Depuis hier et jusqu’à demain, quatre personnes âgées de 23 à 31 ans, Patrick Benony, Ludovic et Christophe Baptiste et Vincent Nouri, issus de la communauté des gens du voyage, comparaissent devant la cour d’assises de Haute-Garonne pour vol avec arme. L’un d’eux est également poursuivi pour viol. Les faits remontent au 14 février 2007, dans une maison de Poucharramet. Hier, les deux victimes de cette violente agression, un père, artisan-maçon et sa fille âgée de 17 ans, sont venus courageusement à la barre, soutenus par leur avocat Me Tricoire, raconter cette nuit de cauchemar. « Ils m’ont frappé avec un bâton », « je croyais que mon père était mort », ont rappelé les victimes, traumatisées par cette terrible soirée. Depuis le drame, la vie de ces habitants n’est plus la même. Peur, insomnies, recours à un chien pour surveiller la maison…
malaise

Ce 14 février 2007, ces deux personnes se trouvaient dans leur maison, à Poucharramet, assoupis devant leur télévision.

Quatre personnes encagoulées entrent dans le salon par effraction. L’un d’eux armé d’une carabine met en joue le père en le plaquant au sol. « Dis-nous où est l’argent ! » demande l’un des agresseurs. Tabassée, la victime ne doit son salut qu’en simulant un malaise devant sa fille qui le croit alors mort. Les braqueurs fouillent la maison à la recherche d’un hypothétique butin. La fille, alors âgée de 15 ans, est conduite dans une chambre sous la menace d’un des membres qui lui demande de se déshabiller. Elle est violée. Entre-temps, les autres agresseurs s’aperçoivent que le père a disparu. Le quatuor prend alors la fuite en embarquant des victuailles et laissant la jeune adolescente en état de choc. Elle se réfugie chez les voisins tout comme le père qui a pu donner l’alerte en échappant à la vigilance de ses tortionnaires.

Deux mois plus tard, les membres de cette équipée, dont la plupart est originaire des Bouches-du-Rhône, sont interpellés grâce notamment aux éléments recueillis par les gendarmes d’Arles qui les suivaient alors à la trace. Les suspects ont d’abord reconnu les faits avant de les minimiser. « Des conditions de vie précaire, une intelligence limitée », voilà en somme le portrait établi par les experts psys pour l’un des frères Baptiste. Aujourd’hui, place à l’évocation des faits. Une plongée au cœur de l’angoisse.

Lundi après-midi, la cour d’assises de la Somme a condamné Didier Cartigny à dix ans de réclusion criminelle pour avoir porté des coups, qui ont entraîné la mort de son père Pierre.

« Je regrette vraiment ce qui s’est passé. Il ne se passe pas un moment sans que je pense à mon père. »

Comme le veut le code de procédure pénale, le président Samuel Grévin vient de donner la parole à Didier Cartigny accusé d’avoir causé la mort de son père, sans intention de la donner, à Amiens, en août 2006.

Ces quelques mots prononcés, Didier Cartigny s’effondre en larmes et tend ses poignets aux policiers de l’escorte qui vont le garder pendant que les jurés et les magistrats qui composent la cour d’assises se retirent pour délibérer.

On ne saura jamais vraiment dans quelles conditions le condamné a frappé son père un samedi soir de l’été 2006. Lui-même qui, tout au long de l’instruction, a fourni plusieurs versions du drame, semble ne plus très bien se souvenir de ce qui s’est passé mais reconnaît bien être l’auteur des coups mortels dont il n’a jamais mesuré, affirme-t-il, les conséquences.

Lors des faits, il était massivement alcoolisé et avait consommé pas moins de sept bouteilles de vin mousseux en compagnie de son père.

C’est l’alcool justement qui est au cœur de ce dossier. Didier Cartigny est un alcoolique, tout comme son père Pierre. Ce dernier était violent, dur, mais son fils l’aimait et venait régulièrement le voir dans son petit logement amiénois où les disputes et les cris succédaient aux coups échangés.

Ce père, le condamné a fini par lui ressembler, le même penchant pour l’alcool, la même violence.

Des éléments que l’avocate générale Anne-Laure Sandretto a pris en compte au moment de prendre ses réquisitions : « L’alcool est le fléau de toute la vie de l’accusé. »

La représentante de l’accusation s’est interrogée sur les capacités de Didier Cartigny à ne plus sombrer dans l’alcoolisme après avoir recouvré la liberté : « Il n’a pas le recul nécessaire pour comprendre qu’il ne faut plus qu’il boive une seule goutte d’alcool. » Mme Sandretto a demandé une peine de 14 années de réclusion criminelle contre Didier Cartigny.

Lors de sa plaidoirie, Me Dominique Caron, avocate de la défense, a évoqué l’enfance massacrée de son client chez lequel elle a voulu voir de la tendresse. Un sentiment matérialisé par deux pains au chocolat, posés devant elle, comme les deux gâteaux que l’accusé avait amenés à son père au lendemain du crime ne sachant pas que ce dernier était mort.
« Dites lui qu’il n’est pas un indésirable et qu’il a encore sa place parmi nous », a demandé Dominique Caron, en partie entendue par les jurés qui ont réduit de 4 ans la peine requise.

GEORGES CHARRIÈRES

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COUR D’ASSISES. Pendant plusieurs années, Maximin C. a agressé sexuellement ses nièces, deux sœurs aujourd’hui âgées de 18 et 22 ans. Placé en détention depuis le mois de juillet 2007, époque à laquelle elles ont dénoncé les faits, il a écopé hier de 10 ans de réclusion criminelle.
Assez petit et trapu, le sommet du crâne dégarni, à 54 ans, Maximin C. ressemble à un papy tranquille et sans histoire. C’est sans doute cette image paternelle et rassurante qui a trompé la jeune Véronique*. Elle a neuf en 1999 lorsque son père meurt de façon soudaine. Un décès qui, comme c’est souvent le cas, traumatise la fillette, particulièrement attachée au chef de famille. Pour trouver un peu de réconfort, Véronique se rend souvent chez sa grand-mère où habite également son oncle, Maximin C. “Elle voyait en lui une figure paternelle de substitution et, lui, la traitait comme sa fille”, a indiqué l’expert psychologue. Ce qui a fait déraper cette situation innocente ne sera pas clairement indiqué mais un jour, l’accusé décide d’initier sexuellement sa nièce. “Je vais t’apprendre”, lui aurait-il dit. “La première fois, il m’a dit de venir dans sa chambre. Je n’avais pas peur, je pensais que c’était normal. Il a commencé à me toucher puis il m’a pénétrée”, explique la victime.

Tout ce qu’un couple faisait

Une version sur “la première fois” que l’accusé a tout d’abord démenti puis confirmé en ajoutant qu’il n’avait eu de relations avec sa nièce qu’à trois reprises. “J’allais presque tous les jours chez ma mémé en sortant de l’école et, contrairement à ce qu’il peut dire, ça ne s’est pas passé que trois fois au total. Cela a duré environ trois ans, plusieurs fois par semaine. Je faisais avec lui tout ce qu’un couple peut faire ensemble sexuellement”, explique la jeune fille en termes simples, émue de devoir redire à la cour des faits qu’elle a évoqués devant les policiers et le juge d’instruction. Des propos que Maximin C. ne niera pas, précisant dans un premier temps que la fillette était le plus souvent demandeuse et qu’elle en retirait même un certain plaisir. “C’était comme un jeu. Quand elle allait et venait sur moi, je voyais dans ses yeux qu’elle était en extase. Par contre, je ne saurais pas dire avec exactitude le nombre de fois que cela s’est passé”. Du côté de la plaignante, elle reconnaît en toute honnêteté que, comme il n’était pas violent, que tout se passait dans une relative “douceur”,”il m’a appris à aimer ça en fait, mais avec le recul, je ne sais pas vraiment si j’en avais envie ou pas. Je n’y connaissais rien de toute façon. Pour moi, c’était parfaitement normal.” Une normalité fictive remise en cause lorsque Véronique entre en sixième. À partir de là, elle cesse de se rendre chez lui de son propre gré, ou s’arrange pour ne pas être seule en sa compagnie. Elle ne veut plus mais le mal est fait. La jeune fille devenue adolescente est touchée psychologiquement par ce qui s’est passé.

Deux autres sœurs agressées

En 2007, cinq ans après le début des faits, elle porte plainte contre son agresseur. Son geste permettra de faire sortir ses deux autres sœurs du silence. Sylvie* révèle que lorsqu’elle avait 9, 10 ans, Maximin C. lui a demandé plusieurs fois de le masturber et se frottait de façon “vicieuse” contre elle lorsqu’ils se retrouvaient en différentes circonstances. Leur sœur aînée, Marie-Line, 37 ans aujourd’hui, a raconté à la barre qu’il y a plusieurs années, l’accusé lui a “montré un préservatif un jour en voiture et fait comprendre qu’il voulait faire l’amour avec elle”. L’expert psychiatre l’a décrit comme un “pédophile secondaire” : attiré par des femmes adultes avec qui il n’a jamais su nouer le contact et s’épanouir sexuellement (son premier rapport, un fiasco, il l’a eu à 27 ans et dans toute sa vie, il n’a eu qu’une dizaine de relations sexuelles avec des femmes), il a rapporté cette carence sur des petites filles, qui plus est de sa propre famille, beaucoup plus accessibles. Au moment de rendre le verdict, toute la question était de savoir si ce quinquagénaire serait susceptible de reproduire ces actes envers d’autres enfants. En le condamnant à dix ans de réclusion assortis d’une obligation de soins sur cinq ans, les jurés ont suivi le réquisitoire du parquet qui réclamait jusqu’à douze ans d’emprisonnement

M.N

* Prénoms d’emprunt

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Cavale sanglante

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Les faits qui conduisent encore une fois Damien Equixor et Mickaël Techer devant la cour d’assises sont beaucoup plus graves que les viols et agressions sexuelles de prostituées. Les faits qui leur sont reprochés durant cette audience de la cour d’assises se sont déroulés alors que les deux hommes étaient en fuite et activement recherchés par toutes les forces de l’ordre du sud de l’île pour les agressions des péripatéticiennes. En décembre 2005, dans la soirée du 9 au 10, un jeune couple, Bruno Ely, 24 ans et Layette Fenomanana, 18 ans, s’engagent dans leur voiture Peugeot 206, dans une impasse de la cité des Manguiers, sur la commune de la Ravine-des-Cabris afin de rendre visite à un ami. Le véhicule n’est pas encore arrêté qu’un ami du couple les prévient d’un danger. Au même moment, ils voient deux personnes se précipiter sur eux. Bruno Ely tente de faire marche arrière. Trois coups de feu éclatent.

Dans le coma durant plusieurs semaines

Bruno Ely et Layette Fenomana sont tous les deux touchés grièvement aux bras. En prenant la fuite, Equixor et Techer en profitent pour mettre le feu à un véhicule. D’après l’enquête de gendarmerie, il semblerait que Techer avait un vieux contentieux avec Bruno Ely concernant une sombre histoire de recel de pièces détachées automobiles. Durant leur cavale, les deux hommes avaient décidé de régler leurs comptes avant leurs interpellations. En effet, la tentative d’assassinat commise sur le jeune couple ne serait pas leur seul méfait. Durant leur fuite, ils auraient aussi tenté de tuer un autre habitant des manguiers ainsi qu’une troisième personne, Patrick Latchoumanin sur l’Etang-Salé-les-Hauts qui avait eu une altercation avec la petite amie d’Equixor pour un problème de loyers. Dans la soirée du lundi 17 octobre 2005, Patrick Latchoumanin, 36 ans, perdait le contrôle de sa 106 blanche sur la RN1 entre l’Etang-Salé et les Avirons. Il était transporté inconscient à l’hôpital de Saint-Pierre et les médecins découvraient une cinquantaine de plombs logés dans sa tête. Tentative d’homicide ou de suicide ? Patrick Latchoumanin a quitté son logement du Piton-Saint-Leu à 21 heures ce lundi 17 octobre. À 21 h 45, sa 106, roulant en direction de Saint-Leu, sortait de la route peu après l’échangeur de l’Etang-Salé-les-Bains. La victime restera plusieurs semaines dans le coma. C’est par miracle qu’il s’en sortira sans trop de dommage et qu’il pourra désigner son agresseur. Il explique aux enquêteurs que Techer lui a tiré une décharge de chevrotine en pleine tête après l’avoir pris en chasse en voiture et l’avoir forcé à s’arrêter. Cette fois, les deux hommes risquent la réclusion criminelle à perpétuité

JL

LE FIGARO Mathieu Delahousse
Face aux cessations de paiement et aux menaces de procédures collectives qui se multiplient, la justice commerciale tente d’agir avant qu’il ne soit trop tard.

Cette justice-là prétend prévenir et guérir plutôt que d’intervenir une fois que les drames sont arrivés. Dans toute la France, les tribunaux de commerce font, depuis plusieurs mois déjà, face aux effets de la crise économique. Cessation de paiement en hausse de 20 % à Paris, une soixantaine de liquidations judiciaires de plus que l’an dernier à Pontoise (Val-d’Oise), deux fois plus de redressements judiciaires à Brest (Finistère), 32 % de procédures collectives en plus au tribunal de commerce d’Albi (Tarn) en 2008…

Selon une étude des cabinets d’audit Altares et Deloitte, les défaillances d’entreprise ont augmenté de 10,3 % entre 2007 et 2008. Et le nombre des procédures collectives (redressement judiciaire et liquidation judiciaire) continue à se multiplier.

Sous protection du tribunal

La crise, vue des tribunaux de commerce, reste pourtant discrète. Les audiences de procédures collectives se tiennent toujours à huis clos et sans aucune publicité. Quant à la prévention, elle demeure en réalité anecdotique. «Notre rôle de prévention et de traitement des difficultés des entreprises ressemble à celui d’un hôpital, témoigne Christian de Baecque, président du tribunal de commerce de Paris. Mais, actuellement, je me sens comme un directeur d’hôpital auquel on aurait annoncé une épidémie. J’ai pris mes dispositions mais je n’ai pas encore vu les malades.»

À la permanence destinée depuis le mois d’octobre dernier aux dirigeants des petites entreprises, «ce n’est pas l’afflux». À Paris, plusieurs patrons de la restauration ou d’agences immobilières s’y sont pourtant signalés. Mais souvent trop tard. «Les dossiers arrivent au niveau judiciaire quand les entreprises sont exsangues, déplore un avocat spécialisé. La situation est pire dans les bassins industriels, notamment dans le secteur automobile. Même avec la loi de sauvegarde, les dirigeants se tournent tardivement vers les juges consulaires.»

Le recours à cette loi «préventive» permet aux sociétés de se mettre sous la protection du tribunal. Quelque 694 procédures ont été ouvertes en 2008 dans toute la France. Le but est de parvenir à sauver les entreprises concernées : «Nous voulons éviter les liquidations : tenter de guérir plutôt que de constater les décès», reprend le président parisien. Mais «il ne faut pas se faire d’illusion, tempère un juge consulaire d’une grande ville de province, quand une procédure collective est lancée, la mort est programmée. Neuf entreprises sur dix faisant l’objet d’une procédure collective finissent en liquidation judiciaire. Il n’est pas totalement surprenant de voir que les chefs d’entreprise sont effrayés par le mot tribunal.»

Crise ou pas, le diagnostic établi par les tribunaux de commerce est identique. «Nous examinons toujours les dossiers sous trois angles : la sauvegarde de l’emploi, le maintien de l’activité et la situation des créances. Mais quand les dettes sont trop importantes, il est rare de pouvoir les sauver de la liquidation judiciaire», expose Xavier Bonhomme, vice-procureur à Marseille et responsable du parquet commercial qui confirme que les entreprises se présentent tardivement à la justice, y compris quand le tribunal de commerce les convoque pour traiter en amont leurs difficultés. «Le tribunal de commerce n’a pas de moyens coercitifs pour forcer les dirigeants à répondre lors de cette phase », rappelle le magistrat. Et, selon lui, il existe «des spécialistes de la liquidation judiciaire» qui, après avoir été démasqués, peuvent être visés par des sanctions judiciaires.

Les salariés représentés

Sur ce point, ce sont souvent les salariés qui entendent désormais jouer un rôle au tribunal de commerce. «Dès qu’une procédure collective est ouverte, ils ont voix au chapitre, confirme Fiodor Rilov qui défend les salariés de plusieurs entreprises en crise. Un représentant des salariés, présent aux audiences, peut s’exprimer sur la situation des comptes et les perspectives d’avenir».

L’avocat cite l’exemple d’une procédure collective, ouverte devant le tribunal de commerce de Beauvais (Oise) pour un équipementier automobile. «C’est lors des audiences devant les juges consulaires, raconte-t-il, que nous avons découvert un rapport d’expert montrant qu’une société avait choisi de provoquer une procédure collective plutôt que de prévoir un plan de licenciement.»

Dans ces cas, la justice qui guérit peut conduire vers la justice qui punit. C’est aussi le cas quand deux entreprises sont menacées de liquidation à cause de leurs différents commerciaux. «Dans ces cas-là, on explique qu’une conciliation est préférable à un long procès, surtout en temps de crise», lance un président de tribunal de commerce.

Tribunal : procédures en forte hausse sur le 1er trimestre

Le groupe Setforge a constitué le plus gros dossier du tribunal au 1er trimestre / Marie Perrin

La crise s’étend. Après les petites structures, ce sont désormais des PME de bonne taille qui se trouvent en difficultés. Le point en Loire-sud

«La bascule s’est faite dès le dernier trimestre 2008, avec une dégradation qui s’est accélérée à partir de novembre » analyse Pierre Lantermoz,

président du Tribunal de Commerce de Saint-Étienne/Montbrison (1).

« En fait, après avoir assisté à de nombreuses défaillances d’entreprise de moins de 5 salariés, ce sont au tour de belles PME, de 40, 60, 100 personnes de se retrouver aujourd’hui en difficultés » précise-t-il. Avant de constater : « Dans les entretiens que nous réalisons, nous constatons deux phénomènes. Il y a les chefs d’entreprise qui viennent très tôt rechercher une procédure de conciliation. Et d’autres, tout aussi honnêtes, qui arrivent avec un trou devant eux. Ils sont morts debout en quelques semaines ».

D’une manière globale, si l’oncompare au premier trimestre 2008, le Tribunal a enregistré une progression de 43 % d’ouverture de procédures collectives (soit 58 dossiers supplémentaires).

« Depuis le début de l’année, certaines entreprises ont connu des ruptures de charge de travail allant de 50 à 80 %. Et ne disposent d’aucune visibilité » constate le président ». Comme ce sous-traitant de Haulotte, qui avait en charge l’impression des notices explicatives des nacelles élévatrices. « Le groupe L’hormois, qui est un assembleur, a vendu 25 000 nacelles en 2008 et prévoit d’en vendre 15 000 en 2009. Or, il dispose d’un stock de 12 000 nacelles. Il ne reste donc pas grand-chose pour ses sous-traitants » fait remarquer Pierre Lantermoz.

En fait, par secteur, ce n’est pas une surprise, ce sont en premier les entreprises de mécanique générale qui souffrent le plus.

« Avec des exceptions » rectifie notre interlocuteur « car hormis l’automobile, les activités en direction de l’aéronautique, du nucléaire et du pétrole sont encore bonnes ».

Derrière la mécanique, par effet domino, ce sont les services liés à l’industrie (pub, communication notamment), mais aussi les transporteurs qui sont les plus touchés.

« Dans le BTP, ce sont les petits artisans en sous-traitance qui sont affectés pour l’heure.

Le textile (en Loire-sud) est certes en souffrance, mais l’activité sur les niches reste acceptable » complète le président.

Du 1er janvier au 28 mars 2009, le greffe a enregistré l’immatriculation de 463 sociétés commerciales en Loire-sud. Un élément difficilement comparable avec la même période de 2008, puisque le greffe n’est pas en mesure de fournir les données 2008 du Tribunal de Montbrison (311 créations sur celui de Saint-Étienne).

Le nombre n’est pas, non plus, très représentatif dans la mesure où le seul groupe Casino a enregistré 120 sociétés (restauration) sur la période. Ce qui en relativise la portée, puisque seulement 32 autres sociétés ont été créées. Et sur les deux arrondissements.

Jacques Perbey

(1) : depuis le 1er janvier, les tribunaux de Montbrison et de Saint-Étienne ne font qu’un.

Jean-Claude Lajot, accusé d’un triple assassinat et d’une tentative d’assassinat, a été interrogé lundi devant la Cour d’assises de Liège. Son témoignage est effrayant, devant le peu de regret dont il fait part.

L’accusé a décrit la scène au cours de laquelle il a tué trois personnes comme un combat dont le but était de vaincre des adversaires. Il prétend qu’il voulait initialement arracher un accord de succession sous la contrainte.

Agé de 57 ans, Jean-Claude Lajot a raconté sa passion de l’Afrique lorsque le président Philippe Gorlé a procédé à son interrogatoire devant la Cour d’assises. Il a expliqué qu’il est né au Congo belge, où son père est devenu riche grâce à sa fonction de dirigeant d’une usine et d’un héritage.

Son père était un “colonial”, déçu de sa carrière professionnelle en Belgique, qui ne trouvait sa satisfaction qu’en Afrique.Son père était infidèle et, selon l’accusé, il se comportait typiquement comme un vieux colonial avec sa petite ménagère africaine, Marie Mutezinka, qui était sa maîtresse et avait 33 ans de moins que lui.

“Un nègre blanc”

Jean-Claude Lajot a été affecté de la même passion de l’Afrique que son père. “Je me considère comme un nègre blanc, a lancé l’accusé. Je suis très heureux en Afrique, pas en Belgique. Mes activités se passaient en mer et cela me convenait parfaitement. J’étais très heureux de la vie africaine”.

Condamné à 20 ans en 1992 pour le double homicide de sa mère et de sa tante, Jean-Claude Lajot a nié ces faits. “On m’a mis devant le fait accompli, a-t-il soutenu. Je suis responsable d’avoir enterré leurs corps et d’avoir bousillé une enquête criminelle. Mais d’autres personnes sont responsables de ces homicides. Mais je n’accuse pas mon frère et sa femme d’être les responsables de la mort de maman. Je considère que le linge sale se lave en famille et la justice n’a rien à voir là-dedans ! Ma condamnation était une erreur judiciaire”.

Pendant son interrogatoire par le président Gorlé, Jean-Claude Lajot a imposé un ton vif à toutes ses paroles. Il s’est étendu sur des sujets divers, refusant de céder aux demandes du président de synthétiser ses propos. Il a utilisé un langage imagé et parfois grossier pour expliquer ce qu’il avait à dire, interrompant le président qui essayait de le recadrer.

Selon lui, sa relation avec Marie Mutezinka s’est dégradée en 2002, après la mort de son père. “Le jour où mon père est mort, elle a réalisé son rêve de me “foutre” dehors”, a-t-il lancé. Lajot lui reproche d’avoir détourné l’héritage paternel. “Elle voulait nous déshériter et réduire la famille de mon frère à vivre sous le joug d’une injustice”, a-t-il précisé.

“4 adversaires”

Jean-Claude Lajot a reconnu qu’il n’avait aucune limite quand il s’est rendu chez Marie Mutezinka. Il voulait une répartition équitable de l’héritage et utiliser la menace pour arriver à ses fins. “Je voulais la contraindre et menacer de la “zigouiller” pour qu’elle signe des documents pour un partage équitable, a-t-il précisé. J’étais là pour arracher un accord sous la contrainte. Mais je suis tombé sur 4 adversaires”.

Lajot explique qu’il est arrivé sur place, qu’il a fait l’inventaire des lieux, qu’il s’est muni d’un marteau et d’un couteau (qu’il nomme arme de défense) et qu’il était disposé à faire face à Marie Mutezinka et ses fils. “Face à 4 adversaires, il n’y a qu’une défense possible: c’est l’attaque, a-t-il expliqué en termes de stratégie. Il faut conserver l’initiative et en profiter pour les éliminer les uns après les autres. Le but est de conserver l’initiative jusque la victoire et de vaincre mes adversaires”.

L’accusé a expliqué que son but initial n’était pas de tuer ses adversaires mais de les mettre hors de combat. Il a raconté ses affrontements avec ses quatre victimes sans oublier de détails. Il prétend qu’il ne voulait initialement pas tuer mais que, dans le feu de l’action, il a tranché le cou de trois de ses adversaires. Pour le quatrième qui a réussi à prendre la fuite, il considère qu’il aurait été plus courageux s’il s’était armé pour venir l’affronter”.

Le procès d’une mère de 27 ans, accusée d’avoir mortellement empoisonné en 2006 son nourrisson d’un mois et demi, sa fille de 4 ans, ainsi que son aînée de 5 ans, qui a survécu, s’est ouvert lundi devant la cour d’assises de Savoie.

Lors de ce procès de trois jours, Maria Jessie Debard, dit “Jessie”, est jugée pour avoir administré, à dose mortelle, des antidépresseurs en janvier 2006 à son nourrisson, Promesse, et ce même médicament ainsi que des neuroleptiques à sa fille cadette Kimberley, 4 ans, décédée en août 2006.

Issue de la communauté des gens du voyage vivant en Savoie, cette femme au foyer, qui ne sait ni lire ni écrire, comparaît aussi pour avoir empoisonné de la même façon sa fille aînée Mandy, 5 ans, qui a survécu.

Dépressive chronique sous anxiolytiques depuis plusieurs années, “Jessie” a d’abord nié les faits qu’elle a ensuite progressivement reconnus durant l’instruction, selon l’accusation.

Elle a assuré qu’elle n’avait pas voulu tuer ses filles mais simplement les endormir, car elle avait du mal à les supporter lorsqu’elle se trouvait sous l’effet des médicaments. Elle a également expliqué qu’elle n’avait pas désiré la grossesse de Promesse, son dernier enfant.

Les véritables causes du décès de Promesse, officiellement en janvier 2006 des suites d’une mort subite du nourrisson, avaient été découvertes après l’exhumation de son corps pendant l’instruction.

“Jessie” Debard encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Le verdict est attendu mercredi.

Les assises de Tours examinent à partir de mardi l’appel de Jean-Loup Hahn, un étudiant condamné à la perpétuité pour avoir abattu une étudiante à l’IUT d’Orléans en 2005.

Amélie GAUTIER –
Il est 15h50 ce 22 juin 2005. Douze élèves assistent à un cours à l’IUT d’Orléans. Soudain, un jeune homme fait irruption dans la salle. Malgré les 35° C, il porte un long manteau. A son bras, une carabine 22 long rifle. Il tire à trois reprises. Julia, une étudiante de 20 ans, meurt sur le coup. En deuxième année de gestion des entreprises et administrations, elle soutenait son mémoire de stage. Quarante minutes plus tard, son “camarade de classe”, Jean-Loup Hahn, 22 ans, est arrêté. Il attend son tram, il n’oppose aucune résistance. En juin 2007, cet étudiant est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Il fait appel. A partir de mardi et jusqu’à vendredi, la cour d’assises d’Indre-et-Loire se penche de nouveau sur son cas.

Jean-Loup Hahn était un “amoureux”, qui “poursuivait sa victime de ses assiduités”, selon les mots employés à l’époque par la procureure de la République d’Orléans. Julia, cela faisait deux ans qu’il l’adulait. Deux ans qu’il la harcelait. Elle, la fille “jolie, sympa, intelligente”. Et gentille. Parce qu’elle ne veut pas lui poser davantage de problèmes, elle ne portera plainte contre son admirateur obsédé. Elle avait un copain et avait toujours repoussé les avances de Jean-Loup Hahn. Lui, était même allé jusqu’à louer un deux-pièces à quelques encablures de la maison familiale de la jeune femme.

Celui qui voulait se faire aimer

En première instance, le jeune homme, un fils de bonne famille imposant par sa taille, reconnait n’avoir “jamais eu de petite amie”. Pour se faire aimer, il les harcèle. Ses délires amoureux commencent dès le collège : Clémence, Claire, Cécile… Il veut les impressionner, elles lui font perdre ses moyens. Les malheureuses élues ont toutes à se plaindre de menaces, de coups et d’insulte. En 2003, il est condamné à de la prison ferme pour des menaces de mort envers une journaliste de télévision.

“C’est ça que vous appelez être amoureux”, lui avait demandé le tribunal. “Je voulais faire partie de leur vie quel que soit le prix à payer”. Et de déclarer, froid et arrogant : “Je ne pense pas être un malade mental. J’ai fait un choix, je suis entièrement responsable”.

Geoffroy Tomasovitch |
Près de dix ans après, la cour d’assises d’appel de Paris examine, à partir de ce matin, l’attaque d’un fourgon blindé, qui s’était soldée par la mort d’un convoyeur en 1999 à Chennevières-sur-Marne.
Un seul homme dans le box : Farouk Achoui, 35 ans. Ce cousin de M e Karim Achoui, l’avocat condamné à sept ans de prison pour l’évasion en 2003 de son ex-client, le braqueur Antonio Ferrara * , a été acquitté dans l’affaire de Chennevières, à Créteil en 2004.
Le parquet ayant fait appel, Farouk Achoui est rejugé, libre, pour sa participation présumée à ce braquage sanglant. Il a toujours nié les faits.
« L’attaque avait été ultraviolente. On avait relevé cent treize impacts de balles sur le fourgon », rappelle M e Henri de Beauregard, conseil de la famille de Leslaw Saby, le convoyeur tué ce 14 décembre à 20 h 20 alors que deux camions avaient bloqué le véhicule de transport de fonds près du centre commercial du Moulin-à-Vent.
Les cinq gangsters, qui ont mitraillé le fourgon sans pouvoir s’emparer des 537 000 € , n’ont jamais été retrouvés. L’enquête s’est rapidement orientée vers Antonio Lagès, une figure du milieu. Il a été interpellé avec le parrain de son fils, Farouk Achoui, au début de 2000, alors qu’ils s’apprêtaient à commettre un vol avec violence. Mais ce même Antonio Lagès a été exécuté en octobre 2000 à Paris. En grande partie à cause de ses liens supposés avec Lagès, Farouk Achoui a été mis en examen et placé en détention jusqu’au procès de Créteil.

Identifié par un témoin

Selon l’instruction, l’accusé a utilisé l’un des téléphones portables achetés sous de faux noms et ayant servi à communiquer entre eux dans la zone des faits. L’expertise d’un de ces mobiles attesterait de sa présence à Chennevières à 19 h 34. Enfin, un témoin a reconnu formellement Farouk Achoui comme l’un des braqueurs présents, au volant d’une Audi A3. Des charges malgré tout légères. « L’analyse de la téléphonie est une pure construction intellectuelle », avait estimé au premier procès M e Eric Dupond-Moretti, en insistant sur l’absence de preuve absolue. L’avocat plaidera à nouveau l’acquittement de Farouk Achoui. Le verdict est attendu vendredi.

* Karim Achoui a fait appel de cette condamnation, il est donc présumé innocent.

Trois femmes exposées in utero au Distilbène entre 1950 et 1977 ont obtenu gain de cause contre les laboratoires UCB et Novartis devant la Cour de cassation, a-t-on appris lundi de source judiciaire, confirmant partiellement une information de Libération.

Contrairement à ce qu’affirme le quotidien, ces décisions ne constituent pas une nouveauté jurisprudentielle.

Le DES ou diéthylstilbestrol est une hormone de synthèse prescrite sous la marque Distilbène aux femmes enceintes en France entre 1950 et 1977 pour prévenir les fausses couches, les risques de prématurité et traiter les hémorragies de la grossesse.

La nocivité du DES a été clairement établie chez les enfants exposés in utero, en particulier chez les filles, atteintes pour certaines de cancers du vagin et du col de l’utérus. Au moins 160.000 enfants auraient été exposés au produit.

Trois femmes exposées à ce produit avaient soumis une demande d’indemnisation au tribunal de Nanterre en 2007. Celui-ci avait alors ordonné une expertise, afin de vérifier que leurs pathologies étaient bien liées à l’administration de Distilbène.

UCB et Novartis avaient fait appel de cette expertise, considérant que ces femmes auraient dû fournir les ordonnances d’époque. En octobre 2007, la cour d’appel de Versailles avait donné raison aux laboratoires.

Les trois victimes avaient alors formé un pourvoi en cassation. Dans trois décisions rendues le 19 mars, la 1ère chambre civile a rappelé qu’on ne pouvait faire appel d’une simple demande d’expertise. A ce titre, elle a annulé la décision de la cour d’appel. Le dossier reviendra donc devant le TGI de Nanterre qui devra statuer à nouveau.

En revanche, la Cour de cassation ne s’est nullement prononcée sur la question de savoir si les victimes du Distilbène peuvent ou non poursuivre les laboratoires sans preuve de prescription. Ce point devrait être examiné au mois de mai.