Hier, au procès en appel de Jacqueline Ponthieux, accusée du meurtre de son mari, les experts sont tombés d’accord, rendant un acquittement possible.

VICTOR FORTUNATO | 24.03.2010, 07h00
La bataille des experts a semble-t-il fait basculer hier le procès de Jacqueline Ponthieux. Accusée sur la base d’expertises dont celle détectant du GHB, la drogue du violeur, dans le corps de son mari, Gérard Ponthieux, le cafetier de Nogent-sur-Oise tué en 1997, Jacqueline Ponthieux a toujours su que son destin était lié aux conclusions des experts. Mais hier, elle n’osait sans doute pas imaginer que les spécialistes s’accorderaient enfin sur l’heure de la mort de son mari. Une heure qu’elle a toujours martelée pour prouver que le meurtrierétait bien un cambrioleur. Un élément capital pour prouver son innocence.Sans aveux, sans preuves formelles ni témoins, la parole de ces experts est décisive pour déterminer comment et surtout à quelle heure Gérard Ponthieux a été tué de quatorze coups au visage portés par un objet de type ciseau à bois.

La présence de GHB dans cette affaire a été écartée hier par le docteur Gilbert Pépin, éminent toxicologue, à l’origine pourtant de la détection de ce puissant narcotique en 1997 : « Au regard des taux retrouvés dans le corps, on ne peut plus conclure scientifiquement à une absorption de GHB. » Quelques minutes plus tard, son confrère, Yves Jacomet, médecin biologiste et toxicologue, enfonce le clou : « Il n’y avait pas besoin de douze ans pour aboutir à ces conclusions. Cette piste du GHB aurait dû être écartée dès le début de cette affaire pour suivre d’autres pistes. On n’a jamais fait la preuve de la présence de GHB car ce produit n’existait pas! »

La thèse de l’empoisonnement ne tient plus. Un premier grand revers pour l’accusation.

L’heure de la mort en question

Mais l’audience va encore livrer de nouveaux rebondissements sur l’heure de la mort du cafetier. Le medécin légiste, Walter Vohrauer, longtemps affirmatif pour fixer l’heure du crime au plus tard à 0h30, est revenu hier sur cette hypothèse : « Je dois concéder que notre travail sur le bol alimentaire reste aléatoire et qu’il vaut mieux privilégier notre étude sur l’alcoolémie qui situe une mort vers 2 heures. »

Un consensus se dégage à l’audience. L’accusée a toujours déclaré que son mari a été tué vers 2h40 par un cambrioleur. La dernière contre-expertise dans cette affaire, livrée hier par le docteur Olivier Jardé, est très explicite. Cet expert situe bien la mort de Gérard Ponthieux entre 2h40 et 3h30. Ces dernières conclusions sont conformes aux déclarations du médecin du Smur et des sapeurs-pompiers volontaires qui déclarent tous que l’agression s’est produite très peu de temps avant leur arrivée.

Jacqueline Ponthieux paraît enfin soulagée. Cette femme de 60 ans ne cesse de clamer son innocence depuis douze ans. « Je n’ai pas tué mon mari. On n’a jamais vraiment recherché le meurtrier. » Hier, ses avocats, Mes Hubert Delarue et Franck Berton, s’accordaient pour affirmer que les révélations des experts ont contribué à faire un grand pas vers l’acquittement de l’accusée.

Le Parisien

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