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HISTOIRE

samedi 17.04.2010, 05:04 – La Voix du Nord

 L L”acteur Philippe Torreton a été choisi pour camper le rôle d”Alain Marécaux, cet huissier de justice broyé par l”affaire d”Outreau.

|  CINÉMA |

S”il a démarré discrètement dans les Weppes (à Salomé, entre Lille et Béthune) il y a deux petites semaines, c”est mardi prochain (ainsi que vraisemblablement le 6 mai) à Cambrai, presque aussi secrètement, que le tournage de « Présumé coupable » se poursuivra. …

Présumé coupable, c”est ce film inspiré du livre Chronique de mon erreur judiciaire, d”Alain Marécaux, l”huissier de justice accusé puis acquitté dans la tristement célèbre affaire d”Outreau, qu”est en train de mettre en bobines Vincent Garenq ( Comme les autres, avec Lambert Wilson et Pascal Elbé, narrant l”adoption d”un enfant par un couple homosexuel).

C”est l”acteur Philippe Torreton qui a été choisi pour camper sur grand écran les traits de cet homme dont la vie se sera arrêtée un matin à 6 h 30 et qui aura ensuite vécu un véritable calvaire. C”est le récit d”une vie broyée qu”il livre dans ce bouquin intense en émotion… Comme le soulignait dans nos colonnes (La Voix du Nord du 4 février 2010) notre confrère et grand reporter Éric Dussart, qui a couvert l”affaire d”Outreau, « les autres acquittés de cette affaire n”ont pas sauté de joie à la nouvelle de l”adaptation au cinéma de ce livre. S”ils sont tous d”accord depuis des mois pour dénoncer In a sponsored program, a truck defensive driving austin company will partially or completely. le manque de réforme, certains craignent que le film rouvre des blessures qui ont beaucoup de mal à se refermer ». Alain Marécaux, lui, à défaut comme ses compagnons d”infortune de s”en servir pour exorciser le souvenir de cette galère et de panser des plaies qu”il sera de toute façon difficile de cicatriser un jour, y voit notamment le moyen de « réveiller les consciences ». Et de témoigner aussi de son envie que le film aide à faire enfin bouger les choses. Car « au moment de l”acquittement, c”était l”euphorie ! On allait réformer, mettre la justice en bon ordre. Il y a eu une réformette sous Pascal Clément puis plus rien. Il faut donc dire à nouveau à tout le monde que tout cela peut arriver ! » Mais revenons-en au tournage programmé mardi à Cambrai. Pas de photos et pas d”interviews avec les acteurs ni avec les techniciens : le message est clair. On peut certes parler du film, mais la production ne communiquera pas davantage. « On souhaite ménager l”effet de surprise sur tout ce qui entoure le tournage, explique une porte-parole. Et on espère aussi que les gens qui verront que l”on tourne ce mardi à Cambrai le comprendront, en n”essayant pas de voler des clichés ou autres ! » Lors de ces journées de tournage cambrésien, il sera question, autour de l”hôtel de ville, de recréer au plus juste la couverture médiatique qui était présente lors des arrivées et départs d”Alain Marecaux et du juge Burgaud des tribunaux de Boulogne-sur-Mer et Saint-Omer. Pourquoi donc alors avoir choisi Cambrai ? Pour des raisons esthétiques et pratiques.

Rappelons que le Cambrésis avait déjà servi, il y a trois ans, de décor de tournage au film de Xavier Giannoli, À l”origine, lui aussi inspiré d”une histoire vraie et contant le drôle de destin d”un escroc des BTP, découvrant par hasard un chantier d”autoroute abandonné, arrêté depuis des années par des écologistes qui voulaient sauver une colonie de scarabées… • H. Fé.

La borgne du pied.

Hier après-midi, l’excellente chaîne de télévision pour intellos polyglottes Arte diffusait la vérité d’HG Clouzot, sorti il y a un demi-siècle tout juste. Et c’était vraiment une bonne idée (bravo Arte!) parce que ce film est positivement un chef-d’oeuvre … à redécouvrir d’urgence donc.

La vérité raconte le procès de la très jolie Dominique Marceau (Brigitte Bardot), accusée du meurtre de son amant, l’extrêmement séduisant Gilbert, jeune et talentueux chef d’orchestre (Sami Frey, merveilleusement ténébreux). Gilbert est par ailleurs le fiancé d’Annie, la très respectable soeur de Dominique, montée à Paris pour poursuivre des études de violon. Annie, à la beauté laborieuse et au sens strict des responsabilités, ne fait guère le poids face à l’éclat lumineux et sans effort de Dominique, et le triangle amoureux qui s’en suit s’achève en évidente tragédie.

Dès l’ouverture du film, alors que Dominique, les cheveux tirés en arrière en chignon serré, rejoint le box des accusés de la cour d’assises et que les bourgeois s’y pressent comme au spectacle, on sent qu’elle est déjà condamnée. Trop belle, trop légère, Dominique fait de la rébellion sans le savoir, simplement en étant elle-même. Par excès d’insouciance et de légèreté, elle brise l’une après l’autre les règles que la société tente de lui imposer, le travail, la vertu, la persévérance. Et c’est ça qui lui sera fatal, plus que d’avoir abattu l’homme qu’elle aimait.

Je ne sais pas comment décrire à quel point j’adore ce film. Le génie de Clouzot réside dans le fait d’avoir réussi à capturer, au travers de sa galerie de personnages, de la logeuse revêche et menteuse au président de la cour, la mise en place des mécanismes destinés à broyer la malheureuse. Bardot, qui d’habitude me donne envie de lui faire du mal avec des cigarettes, est époustouflante de naturel et de sensualité inconsciente, et d’une profondeur hallucinante dans l’expression de l’amour qu’elle nourrit pour Gilbert jusqu’au crime et au suicide.

S’il est évident que la transgression de Dominique prend tout son sens dans la société conservatrice des sixties, je pense qu’elle reste d’actualité dans la nôtre. Je ne parle évidemment pas des provocateurs en peau de lapin ou à épingles à nourrice, mais de ceux qui, comme elle, ne choisissent pas d’être différents mais sont autres…et pour ceux-là, la vie n’est jamais simple.

et pour finir, un extrait:

Publié par Mademoiselle Lalou à l’adresse 13:21

LONDRES | La justice britannique a débouté mercredi George Lucas, le créateur de la saga de science-fiction “La Guerre des étoiles” (“Star Wars”), qui voulait interdire au styliste ayant dessiné l’uniforme et le casque des Stormtroopers, les gardes de l’Empire galactique, d’en vendre des copies à son unique profit.

Des Stormtroopers, personnages de la Guerre des Etoiles photographiés à Londres le 13 juillet 2009

© AFP | Des Stormtroopers, personnages de la Guerre des Etoiles photographiés à Londres le 13 juillet 2009

AFP | 16.12.2009 | 16:24

La Cour d’appel de Londres a rejeté le pourvoi de George Lucas contre le styliste britannique Andrew Ainsworth, qui fabrique les copies dans son studio de Twickenham, dans le sud-ouest de Londres.

Lucasfilm, société de George Lucas, avait déjà perdu l’an dernier en premier ressort, la Haute Cour ayant alors estimé que les uniformes n’étaient pas couverts par la loi sur les droits d’auteur car ils n’étaient pas des oeuvres d’art. La juridiction avait par ailleurs statué qu’un jugement prononcé aux Etats-Unis contre M. Ainsworth ne pouvait pas être appliqué sur le territoire britannique.

Ce jugement imposait 10 millions de livres (11,2 millions d’euros) de dommages-intérêts à M. Ainsworth, qui avait dessiné les tenues des Stormtroopers pour le premier film de la saga, en 1977.

La Cour d’appel a confirmé la décision de la Haute Cour.

Andrew Ainsworth, qui vend les uniformes par l’intermédiaire de son site internet, estime posséder les droits sur les moules en tant que créateur.

avantledeluge2.jpgAujourd’hui, je m’éloigne un peu de l’actualité cinématographique pour évoquer un film que j’ai découvert sur Ciné Classic cette semaine et que je vous recommande : « Avant le déluge », un drame d’André Cayatte de 1954 dans lequel quatre adolescents issus de la bourgeoisie se retrouvent en cour d’assises pour avoir tué un de leurs amis. En attendant le verdict, un flashback revient sur le déroulement des évènements, notamment à travers le regard de leurs parents. Nous sommes en 1950. La guerre de Corée fait rage et la tension internationale est à son comble.  Certains parlent de troisième guerre mondiale. A Lagny, dans la banlieue parisienne, cinq adolescents ont formé une bande unie. Autour de Liliane Noblet (Marina Vlady), fille d’un enseignant idéaliste (Bernard Blier), gravitent Philippe Boussard (Clément Thierry), dont le père, un spéculateur, a exporté frauduleusement ses capitaux, Jean (Jean Chabassol), fils d’un fonctionnaire mort en Indochine, Daniel Epstein (Rogier Coggio), dont la famille a disparu dans un camp de concentration et qui reçoit une confortable pension d’un oncle d’Amérique, et Richard Dutoit (Jacques Fayet), fils d’un musicien antisémite emprisonné à la Libération. Tous rêvent de partir sous les tropiques pour échapper à la guerre…

André Cayatte était avocat, il plaidait contre la peine de mort depuis 1922, depuis que son cousin, nouvel aumônier de prison à Carcassonne, devait assister à la mort d’un condamné. Le jeune prêtre qui avait en vain supplié qu’on le déchargeât de cette mission s’effondra quand la tête tomba. Il en mourut, n’ayant pas supporté cet odieux spectacle. L’ensemble de l’œuvre de Cayatte sera ensuite un long plaidoyer pour une justice plus humaine… et « Avant le déluge » ne déroge pas à la règle.

avantledeluge3.jpgParmi ses films les plus connus figurent « Nous sommes tous des assassins », « Le Miroir à deux faces »,  « Les Risques du métier », « Mourir d’aimer », « Verdict »… pour citer ceux que je vous recommande.  Parmi ses récompenses, un Ours d’or à Berlin en 1951, et un Lion d’or à Venise pour « Passage du Rhin », en 1960.

“Si les gens de cinéma voient dans Cayatte un avocat, les gens de robe le prennent pour un cinéaste” selon François Truffaut. « Avant le déluge » pourrait peut-être réconcilier « gens de cinéma » et « gens de robe », ce film étant certes un plaidoyer et écrit comme tel mais aussi le film d’un vrai cinéaste.

L’intérêt est d’abord historique, voire sociologique, nous replongeant dans cette tension, cette panique, cette sensation de fin du monde irrévocable, qui régnait  alors, desquelles découle le premier argument de la défense : ils ne savaient plus ce qu’ils faisaient dans cette atmosphère apocalyptique. Le déluge, c’est la menace de la guerre nucléaire qui perturbe les esprits mais c’est aussi tout ce qui précède le verdict après lequel plus rien ne sera pareil. Le deuxième argument de la défense : c’est de nous montrer des enfants (on insiste longuement sur leur jeune âge), davantage victimes de l’oppression ou de l’aveuglement parental que criminels. La mère de l’un l’emprisonne dans une existence morne plus qu’elle ne l’élève, lui reprochant de surcroît sa naissance (mais c’est elle qui finira en s’éloignant de la prison vue à travers les grilles du palais de justice, nous signifiant ainsi une autre prison, abstraite, dans laquelle elle s’est elle-même enfermée). Le père d’un autre ne cesse de marteler ses idées antisémites qui vont finir par influencer son fils. Le père d’un troisième, obsédé par ses affaires plus ou moins frauduleuses, ne s’aperçoit pas que sa femme le trompe avec son ami, elle-même aveuglée par son âge et son physique et par son amour pour cet être égoïste et méprisable etc.

Si Cayatte, revêtant ici la robe d’avocat, laisse entendre que les enfants sont coupables sans être totalement responsables, il ne les épargne pourtant pas tous. Si Liliane est aveuglée par son amour pour Richard pour lequel elle serait prête à tout, c’est l’antisémitisme, la peur et la lâcheté qui conduisent deux d’entre eux au meurtre dans une scène d’ailleurs très réussie où,  l’un est vêtu d’une veste de cuir qui rappelle celles de la gestapo, et qui  empruntent ainsi aux nazis leurs abjectes méthodes, Cayatte démontrant ainsi de manière terrifiante et convaincante comment l’innocence peut basculer dans la barbarie sous d’ignobles prétextes.

Si, à l’époque, dans « Les Cahiers du cinéma, André Bazin déplora  le manichéisme de ce film, la critique lui reprocha une noirceur excessive peu représentative de la société.

Si le jeu de certains est certes un peu théâtral (d’autres en revanche sont remarquables comme Bernard Blier d’une justesse impressionnante), si certains personnages n’échappent en effet pas au manichéisme Cayatte conduit pourtant son film comme une démonstration implacable, lucide et cruelle, servie par d’excellents acteurs et dialogues (signés par lui-même et Charles Spaak) qui procurent à ce film un caractère tristement intemporel (on retrouve d’ailleurs des similitudes avec « L’Appât » de Bertrand Tavernier, les deux films étant d’ailleurs inspirés de faits divers).

François Truffaut écrivit ainsi à propos d’André Cayatte : “C’est une chance que Cayatte ne s’attaque pas à la littérature ; il serait capable à l’écran d’acquitter Julien Sorel ; Emma Bovary en serait quitte pour la préventive et le petit Twist irait se faire rééduquer à Savigny”.

« Avant le déluge » a reçu le Prix international et la Mention spéciale au Festival de Cannes et plus de 2, 5 millions d’entrées.

Ecrit par Sandra.M dans GROS PLAN SUR DES CLASSIQUES DU SEPTIEME ART |

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Après La Soif du Mal, Orson Welles rompt les ponts avec l’industrie américaine du cinéma. Il commence à travailler à une adaptation du Don Quichotte de Cervantes mais là encore la production est houleuse. Finalement, Welles trouve dans le roman de Franz Kafka Le Procès le support idéal pour l’expression de ses obsessions, d’autant qu’elles ont consolidées par ses difficultés perpétuelles.
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Les frères Salking laissent carte blanche à Welles pour réaliser son film mais le cinéaste était quand même obligé de composer avec un budget plus serré que ce à quoi il aspirait. Welles doit renoncer aux ambitieux décors qu’ils projetait de faire construire dans un studio de Zagreb et devra se contenter de tourner en grande partie son film dans la gare d’Orsay à Paris.

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Le Procès d’Orson Welles est plutôt fidèle au roman de Kafka, jusque dans de nombreux détails, mais demeure une réinterprétation du livre. Le film est introduit par un prologue, le récit symbolique d’un homme qui veut franchir les portes de la Loi gardées par un garde qui lui empêche l’accès. La séquence est animée, qui rappelle les gravures imprimées dans certains livres, et est la transposition d’un chapitre qui intervient tard dans le roman. Elle est surtout le cadre et la structure d’un récit nébuleux et baroque qui nous projettera pleinement dans le cauchemard de Welles. L’histoire débute vraiment avec le réveil de Joseph K. Un homme est dans sa chambre qui commence à l’assailir de questions, plus ou moins anecdotiques d’ailleurs. Un deuxième individu, puis un troisième, entrent à leur tour. La notion de persécution s’impose immédiatement. La scène est filmée pour grande-partie en plan-séquence, non pas que Welles soit absolument obsédé par cette idée, mais parce qu’elle s’intègre à une mise en scène générale qui peut à peu révèlera tous son sens.

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Joseph K. est accusé et l’on vient le chercher pour son procès. Comme dans le roman, on ne saura jamais rien du motif qui vaudra au héros sa perte, et l’on aura aucun véritable indice concernant l’accusation. De la même manière que le livre par Kafka, l’adaptation par Welles contient une évidente résonnance politique, qui dénonce l’oppréssion étatique et bureaucratique, les deux étant liés. Mais on peut s’interroger aussi sur le sens de ce récit du point de vue de Welles lui-même. Le Procès pourrait être celui que les décideurs du cinéma ont perpétuellement intenté à l’artiste toutes ses années. Le sentiment de persécution pourrait être celui du cinéaste lui même, les portes de la lois, qui devront être franchies tout au long du film, pouvant tout aussi bien être les portes de la bureaucratie des sociétés modernes commes celle de la bureaucratie un peu plus privée des grands studios de cinéma.

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Le Procès propose à Joseph K. de franchir une à une quelques portes. Pour lui, il s’agit d’abord de se battre pour prouver son innoncence et obtenir son acquitement, mais le principe tortueux est bien plus inquiétant que cela. Le parcours de Joseph K. est proprement infernal, qui à chaque porte franchie, se coince encore plus dans un cauchemard qui à l’écran est traduit tout à la fois par le caractère de plus en plus névrotique de Joseph K (Anthony Perkins), mais aussi par une mise en scène baroque, surchargée, fortement allégorique et de plus en plus étouffante. La première scène, parce qu’en plan-séquence dans un décor dépouillé, induisait une certaine liberté, un espace pour que le personnage puis évoluer physiquement et aussi respirer. Plus le film avance, plus le décor est donc surchargé, plus l’espace réservé au personnage se réduit, plus le montage s’accélère. Joseph K est comme dans une spirale intérieure dont il ne pourra pas se libérer.

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Dans son parcours, Joseph K. se trouve confronté essentiellement à des femmes. Par elles, Welles dessine le portrait d’un Joseph K. faible, manipulable. Welles englobe son récit d’une charge érotique mais qui a une influence quasi démoniaque (Welles insiste d’ailleurs parallèlement sur leurs monstruosités, le personnage joué par Romy Schneider révèle sa difformité etc.) sur le héros soumis à elles, corrompu par le désir qu’il peut avoir pour chacunes et qu’elles ont pour lui, et qui asseoit par la même ses sentiments de culpabilité, de frustration. Joseph K. est plus que jamais la victime d’un système proprement cauchemardesque, ou les fantasmes et l’illusion prennent la place d’un quelconque réalisme. La métaphore est developpée jusqu’à son terme, et une conclusion désespérée qui n’est pas tout à fait fidèle à celle du roman mais qui augmente encore plus la charge antitotalitaire de Welles. Le cinéaste fait exploser son héros par une bombe, qui n’est pas un écho aux bâtons de dynamites en ouverture de La Soif du Mal, mais plutôt à l’idée de conclusion que Welles avait pour son Don Quichotte, à savoir une explosion atomique. Là, l’explosion n’est pas nucléaire mais elle renvoie quand même à cette idée de la Bombe A., symbole extrême de la toute-puissance totalitaire…

Benoît Thevenin


Le Procès – Note pour ce film :
Réalisé par Orson Welles
Avec Anthony Perkins, Orson Welles, Romy Schneider, Jeanne Moreau, Elsa Martinelli, Madeleine Robinson, Suzanne Flon, Akim Tamiroff, Fernand Ledoux, Michael Lonsdale, Van Doude, Jess Hahn, Billy Kearns, Jean-Claude Rémoleux,  …
Année de production : 1962

Sortie française le 22 décembre 1962.

Par Gillossen, le 16/07/2009 à 14:03

NewlineSelon les dernières informations en date rapportées aujourd’hui par Bloomberg, les deux camps seraient loin d’être sur le point de s’entendre malgré l’existence de négociations visant à rapprocher leurs points de vue et le studio, comme les héritiers de J.R.R. Tolkien, seraient définitivement en route vers le procès.
Celui-ci pourrait débuter dès la mi-septembre, tandis que les plaignants réclament toujours plus de 220 millions de dollars impayés. Bonnie Eskenazi, avocate du camp des héritiers, se dit même confiant dans la perspective de faire perdre à New Line les droits de diffuser l’adaptation de Bilbo le Hobbit, pas moins ! Du côté de Time Warner, on fait valoir l’ambiguïté du contrat initial (qui par exemple ne tenait pas compte de l’exploitation en vidéos des films, puisque VHS ou DVD n’existait pas à l’époque), mais il est bien connu qu’en pareil conflit, les studios hollywoodiens ont souvent tendance à utiliser tous les moyens possibles (La défense prétend même que New Line aurait volontairement fait disparaître certains documents).
Toutefois, en ces temps de crise financière mondiale, il revient peut-être moins cher de payer des avocats qu’une énorme amende… De son côté, la Metro-Goldwyn-Mayer Inc., qui collabore sur Bilbo avec Time Warner puisqu’ils distribueront les deux films à l’international s’est refusé à tout commentaire. On s’en doute, des deux côtés, le bluff ne doit pas manquer, surtout à l’approche de l’échéance qui verra la cour subalterne de Los Angeles signifier la prochaine étape.

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Affaire de moeurs ou affaire d’Etat ?

Par Marcelle Padovani

Plus de trente ans après l’assassinat du cinéaste de «Salo», son meurtrier revient sur ses aveux, et donne des noms. Notre correspondante à Rome, Marcelle Padovani, l’a rencontré

Il arrive au rendez-vous de son pas dansant de «ragazzo di vita» vaguement démodé. Avec le sourire roublard des jeunes prolos romains. A 51 ans, Pino Pelosi, dit «Pino la Rana», Pino la Grenouille, à cause de son sourire, justement, est apparemment rangé : l’assassin de Pier Paolo Pasolini exerce le métier de jardinier à 820 euros par mois dans une coopérative de la capitale. Et arbore son uniforme de travail, pantalon orange et tee-shirt assorti.

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DR
Pino Pelosi

Cela fait maintenant trente-quatre ans que Pino tient en haleine l’intelligentsia italienne avec ses révélations à épisodes. Qui se contredisent sans vraiment s’éliminer. Mais la dernière a tellement mis en émoi les Amis de Pasolini que, le 28 avril, l’avocat Stefano Maccioni a demandé au parquet de Rome la réouverture de l’enquête sur ce meurtre atroce qui remonte au 2 novembre 1975.

A l’époque, le procès s’était achevé avec une condamnation à neuf ans et sept mois de prison pour Pino Pelosi, alors âgé de 17 ans. Le mobile ? Un crime typiquement homo, une bagarre sanglante pour une histoire de prestation sexuelle. Peut-être avec le concours d’inconnus, mais il n’y en avait aucune preuve, et Pelosi revendiquait avec force d’avoir agi seul.

«Pourquoi j’ai changé de version ? explique Pino la Grenouille. Parce que tout le monde est mort, et que maintenant je peux parler.» Ce «tout le monde est mort», on le retrouve en ouverture des confidences du même Pelosi à la metteur en scène Roberta Torre dans «La nuit où Pasolini est mort», qui a été présenté au public le 14 mai. Un film qui a secoué les intellectuels romains. «On l’a exécuté, y affirme Pino. Ils étaient cinq. Ils lui criaient : «Sale pédé, sale communiste !» et ils le tabassaient dur. Moi, ils m’avaient immobilisé. Je ne l’ai même pas touché, Pasolini, j’ai même essayé de le défendre…» Puis Pino continue ses révélations en avouant avoir reconnu parmi les cinq agresseurs «les frères Borsellino, deux Siciliens fascistes et dealers», et en spécifiant qu’à son avis «ils exécutaient une commande. Ils voulaient lui donner une leçon et ils se sont laissés aller. C’est que Pasolini cassait les pieds à quelqu’un»...

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© Ginies/Sipa
Né en 1922 à Bologne, Pier Paolo Pasolini a été assassiné en 1975 sur la plage d’Ostie. Ecrivain, poète et cinéaste, il avait réalisé notamment «l’Evangile selon saint Matthieu», «Théorème», «Médée» et «Salo ou les 120 journées de Sodome», son dernier film.

Dès le lendemain de la projection, la presse s’est fait l’écho des nouvelles accusations de Pelosi. Il les confirme au cours de notre entretien. Qui sont tous ces gens qui l’empêchaient de parler tant qu’ils étaient en vie ? Il énumère : «Les frères Borsellino d’abord, morts du sida en prison. Mes parents ensuite, qui étaient menacés par eux au cas où j’ouvrirais la bouche. Mon avocat enfin, Rocco Mangia, un drôle de bonhomme lié aux fascistes et aux services secrets.»

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© Rudling/Sipa
Pier Paolo Pasolini

Sa nouvelle version de l’homicide est apparemment corroborée par un livre, «Profondo nero», sorti en février (1). Ses auteurs soutiennent qu’un fil conducteur relie trois grands attentats de l’après-guerre : celui qui coûta la vie à Enrico Mattei en 1962 et fut camouflé en accident d’avion; celui qui vit disparaître en 1970 le journaliste Mauro De Mauro, qui enquêtait sur l’attentat Mattei; et l’assassinat de Pier Paolo Pasolini. Le «pétrole» serait à l’origine de ces trois «cadavres exquis». «Pétrole», c’est le titre du roman posthume de Pasolini (1), où il voulait dénoncer les ressorts occultes de la Première République italienne, lorsque des financiers, des politiques, des industriels recouraient à la violence et au crime pour éliminer des adversaires ou s’accaparer une tranche de pouvoir.

Pasolini, soutiennent les auteurs de «Profondo nero», voulait raconter «la toile d’araignée des sociétés et des affaires louches qui tournaient autour d’un nom célèbre, celui d’Eugenio Cefis, qui prendra d’ailleurs la succession de Mattei à la tête de l’ENI, le fameux Ente Nazionale Idrocarburi».

Dans un édito du «Corriere della sera» daté du 14 novembre 1974, soit un an avant sa mort, Pasolini avertissait en effet : «Je sais les noms des responsables du «golpe», de ceux qui ont manoeuvré les néofascistes et des prétendus inconnus responsables des massacres les plus récents…» Et ce qu’il savait, il voulait l’écrire, le dénoncer dans son «Pétrole», qui a pu tromper les lecteurs avec ses pages érotico-obsessionnelles mais qui avait un tout autre but. Cela expliquerait la disparition d’une partie importante du manuscrit. Et, surtout, l’acharnement des assassins sur le corps du cinéaste cette nuit-là, à Ostie. Le crime Pasolini deviendrait alors un crime politique, presque un crime d’Etat. Car on ne rappellera jamais assez ce que les carabiniers découvrirent à 6 heures du matin le 2 novembre 1975 : un cadavre enfoui dans le sable, le front lacéré, les mâchoires fracturées, les oreilles à moitié décollées, le sternum et dix côtes cassées. Son coeur avait éclaté car une voiture était passée à plusieurs reprises sur son corps.

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© AZP/Sipa
Le cadavre de Pasolini

«Nous avons toujours soutenu que Pelosi ne pouvait avoir accompli ce désastre tout seul», dit Nino Marazzita, avocat de la famille Pasolini. Et s’il refuse de se prononcer sur la théorie du complot au nom du «dieu pétrole», il salue ces nouvelles révélations en demandant quelque chose de «très simple, très terre à terre» : «Quand l’écrivain a été assassiné, la police n’utilisait pas encore les techniques de recherche liées à l’ADN Aujourd’hui, il suffirait de prélever au Musée du Crime de Rome la chemise, le pull et le pantalon de Pier Paolo et de les examiner. La vérité est dans ces traces biologiques que les ans n’ont pas effacées.»

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Et l’on en revient à Pino la Rana : a-t-il dit toute la vérité ? Pourquoi n’est-il pas convaincu par l’hypothèse d’un meurtre commandité par Eugenio Cefis ? Aurait-il d’autres informations, qu’il ne veut ou ne peut livrer ? Car les menaces qui pesaient sur sa famille et la peur de représailles ne suffisent pas à expliquer qu’un adolescent accepte de passer neuf ans en prison (même si, dit-il, «c’est bien, la taule, ça conserve, je le dis, moi qui y ai fait pas mal d’allers-retours pour vols, hold-up ou deal de stupéfiants… Vingt-six ans en tout» !). Ni qu’il ait attendu plus de trente ans pour se rappeler certains détails du crime. Au terme de la conversation, il est donc difficile de savoir si Pino continue de jouer un rôle, s’il se vante ou s’il ment. Avant de s’éloigner, il lance : «Tu verras, on est destinés à se revoir… Lorsque je ferai mes prochaines révélations.»

M.P.

(1)Editions Chiarelettere.

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Source: “le Nouvel Observateur” du 16 juillet 2009.

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