Lundi après-midi, la cour d’assises de la Somme a condamné Didier Cartigny à dix ans de réclusion criminelle pour avoir porté des coups, qui ont entraîné la mort de son père Pierre.

« Je regrette vraiment ce qui s’est passé. Il ne se passe pas un moment sans que je pense à mon père. »

Comme le veut le code de procédure pénale, le président Samuel Grévin vient de donner la parole à Didier Cartigny accusé d’avoir causé la mort de son père, sans intention de la donner, à Amiens, en août 2006.

Ces quelques mots prononcés, Didier Cartigny s’effondre en larmes et tend ses poignets aux policiers de l’escorte qui vont le garder pendant que les jurés et les magistrats qui composent la cour d’assises se retirent pour délibérer.

On ne saura jamais vraiment dans quelles conditions le condamné a frappé son père un samedi soir de l’été 2006. Lui-même qui, tout au long de l’instruction, a fourni plusieurs versions du drame, semble ne plus très bien se souvenir de ce qui s’est passé mais reconnaît bien être l’auteur des coups mortels dont il n’a jamais mesuré, affirme-t-il, les conséquences.

Lors des faits, il était massivement alcoolisé et avait consommé pas moins de sept bouteilles de vin mousseux en compagnie de son père.

C’est l’alcool justement qui est au cœur de ce dossier. Didier Cartigny est un alcoolique, tout comme son père Pierre. Ce dernier était violent, dur, mais son fils l’aimait et venait régulièrement le voir dans son petit logement amiénois où les disputes et les cris succédaient aux coups échangés.

Ce père, le condamné a fini par lui ressembler, le même penchant pour l’alcool, la même violence.

Des éléments que l’avocate générale Anne-Laure Sandretto a pris en compte au moment de prendre ses réquisitions : « L’alcool est le fléau de toute la vie de l’accusé. »

La représentante de l’accusation s’est interrogée sur les capacités de Didier Cartigny à ne plus sombrer dans l’alcoolisme après avoir recouvré la liberté : « Il n’a pas le recul nécessaire pour comprendre qu’il ne faut plus qu’il boive une seule goutte d’alcool. » Mme Sandretto a demandé une peine de 14 années de réclusion criminelle contre Didier Cartigny.

Lors de sa plaidoirie, Me Dominique Caron, avocate de la défense, a évoqué l’enfance massacrée de son client chez lequel elle a voulu voir de la tendresse. Un sentiment matérialisé par deux pains au chocolat, posés devant elle, comme les deux gâteaux que l’accusé avait amenés à son père au lendemain du crime ne sachant pas que ce dernier était mort.
« Dites lui qu’il n’est pas un indésirable et qu’il a encore sa place parmi nous », a demandé Dominique Caron, en partie entendue par les jurés qui ont réduit de 4 ans la peine requise.

GEORGES CHARRIÈRES

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