La victime a été tuée de 15 coups de couteau.

CATHERINE FOCAS

L’inspecteur n’avait jamais vu une pareille scène de crime. Le sol et les murs éclaboussés de sang. Puis, dans l’obscurité, le corps d’un homme à moitié dénudé, la tête cachée par un tissu sombre. Les jambes et le bassin couverts de livres et de tiroirs. De chaque côté du visage, un chandelier à cinq branches avait été allumé, la cire était encore tiède. Ultime affront, la clef de la voiture (une Suzuki) était profondément enfoncée dans sa bouche.

L’accusé, G., un Tunisien de 25 ans, n’est pas seulement jugé par la Cour d’assises pour meurtre, voire assassinat et vol, mais également pour profanation d’un cadavre humain.

Trente minutes d’agonie

Selon le Ministère public, le massacre du sexagénaire, dans la nuit du 15 au 16 mai 2007, aurait duré trente minutes. La voisine du dessous a entendu des voix, des hurlements, des pas et, au bout d’une demi-heure, juste au moment où elle s’apprêtait à réclamer le silence, «un dernier choc et un cri qui m’a glacée». Aujourd’hui, à la barre, elle n’a qu’une envie: oublier et partir.

Une autre jeune femme est entendue à la hâte par le jury. Dans la salle des témoins en effet, elle a reçu des menaces de la part de la famille de l’accusé: «Maintenant, on voit qui tu es…» A la barre, elle n’en mène pas large. Son témoignage est capital. A l’époque des faits, c’était la petite amie du prévenu. Elle lui a téléphoné juste après le massacre. Et raconte que G. lui a parlé très posément de choses et d’autres à l’autre bout du fil, sans oublier les paroles tendres de circonstance. Le procureur Zanni voit dans cette conversation trop maîtrisée un signe d’extrême froideur qui prouve l’assassinat.

Un membre du MCG

Et le défunt, qui était-il? On le surnommait «le sportif», à cause du training qu’il portait tout le temps. 61 ans, petit gabarit, mais ancien champion suisse de lutte qui courait encore tous les jours.

Ce 15 mai, A. avait passé une bonne partie de la soirée à coller des affiches du Mouvement citoyens genevois (MCG), dont il était membre.

C’est pourquoi, lorsqu’on l’a retrouvé mort dans son deux-pièces d’Onex, achevé de 15 coups de couteau, on a pensé dans un premier temps à un crime politique. La piste a été abandonnée.

C’est dans le restaurant L’Onésienne, vers 11 h du soir, que la victime aurait fait la connaissance de son agresseur. Ils auraient bu un verre ensemble puis A. l’aurait invité chez lui. Une thèse que réfutent catégoriquement sa famille et ses proches: jamais cet homme méfiant et xénophobe n’aurait ouvert sa porte à un étranger d’origine maghrébine.

Il s’était vanté d’avoir tué

Au cours des débats, une vieille histoire a refait surface. Dans les années 80, le défunt avait été jugé pour assassinat par la Cour d’assises. Il s’était vanté d’avoir éliminé un homosexuel, laissé mort dans sa baignoire en 1974. Devant le jury, il s’était pourtant rétracté et aucune preuve de sa culpabilité n’avait pu être apportée; il avait été acquitté. Le meurtre de 1974 n’a jamais été élucidé. Le procès se poursuit.

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Le meurtrier d’un sexagénaire condamné à 15 ans de réclusion
Justice | La Cour d’assises de Genève l’a reconnu coupable d’assassinat. En mai 2007, il avait lardé de coups de couteau un homme de 61 ans à Onex.

ATS | 06.03.2009 | 14:07

Un Tunisien de 25 ans a été condamné vendredi par la Cour d’assises de Genève à 15 ans de réclusion pour l’assassinat en mai 2007 d’un homme de 61 ans à Onex. L’accusé a également profané le cadavre de sa victime.

Le sexagénaire avait été retrouvé dans son appartement, lardé de coups de couteau. Son corps gisait à moitié dénudé sur le sol, recouvert de livres. Une clé de voiture avait été planté dans sa bouche et des chandeliers avait été placés à côté de la tête. Le vol comme mobile

L’accusé n’a pas pu clairement expliquer ce déchaînement de violence. Le sexagénaire lui aurait fait des avances qu’il n’aurait pas supportées. Le jury de la Cour d’assises a finalement estimé que le prévenu avait agi par appât du gain.

L’homme a fouillé l’appartement de sa victime et le cadavre pour s’emparer d’argent et de bijoux. Il a aussi eu la présence d’esprit d’effacer ses empreintes avant de partir. La Cour ne lui a reconnu aucune circonstance atténuante.

L’accusé s’est certes rendu à la police, mais a minimisé les faits durant l’instruction. Or, a relevé le jury, la faute commise est d’une très grande gravité. Le procureur Dario Zanni avait dans la matinée requis une peine de 18 ans de prison.

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