mes instructions sont écrites et donc consultables dans le dossier par toutes les parties. Surtout, j’ai décidé de les motiver. Les parties voire les citoyens en sauront les raisons. Cela m’oblige aussi en l’écrivant à me demander si mon instruction se justifie vraiment. Cette obligation de motiver sera inscrite dans la loi. Elle est un élément de contrôle extrêmement important.

La critique d’Eva Joly portait beaucoup sur les affaires financières et sur l’expertise des juges d’instruction en charge de ces dossiers. La justice aura-t-elle les moyens de continuer à faire son travail sur ces dossiers d’une extrême complexité ?
Bien sûr. Entre la simplification d’un côté et les spécialisations autour de pôles (financiers, anti-terroristes, etc.), nous aurons au contraire davantage de possibilités d’actions. Mme Joly s’abstient d’ailleurs de parler de l’introduction d’un débat contradictoire dans la procédure. C’est pourtant extrêmement important!

Comment comptez-vous mieux garantir les droits de la défense dans la garde à vue ?
C’est une préoccupation que j’avais déjà au ministère de l’Intérieur. La garde à vue est un moyen d’enquête. Elle doit être strictement limitée à l’utilité de l’enquête. J’essaie donc de regarder comment la restreindre aux cas vraiment nécessaires, c’est-à-dire les crimes et délits susceptibles d’être punis d’une peine d’emprisonnement significative. Avec le groupe de travail sur la réforme de la procédure pénale, nous travaillons aussi sur une nouveauté : la garde à vue pourrait être exclue lorsque les gens se présentent spontanément dans un commissariat ou une gendarmerie. Ce serait une avancée. Par ailleurs, les personnes mises en garde-à-vue doivent bénéficier d’une protection de leurs droits. La présence de l’avocat dès la première heure de garde à vue doit être pérennisée. Elle figurera dans la future loi. Un apport supplémentaire est prévu dans le texte : dans la prolongation de la garde à vue, l’avocat aura communication de ce qui s’est passé durant son absence. Enfin, le président de la République l’a rappelé, l’aveu ne saurait être considéré à lui seul comme une preuve suffisante s’il a été obtenu sans la présence d’un avocat. Nous allons ainsi créer un véritable « habeas corpus » permettant de préserver les libertés et les droits des personnes.

Et le caractère humiliant de la garde de vue…
Lorsque j’étais ministre de l’Intérieur, j’avais dégagé de l’argent pour refaire la souricière au palais de justice de Paris. Dès mon arrivée à la Chancellerie, j’ai poursuivi cet effort de rénovation pour le dépôt. Au-delà de l’état des locaux, les gens interpellés la nuit et mis en garde-à-vue doivent pouvoir se doucher avant de se présenter devant un juge. Il faut éviter tout ce système d’humiliation ne servant rigoureusement à rien. Pour la fouille, une juste mesure est à trouver entre la crainte légitime du policier de voir sa responsabilité engagée si un suicide survient, et le souci de dignité des personnes. Sur l’ensemble des questions de la garde à vue, il y a bien sûr des dispositions spécifiques en matière de terrorisme et de grande criminalité.

Ne craignez-vous pas une explosion du budget dédié à l’aide juridictionnelle ?
L’aide juridictionnelle est indispensable à l’égal accès de tous à la justice. Aujourd’hui, avec une judiciarisation croissante de la société, nous avons besoin de la revoir complètement. Le rapport Darrois ouvre des pistes pour trouver des ressources supplémentaires. L’assurance protection juridique est l’une des pistes expertisées sur laquelle aucune décision n’est prise pour l’instant. Un rapport doit m’être remis à la fin de l’année. Je souhaite qu’avant le milieu 2010, nous ayons mis en place un système nous permettant de répondre dans la durée aux besoins. Il faut assurer la capacité de tout citoyen à agir en justice, même si ses moyens financiers sont limités, sans pour autant arriver à un système étouffant.

Que comptez-vous faire du rapport Coulon sur la dépénalisation de la vie des affaires demandé par le président de la république ?
Ce rapport comporte des propositions intéressantes qui peuvent s’intégrer dans ma réflexion pour transformer assez radicalement certaines procédures ou conditions de fonctionnement de la justice. En particulier, nous avons un vrai problème sur la question des “class actions”. Ce sujet n’est pas simplement national mais aussi européen. Juste avant le changement de la Commission européenne, nous avons failli nous voir imposer des “class actions” inspirées du modèle américain. Que l’on soit pour ou contre, nous nous serions trouvés complètement démunis. Pour ma part, compte-tenu des excès du modèle américain, je préfère que nous travaillions à proposer un système compatible avec notre culture, avec la vie de nos entreprises et susceptible d’être proposé comme système européen. En période de crise les entreprises sont fragilisées, ce n’est pas forcément le moment de recréer des inquiétudes. Mais tout le monde, y compris dans le patronat et les associations de consommateurs, a bien conscience qu’il est impossible de rester dans le statut quo. Il vaut mieux anticiper et proposer une “class action” compatible avec notre vision plutôt que de s’en laisser imposer une autre. Il va donc falloir faire avancer la réflexion en 2010.

Allez-vous également renforcer les modèles alternatifs de règlement des conflits ?
Pendant la crise, nous avons mis en place une coordination qui a montré son efficacité entre le médiateur du crédit, les commissaires aux comptes, les conciliateurs ad hoc, les présidents des tribunaux de commerce. Aujourd’hui, nous avons besoin -et j’ai proposé aux uns et aux autres que nous travaillions ensemble- de voir comment harmoniser leur travail. Où s’arrête la médiation, où commence le jugement? Mes collaborateurs y travaillent déjà. J’ai proposé des groupes de travail entre la fin 2009 et le début 2010 pour fixer un certain nombre de règles. Ma préoccupation est de soutenir nos entreprises.

Comptez-vous encourager le développement du droit dans les entreprises ?
J’essaie de les convaincre de s’ouvrir sur le droit. Mesurer le risque juridique devient un enjeu majeur pour les entreprises. Ces dernières ont donc besoin d’avoir dans ce domaine un soutien, un support, une structure. Elles doivent l’intégrer dans leur stratégie de développement. Je suis prête à les y aider. Je veux une politique de place pour renforcer la compétitivité juridique de Paris. Au-delà, je veux faire de ce ministère l’un des agents du rayonnement et de l’influence de la France. Pour cela, nous avons besoin des entreprises. Lorsque je parle des métiers du droit avec les avocats ou avec les notaires, mon idée est aussi de savoir comment développer leur activité à l’international et, à travers elle, la possibilité pour nos entreprises d’avoir à l’étranger un environnement juridique voire judiciaire qui les sécurise davantage car inspiré du nôtre.

Vous allez engager une réforme de la procédure devant les Conseils de prud’hommes. A quelles fins ?
Une modernisation est nécessaire, notamment, pour aider les conseils de prud’hommes à répondre avec une plus grande réactivité aux conflits entre un salarié et un employeur. Il faut favoriser la conciliation partout où c’est possible et simplifier les procédures. Un décret est en phase de préparation. Je ne le signerai pas sans concertation préalable avec l’ensemble des syndicats, patronaux et salariaux. Cette concertation débutera dans quelques semaines, pour recueillir leurs observations sur le projet de texte.

Annoncé par votre prédécesseur, la réforme du droit des contrats est-elle toujours d’actualité ?
Oui, nous avons déjà beaucoup avancé sur le sujet. Le projet de loi sera présenté dans le courant de l’année 2010. L’avant-projet a fait l’objet d’une large concertation et a recueilli un large consensus. Je veux en retravailler la forme pour qu’il soit compréhensible par tous.

La violence économique deviendra-t-elle un nouveau vice du consentement qui annulera le contrat ?
Oui. Cette notion est déjà présente dans notre droit civil et appliquée au droit des contrats. C’est la clause léonine, cause de nullité. Pour autant, ses conditions de mise en œuvre sont à la fois très limitatives et mal définies, ce qui est une source d’insécurité juridique. Le concept de « violence économique » permettra à la fois une plus grande clarté et d’élargir les hypothèses de dépendance économique où le plus faible a signé le contrat sous la pression.

Les contrats pourront-ils être plus facilement renégociés en raison de la survenance de circonstances imprévisibles ?
La théorie du changement imprévisible existe déjà en droit administratif. Elle sera effectivement élargie au droit des contrats. A mon avis, pour la lisibilité du droit, il est important d’avoir, en matière de délai, de référence, de principe, une certaine harmonisation pour que les gens s’y reconnaissent. Ils comprendront ainsi mieux que le droit permet d’organiser la vie sociale. C’est une contribution à l’unité nationale.

Propos recueillis par Sophie Gherardi, Frédéric Hastings et Pierre Kupferman

Publicité

(AFP) –

La garde des sceaux revient sur la réforme de la procédure pénale qui prévoit la suppression du juge d'instruction.

AFP/THIERRY ZOCCOLAN

La garde des sceaux revient sur la réforme de la procédure pénale qui prévoit la suppression du juge d’instruction.

PARIS — La garde des Sceaux Michèle Alliot-Marie déclare mardi dans une interview au Monde ne pas exclure un renforcement des compétences du futur juge de l’enquête et des libertés, amené à remplacer le juge d’instruction, en lui donnant la possibilité de renvoyer un mis en cause devant une juridiction.

“En cas de contestation, peut-on prévoir que le juge de l’enquête puisse lui aussi prendre la décision de renvoi devant une juridiction? C’est l’une des hypothèse de travail”, explique la ministre de la Justice.

“Peut-on envisager l’organisation d’une audience à l’issue de laquelle le juge de l’enquête et des libertés déciderait si l’affaire doit être renvoyée? Aucune porte n’est fermée”, ajoute Mme Alliot-Marie.

Le rapport Léger, qui sert de base à la réforme de la procédure pénale dont l’avant-projet de loi est attendu début 2010, laisse le soin au seul procureur de renvoyer ou non une personne devant un tribunal. Cette compétence est actuellement dévolue au juge d’instruction dont la rapport prévoit la suppression.

Son remplacement par un juge de l’enquête et des libertés “avec un champ de compétences et des pouvoir supérieurs” écarte tout “risque qu’un dossier sensible soit enterré”, assure encore le ministre. Un tel risque a été évoqué et dénoncé ces dernières semaines par de nombreux acteurs du monde judiciaire et politique.

Michèle Alliot-Marie, qui “s’élève contre l’idée que les procureurs seraient aux ordres”, affirme cependant qu'”il n’est pas question d’avoir un parquet en dehors de tout lien hiérarchique avec la chancellerie”. “Sinon, qui donnerait les instructions générales à mener sur tout le territoire”, interroge la ministre.

S’agissant du suivi des délinquants sexuels, la garde des Sceaux reconnaît un manque de moyens pour appliquer les dispositifs de prévention de la récidive qui se sont multipliés ces dernières années. “C’est vrai, nous manquons de psychiatres et de médecins pour travailler en prison ou pour assurer, à l’extérieur, le suivi médical des délinquants sexuels”, dit-elle.

Sur cet aspect qui “ne dépend pas” du ministère de la Justice, elle affirme travailler avec la ministre de la Santé Roselyne Bachelot sur la question des moyens et sur la coopération avec les médecins.

Enfin, elle ajoute “à titre personnel” n’être “pas favorable à la castration physique”. “Mais, je dis que l’opinion publique ne comprendrait pas que l’on refuse de discuter de ce sujet”, ajoute la ministre qui avait déjà estimé que la question “peut se poser et être débattue, y compris au Parlement”.

Copyright © 2009 AFP. Tous droits réservés.

Entretien

Michèle Alliot-Marie : “Pas de risque qu’un dossier sensible soit enterré”

LE MONDE | 03.11.09 | 14h10  •  Mis à jour le 03.11.09 | 17h13

près le renvoi de Jacques Chirac devant le tribunal correctionnel par une juge d’instruction contre l’avis du parquet, la ministre de la justice et des libertés, Michèle Alliot-Marie, répond aux critiques que suscite le projet de réforme de la procédure pénale. Elle explique que le juge de l’enquête et des libertés, qui contrôlera l’enquête des procureurs, pourrait renvoyer une personne mise en cause devant une juridiction.

La ministre expose également les grandes lignes de la nouvelle loi sur la récidive des délinquants sexuels, présentée, mardi 3 novembre, devant la commission des lois de l’Assemblée nationale, avant le débat en séance prévu les 17 et 18 novembre.

Les juges d’instruction ont récemment prouvé leur indépendance. Si vous les supprimez, n’y a-t-il pas un risque de partialité dans la conduite des enquêtes par un parquet dépendant de la chancellerie ?

On dit sur ce sujet des choses partielles, parfois partiales, dont beaucoup relèvent de l’ignorance ou de la mauvaise foi. Nous n’allons pas purement et simplement supprimer le juge d’instruction. Nous allons créer un juge de l’enquête et des libertés, juge du siège également, qui le remplacera avec un champ de compétences et des pouvoirs supérieurs. Il sera compétent pour l’ensemble des enquêtes. Il pourra ordonner à un procureur de continuer une enquête que celui-ci voulait classer, ou l’obliger à faire des actes d’investigation, à la demande de la défense ou d’une partie civile. Il n’y a donc pas de risque qu’un dossier sensible soit enterré, surtout s’il s’agit d’une affaire dont les médias se sont emparés.

Je m’élève contre l’idée que les procureurs seraient aux ordres, et feraient des actes contraires à leurs convictions. Il n’est pas bon pour une démocratie de dire que les juges ne font pas leur travail ou sont de parti pris. Ce sont des accusations infondées. Dans le cadre de la réforme de la procédure pénale, l’autonomie de l’enquête et l’indépendance des décisions du parquet seront garanties. Je veux qu’on élimine tout soupçon qui pourrait porter atteinte à l’image des magistrats.

L’une des questions clés sera de savoir qui renverra un mis en cause devant une juridiction. Jusqu’ici, il est prévu que ce soit le seul procureur…

Il est prévu effectivement que ce soit le procureur qui renvoie le prévenu devant le tribunal. En cas de contestation, peut-on prévoir que le juge de l’enquête puisse lui aussi prendre la décision de renvoi devant une juridiction ? C’est l’une des hypothèses de travail. Peut-on envisager l’organisation d’une audience à l’issue de laquelle le juge de l’enquête et des libertés déciderait si l’affaire doit être renvoyée ? Aucune porte n’est fermée.

Allez-vous revoir le statut des procureurs, et leur mode de nomination, pour l’instant dans les mains de l’exécutif ?

Il n’est pas question d’avoir un parquet en dehors de tout lien hiérarchique avec la chancellerie. Sinon, qui donnerait des instructions générales à mener sur tout le territoire ? Il y a une cohérence entre le mode de nomination des procureurs et le fait qu’ils peuvent recevoir des instructions générales et des instructions dans des dossiers particuliers. Ces dernières sont strictement encadrées. Elles ne vont pas disparaître. Elles sont publiques et, depuis mon arrivée, motivées.

Les instructions passent parfois par le téléphone…

Nous entrons à nouveau dans l’ère du soupçon ! Je veux que les magistrats échappent aux pressions de tous les pouvoirs, qu’ils soient politique, économique ou médiatique. Mon rôle est d’assurer aux procureurs qu’ils puissent mener les enquêtes en toute autonomie. La réforme de la procédure pénale le garantira.

L’affaire Clearstream, comme celle du renvoi de l’ancien président, Jacques Chirac, ne doivent-elles pas conduire à réviser les conditions de l’immunité pénale du chef de l’Etat ?

En tant que garde des sceaux, je ne peux en aucun cas me prononcer sur des affaires en cours. J’observe par ailleurs que la question du délai entre la commission des faits et les poursuites judiciaires a été évoquée lors du débat sur l’immunité pénale du chef de l’Etat. Le Parlement a tranché, et je suis là pour appliquer les textes.

Vous présentez, en novembre, un nouveau projet de loi contre la récidive. Ce texte a été présenté il y a un an en conseil des ministres. Quels éléments nouveaux y ajoutez-vous ?

Le projet de loi prévoit que quelqu’un qui a commis une agression sexuelle sera, à sa sortie de prison, automatiquement interdit de séjour dans les lieux où travaille ou habite sa victime. L’autre objectif est d’assurer le suivi médical des agresseurs sexuels, par des traitements inhibiteurs de la libido, en prison mais aussi après la sortie.

Aujourd’hui, les condamnés qui suivent un traitement médical en détention perdent le bénéfice de leur remise de peine s’ils ne respectent pas. Mais quid après ? Je propose que cette logique s’applique aux condamnés astreints à un suivi une fois libérés : ceux qui ne respectent pas leurs obligations médicales seront réincarcérés pour non-respect de leur obligation de soin.

Dans un entretien au “Figaro Magazine” du 24 octobre, vous avez ouvert le débat sur la castration physique, qui est pourtant considérée comme une mutilation par le Conseil de l’Europe. Maintenez-vous cette proposition ?

J’essaie de faire preuve de bon sens en la matière. Francis Evrard, récemment condamné par une cour d’assises, l’avait réclamée avant l’ouverture de son procès. Je constate que cette possibilité existe dans des pays comme la Suisse ou le Canada, qui sont des démocraties.

A titre personnel, je ne suis pas favorable à la castration physique, mais je dis que l’opinion publique ne comprendrait pas que l’on refuse de discuter de ce sujet. C’est en refusant les débats qu’on fait le lit des extrémismes.

Depuis 1998, des lois sur la récidive des délinquants sexuels se sont multipliées, sans que les moyens pour les appliquer n’aient réellement suivi. Comment y remédier ?

C’est vrai, nous manquons de psychiatres et de médecins pour travailler en prison ou pour assurer, à l’extérieur, le suivi médical des délinquants sexuels. Cela ne dépend pas que de ce ministère. Je travaille avec la ministre de la santé, Roselyne Bachelot, pour dégager les moyens nécessaires, mais aussi pour convaincre les médecins de participer à cette politique.

Vous publiez une circulaire de politique pénale adressée aux procureurs. Quelles en sont les grandes lignes ?

Je veux rendre la justice plus réactive, plus effective, plus protectrice des libertés. Contre le reproche de lenteur, je demande aux procureurs de développer le traitement en temps réel des affaires, les comparutions immédiates, les procédures de reconnaissance préalable de culpabilité, mais aussi les alternatives aux poursuites. Dans les cas où les affaires sont simples, il ne sert à rien d’allonger les délais. 32 000 condamnations ne sont pas exécutées. Ce n’est pas tolérable. Enfin, je demande aux procureurs de veiller aux libertés en étant vigilants sur les conditions de garde à vue et la mise à jour des fichiers judiciaires.

Propos recueillis par Cécile Prieur et Alain Salles
Article paru dans l’édition du 04.11.09

BORDEAUX. Hier, la garde des Sceaux a affirmé son engagement devant les auditeurs de l’École nationale de la magistrature

Michèle Alliot-Marie a effectué, hier, sa première visite à l'ENM de Bordeaux. (PHOTO THIERRY DAVID)

La ministre de la Justice n’a pas compté son temps pour sa première visite à l’École nationale de la magistrature (ENM), à Bordeaux. Hier après-midi, Michèle Alliot-Marie a consacré deux bonnes heures à rencontrer les personnels, à assister quelques minutes à un cours mais, surtout, à dire sa conception de la justice, et à dialoguer avec des auditeurs de la promotion 2009.

Dans un discours très ciselé, la garde des Sceaux a expliqué vouloir mener jusqu’à leur terme les réformes entreprises du système judiciaire. Mais elle n’entend pas y parvenir sans prendre en considération les préoccupations des citoyens. « Il faut que le droit soit clair, a insisté Michèle Alliot-Marie. Si nul n’est censé ignorer la loi, je me dis aujourd’hui que nul n’est censé la connaître. Nous devons faire en sorte que la justice n’apparaisse pas en total décalage avec notre société et, plus que jamais, nous avons besoin qu’elle se recentre au coeur de nos institutions. »

Aux côtés de Jean-François Thony, directeur de l’ENM, la ministre s’est adressée aux futurs magistrats en leur disant que les réformes ne se feraient pas contre eux mais avec eux. « La réforme de la procédure pénale doit permettre au citoyen de comprendre comment cela se passe. Il faut aussi une simplification de la procédure civile qui est encore trop obscure. Aujourd’hui, la justice fait peur parce qu’on ne la comprend pas. »

Forte de son expérience à la Défense et à l’Intérieur, la garde des Sceaux a déclaré qu’il « y avait beaucoup de travail », notamment dans « la modernisation de l’institution et, pour cela, il ne faut pas être en décalage avec les nouvelles technologies ». Michèle Alliot-Marie a annoncé qu’elle allait s’entourer d’universitaires et d’experts « pour faire un saut qualitatif ».

Mais la ministre a également invité les futurs magistrats à « avoir une meilleure réactivité, car il est inconcevable de laisser durer des procédures pendant des années et des années ».


INFO JUDICIAIRE SELECTIONNEE POUR VOUS PAR INTIME CONVICTION

http://photo.lejdd.fr/media/images/politique/michele-alliot-marie-elysee/862944-1-fre-FR/Michele-Alliot-Marie-Elysee_pics_180.jpgLa ministre de la Justice explique au JDD son plan pour améliorer les conditions de détention dans les prisons françaises. Nicolas Sarkozy les a qualifiées de “honte pour notre République“.

Vous venez d’annoncer vingt mesures pour prévenir les suicides en prison. Vos prédécesseurs Place Vendôme n’avaient rien fait?
Si, bien sûr. Toutefois, on constate un nombre important de suicides depuis le début de l’année, c’est une réalité qu’on ne peut pas nier. Je veux de la transparence dans l’information et du pragmatisme dans l’action. Quel est le but de l’emprisonnement? C’est de protéger la société, de sanctionner, mais aussi de favoriser la réinsertion de la personne détenue pour éliminer la récidive. Le suicide, c’est un échec. Détectons donc le plus tôt possible les détenus qui ont des tendances suicidaires, identifions les causes de suicide et évitons tout ce qui rend le passage à l’acte possible; 20% des détenus sont des cas psychiatriques lourds, 50 % ont des problèmes psychologiques souvent liés à la consommation de stupéfiants. Il faut faire un effort sur la formation spécifique des personnels, notamment dans les quartiers de détention à risques suicidaires: quartiers des arrivants, quartiers disciplinaires ou d’isolement, et établissements pour mineurs. Il y a d’autres mesures très concrètes à prendre. Une étude a été faite à la demande de Rachida Dati. J’ai décidé de la rendre publique et de mettre en œuvre les vingt recommandations qui y figurent.

Mais son auteur, le Dr Albrand, assure que son rapport a été édulcoré, et il se dit déçu.
L’intéressé en revendiquait la paternité il y a moins d’une semaine et demandait sa mise en œuvre. Ses recommandations vont être suivies, j’ai du mal à comprendre la logique, mais passons. J’ai nommé le Pr Terra qui suivra la mise en œuvre des mesures préconisées pour éviter tout ce qui facilite le passage à l’acte. Il faut savoir que 90% des suicides sont commis par pendaison, souvent avec les couvertures ou les vêtements. Pour les détenus en crise suicidaire, nous allons donc distribuer des couvertures indéchirables, des pyjamas et des serviettes à usage unique. Dans les nouvelles constructions, nous veillerons à ce que rien en cellule ne permette de se pendre. J’ai aussi demandé une inspection de toutes les cellules existantes pour déterminer et supprimer les éléments facilitant le suicide, en commençant par les établissements pour mineurs.

Trop de surveillants sont affectés à des tâches administratives

L’Observatoire international des prisons (OIP) critique vos mesures et dit qu’il faut humaniser la prison, y mettre plus d’éducateurs et de soignants.
Je mets en œuvre des mesures préconisées avant mon arrivée, et j’irai au-delà. Il y a des problèmes matériels à régler en urgence. Après, se pose évidemment la question de la réinsertion, qui se prépare pendant l’incarcération. Pour éviter la récidive, il faut donner des perspectives d’avenir, d’où l’importance de la formation. Cette formation scolaire, professionnelle, comportementale aussi, peut seule donner les meilleures chances de réinsertion, particulièrement aux jeunes. Plus généralement, il faut multiplier les activités des détenus, les heures de travail, et diversifier les domaines. J’ai demandé une étude pour que des activités en rapport avec la protection de l’environnement – entretien des rivières et des sous-bois, par exemple – et avec le développement durable soient ouvertes aux fins-de-peines.

Les gardiens se plaignent d’être trop peu nombreux pour remplir toutes ces missions.
J’ai déjà visité plusieurs établissements pénitentiaires, beaucoup discuté avec les surveillants. Je crois qu’il y a lieu de recentrer ces personnels sur leur cœur de métier. Trop de surveillants sont affectés à des tâches administratives, notamment. Dégageons des emplois administratifs, ça libérera des postes de surveillants qui sont formés pour être au contact des personnes incarcérées. C’est une condition essentielle pour améliorer les conditions de vie en prison. Ce n’est pas la seule. La peine doit être exécutée, mais il ne faut pas attenter à la dignité humaine.

Mais comment allez-vous réussir à améliorer les conditions de détention avec les problèmes de surpopulation, la promiscuité, les violences, le caïdat?
La surpopulation carcérale est une réalité. Je ne le nie pas. Je viens de visiter la maison d’arrêt d’Orléans où le taux d’occupation est de 200%. En 2012, 63 000 places seront disponibles grâce au plan de rénovation et de construction de prisons lancé en 2002. Il faut aller plus loin. Le président de la République s’est engagé à ce que les moyens nécessaires soient dégagés. Cinq mille places nouvelles seront créées avec les emplois correspondants et environ 11 000 autres seront destinées, elles, au remplacement des plus vétustes. Il faut aussi une réponse qualitative. Il y a des populations très diverses en prison, or ce sont souvent les mêmes établissements qui accueillent en même temps cas psychiatriques lourds et délinquance astucieuse, par exemple. Je pense qu’on doit diversifier. De même, il faut permettre aux détenus de conserver un lien familial, de travail, et d’avoir des exercices physiques ou des activités culturelles: laisser quelqu’un vingt-deux heures par jour dans sa cellule, ce n’est pas possible.

L’OIP et le PS accusent l’administration pénitentiaire de minorer le nombre de suicides, en comptabilisant uniquement les pendaisons mais pas les suicides médicamenteux. Que répondez-vous?
Le nombre de suicides en prison ne doit être ni tabou ni source de polémique stérile. Tout décès intervenant en détention fait l’objet d’une autopsie sous le contrôle du procureur. C’est elle qui détermine les causes et les circonstances du décès, et non pas l’administration pénitentiaire. Dorénavant, le nombre de suicides en prison sera rendu public deux fois par an.

Michel Deléan – Le Journal du Dimanche

Samedi 22 Août 2009

L’administration pénitentiaire «camoufle»-t-elle des suicides?

NOUVELOBS.COM

Un homme de 21 ans a été condamné par le tribunal correctionnel de Toulouse pour avoir proféré à l’ancienne ministre de la Justice menaces et insultes par l’intermédiaire d’un texto.

Rachida Dati (AFP)

Rachida Dati (AFP)

Le tribunal correctionnel de Toulouse a condamné un toulousain de 21 ans à trois mois de prison ferme pour avoir envoyé un SMS de menace à Rachida Dati, alors Garde des Sceaux, révèle la Dépèche du Midi sur son site internet jeudi 30 juillet.
Une femme âgée de 30 ans ainsi qu’un jeune homme de 22 ans ont écopé respectivement de 1.000 euros et 800 euros d’amende pour leur participation, dans la nuit du 30 au 31 juillet à l’envoie du texto sur lequel ils s’engageaient à “tout faire sauter sur Toulouse“.
Le message, conclu par une insulte adressée à la ministre de la Justice, a engendré une réaction policière pour le moins singulière, avec le concours de l’antiterrorisme et la police judiciaire.
Les auteurs du message ont été rapidement identifiés. Selon la Dépêche du midi, c’est la jeune femme, seule présente à l’audience, qui a relevé le numéro de Rachida Dati dans la base de donnée des numéros “secrets” de son employeur, l’opérateur téléphonique SFR.
L’auteur du SMS a purgé sa peine de trois mois ferme en détention préventive. (Nouvelobs.com)
NOUVELOBS.COM |

L’USM avait porté plainte en juin pour “injure contre un corps constitué” contre l’ancienne ministre de la Justice, qui aurait dit lors d’un débat que les magistrats étaient “très sournois”.

Rachida Dati (Sipa)

Rachida Dati (Sipa)

La plainte déposée par l’Union syndicale des magistrats à l’encontre de Rachida Dati a été classée sans suite par le parquet de Paris, a-t-on appris mercredi 29 juillet.
L’USM avait porté plainte pour “injure contre un corps constitué” le 9 juin dernier contre l’ancienne ministre de la Justice, qui aurait qualifié les magistrats de “très sournois” dans un article du magazine Entreprendre paru en mars 2009.
Le conseil national du syndicat “n’a pas pris de décision sur les suites à donner” à ce classement sans suite, a déclaré mercredi à l’Associated Press la secrétaire nationale, Virginie Duval. En effet, compte tenu du statut de ministre de Rachida Dati à l’époque de cet entretien, l’USM pourrait déposer plainte auprès de la commission des requêtes de la Cour de justice de la République (CJR). Le parquet aurait pu transmettre la plainte au parquet général de la Cour de cassation afin que ce dernier saisisse la commission des requêtes.
La CJR est compétente pour juger les ministres ayant commis des crimes ou des délits durant l’exercice de leurs fonctions.

Dati a nié

Invitée à un déjeuner-débat organisé par le magazine, Rachida Dati, réagissant à une intervention de l’ancien ministre socialiste Roland Dumas qui expliquait qu’avocats et magistrats avaient été très réactifs lors de la réforme de la carte judiciaire, avait ajouté: “Et très sournois…”.
Si la ministre a toujours nié avoir tenu de tels propos, le journaliste Michel Clerc qui les a recueillis a maintenu les avoir entendus, comme un certain nombre de participants. Trois autres intervenants, Roland Dumas, l’avocat Jacques Vergès et le directeur du magazine, Robert Lafont, ont assuré que Rachida Dati n’avaient jamais qualifié les magistrats de “sournois”. Robert Lafont avait pourtant affirmé le contraire à certains médias.

Sur Internet
NOUVELOBS.COM |

“82.000 peines d’emprisonnement ferme restent en attente d’exécution. Ce n’est pas acceptable”, a déclaré la Garde des Sceaux. Elle appelle les tribunaux à “veiller” à la bonne exécution des peines prononcées.

Michèle Alliot-Marie (Sipa)

Michèle Alliot-Marie (Sipa)

La ministre de la Justice Michèle Alliot-Marie a demandé, lundi 20 juillet, aux responsables de tribunaux de “veiller personnellement” à la bonne exécution des peines prononcées, estimant qu’il n’est “pas acceptable” que tant d’entre elles restent en attente d’exécution.
Un rapport de l’Inspection générale des services judiciaires “a mis en lumière le fait que 82.000 peines d’emprisonnement ferme restent en attente d’exécution. Cette situation n’est pas acceptable”, a déclaré la ministre devant les chefs de cour réunis à la Chancellerie.

“La crédibilité et de l’efficacité de notre justice”

Ce rapport sera rendu public “dans les prochains jours”, a annoncé Michèle Alliot-Marie. “Très prochainement, je vous adresserai une circulaire recensant les bonnes pratiques qui peuvent être mises en œuvre sans délai (…) Je vous demande d’y veiller personnellement”, a-t-elle ajouté à l’adresse des responsables de tribunaux, estimant que “l’exécution des peines dans un délai raisonnable est l’une des conditions de la crédibilité et de l’efficacité de notre justice”.
La garde des Sceaux a prévu de faire un point sur ce sujet lors d’une réunion “à l’automne avec les présidents des chambres de l’application des peines”.

Suppression du juge d’instruction

Par ailleurs, la ministre de la Justice a affirmé que le rapport du comité Léger, chargé de faire des recommandations pour réformer le Code pénal, “sera remis au président de la République le 3 septembre“.
Ce rapport constitue l’un des chantiers principaux lancés par l’ancienne ministre Rachida Dati, et dont Michèle Alliot-Marie entend faire une de ses “priorités”. On sait déjà que le rapport Léger préconise la suppression du juge d’instruction et l’introduction du plaider coupable en cour d’assises.
La réforme pénale aura pour objectif “une simplification des cadres procéduraux, mais aussi du renforcement du contradictoire et des droits de la défense, et l’adoption du nouveau code de justice pénale des mineurs. Garde à vue et détention provisoire devront être mieux encadrées, par des critères clarifiés en matière de privation de liberté et de délais. Il faut évoluer vers le modèle de l’Habeas Corpus, mais aussi vers une meilleure garantie des droits de la défense”, a insisté la ministre.

(nouvelobs.com avec AFP)

Sur Internet
Dans les débats

Alliot-Marie promet des crédit aux juridictions paralysées

La ministre de la Justice, Michèle Alliot-Marie, promet aux magistrats français les crédits nécessaires pour débloquer le fonctionnement des juridictions, en partie paralysées faute d’argent.

“Sachez qu’en 2009, vous disposerez en temps et en heure des moyens nécessaires pour que les juridictions ne soient pas confrontées à des problèmes de trésorerie en ce qui concerne leur fonctionnement et les frais de justice”, a dit la ministre dans un discours aux présidents de cours d’appel et procureurs généraux réunis à Paris.

La situation devient critique dans plusieurs cours d’appel importantes, selon les syndicats de magistrats. Des sessions de cours d’assises de la rentrée prochaine ont été reportées de plusieurs mois à Caen, dit l’Union syndicale des magistrats.

Les expertises ne peuvent plus être ordonnées dans certaines enquêtes criminelles, ce qui les paralyse, puisqu’elles sont souvent obligatoires. Les procédures civiles sont affectées.

Le 15 juin dernier, la présidente de la Conférence des premiers présidents de cours d’appel, Catherine Husson-Trochain, a adressé un courrier en forme d’appel au secours au ministère.

“A défaut d’un abondement très significatif dans les plus brefs délais, il est à craindre que très rapidement (…) des cours d’appel vont se trouver en état de cessation de paiement”, écrit-elle dans ce courrier dont Reuters a eu copie.

L’affaire met en lumière les difficultés financières du système judiciaire français. Le budget de la justice en 2009 est de 6,6 milliards d’euros (2,5% du total de l’Etat), pour 1.100 juridictions, 194 prisons et d’autres services.

Le Conseil de l’Europe classe la France au 35e rang sur 43 pour son effort en faveur de la justice en pourcentage de la richesse nationale.

Thierry Lévêque, édité par Yves Clarisse

Installée place Vendôme depuis moins d’un mois, Michèle Alliot-Marie commence à étudier ses nouveaux dossiers. Celui de la prison est l’un des principaux qu’elle aura à gérer. Devant le gratin de la justice française – les présidents des cours d’appel, les procureurs généraux, les directeurs d’administrations centrales, le président et le procureur général de la Cour de cassation -, réunis à son ministère, la garde des Sceaux a commencé par parler des peines en attente d’exécution. Un rapport de l’Inspection générale des services judiciaires “a mis en lumière le fait que 82 000 peines d’emprisonnement ferme restent en attente d’exécution. Cette situation n’est pas acceptable“, a dit la ministre aux chefs de cour. L’ancienne ministre de l’Intérieur a ajouté que ce rapport confidentiel, remis en avril, sera rendu public prochainement. L’enjeu est important, car, a-t-elle expliqué, l’exécution des peines dans un délai raisonnable est l’une des conditions de la crédibilité et de l’efficacité de notre justice“.
Afin de réduire l’attente, MAM a annoncé qu’elle détaillerait dans une circulaire “les bonnes pratiques qui peuvent être mises en oeuvre sans délai“. Mais cette précision n’est pas du goût de l’Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire), qui a fait part de ses réserves sur cette option. “Soit on applique la loi, soit on ne l’applique pas. Les bonnes pratiques, ça ne peut pas exister“, a dit à Reuters Virginie Duval, secrétaire nationale du syndicat. Le problème est d’abord dû, a-t-elle expliqué, à l’engorgement des services spécialisés, débordés par le nombre de dossier. Même si la tendance est ancienne, le phénomène s’est notamment accéléré avec les “peines-plancher”, instaurées par Rachida Dati pour les délinquants récidivistes, qui ont provoqué un afflux de personnes. Elles sont 89 054 à être entrées en prison en 2008, contre 67 308 en 2001. Une vague d’incarcération massive n’est pas à l’ordre du jour: la prison souffre déjà d’une forte surpopulation, avec 63 189 détenus pour 51 000 places environ au 1er juillet.

Michèle Alliot-Marie voudrait réduire le nombre de peines en attente d'exécution - 82 000 - en France. (Reuters)Michèle Alliot-Marie voudrait réduire le nombre de peines en attente d’exécution – 82 000 – en France. (Reuters)

Des cours d’appel sans le sous

Michèle Alliot-Marie a également promis aux magistrats les crédits nécessaires pour débloquer le fonctionnement des juridictions, en partie paralysées faute d’argent: “Sachez qu’en 2009, vous disposerez en temps et en heure des moyens nécessaires pour que les juridictions ne soient pas confrontées à des problèmes de trésorerie en ce qui concerne leur fonctionnement et les frais de justice“, a déclaré la ministre de la Justice. Dans plusieurs cours d’appel importantes, notamment à Versailles, la situation est critique. Les expertises ne peuvent plus être ordonnées dans certaines enquêtes criminelles, ce qui les paralyse, puisqu’elles sont souvent obligatoires. Les procédures civiles en sont affectées et donc rallongées. Le budget de la justice en 2009 est de 6,6 milliards d’euros (2,5% du total de l’Etat), pour 1 100 juridictions, 194 prisons et d’autres services. Une enveloppe bien moins pleine que dans de nombreux pays européens: le Conseil de l’Europe classe la France au 35e rang sur 43 pour son effort en faveur de la justice en pourcentage de la richesse nationale.

Par M.P.
leJDD.fr