Mardi, 22 Juillet 1997 07:00

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Arrêté début mars et accusé de pédophilie, Christian Amédée Hennion a comparu devant la justice hier après-midi, à la Cour municipale de Phnom Penh. Après deux heures de procès, le jugea finalement déclaré que l’instruction n’était “pas assez complète” et qu’il fallait donc la poursuivre. Aucun des enfants qui avaient porté plainte contre le Français au motif qu’il leur avait fait des fellations, n’était présent au procès. “Je n’en peux plus. Combien de temps cette histoire va-t-elle encore durer?”, a lâché le Français à la sortie du tribunal, visiblement très affaibli moralement et avouant ne plus supporter ses conditions de détention. “Tout se paye. L’endroit où l’on dort, où l’on mange et mêmes les visites. Ceux qui ont de l’argent sont de véritables rois alors que les autres crèvent littéralement. Personne ne s’en occupe”, s’était-il plaint à sa descente de voiture, accompagné du Consul français et de quelques membres de l’association démocratique des Français à l’étranger dont la présidente, Janine Philippe-Maréchal, lui porte assistance depuis le début de sa détention. Ils étaient venus le chercher en voiture privée, la cour n’ayant pas pensé à l’amener au tribunal. Son avocat, M. Mom Loch, pourrait demander des aujourd’hui une remise en liberté en attendant que le dossier soit complet. Selon le code de l’Apronuc toujours en vigueur, cette demande peut intervenir à tout moment de la procédure. Au regard du droit cambodgien, le juge dispose d’un délai de cinq jours pour accorder ou refuser la demande de liberté. S’il la rejette, l’accusé, actuellement en détention provisoire, devra être libéré dans un peu moins de deux mois, ce type de détention étant limité à six mois. Il se pourrait qu’un nouveau procès ait lieu mais le juge n’a donné aucune date précise. “J’ai passé quatre mois à attendre ce jour. Aucune confrontation n’a eu lieu entre-temps. Je n’ai été interrogé qu’une seule fois, le jour de mon arrestation et depuis plus rien”, a poursuivi Christian Hennion, déplorant faire les frais “d’une instruction baclée”. Christian Amédée Hennion avait été arrêté quelques jours avant un Canadien, inculpé du même chef. Libéré au début du mois, après avoir été condamné à deux ans de prison dont quatre mois fermes, d’aucuns, dont des policiers, avaient évoqué à ce moment l’hypothèse d’un achat de sa remise en liberté, ce qui expliquerait que son procès se soit tenu avant celui du Français et n’ait pas eu le même dénouement.