Affaire Earl Jones

La Presse Canadienne  Sidhartha Banerjee
04/12/2009 16h59

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Affaire Earl Jones - La publicité pourrait entraver un procès juste
Earl Jones quittant le Palais de justice l’été dernier.

© Photo QMI / Archives

L’importance accordée par les médias au présumé fraudeur Earl Jones pourrait bien compromettre ses chances d’obtenir un procès équitable avant même qu’il ne commence, estime son avocat.

Jeffrey Boro a déclaré vendredi que la Couronne a l’intention de porter de nouvelles accusations contre Jones, qui pourraient être connues dès la prochaine audience, fixée au 15 janvier.

Me Boro a estimé que les nombreux reportages consacrés à Jones dans les médias montréalais et l’enquête parallèle sur sa faillite pourraient bafouer le droit de son client à un procès juste et équitable.

Les détails de la faillite de Jones ont été diffusés partout dans les médias durant plusieurs semaines, alimentés par les témoignages d’anciens employés de Jones et de son épouse. L’avocat de Jones croit que tout cela pourrait avoir un impact sur le procès criminel.

«Je dis souvent à mes clients que le public passe rapidement par-dessus les nouvelles du jour. Malheureusement, dans le cas de M. Jones, ce n’est pas ce qui se passe. Il semble que la mauvaise presse qu’on lui fait soit au menu tous les jours», a-t-il déclaré.

L’avocat a ajouté qu’il ne serait pas surpris si de nouvelles accusations étaient portées contre son client, estimant que la Sûreté du Québec a interrogé pas moins de 159 personnes alléguant avoir été escroquées de leurs économies.

Jones est en liberté après avoir versé une caution de 30 000$. A la fin de juillet, quatre chefs d’accusation de fraude et de vol impliquant d’anciens clients ont été portés contre lui.

Les anciens clients, qui sont principalement des personnes âgées et retraitées, ont accusé Jones de leur avoir volé leurs économies. Son cas a provoqué un tollé dans la population, qui a contribué à faire voter par le gouvernement fédéral des lois plus sévères contre les «criminels à cravate».

L’ancien conseiller financier de Montréal s’est fait très discret depuis sa première comparution.

Le princier train de vie qui était le sien a connu une fin abrupte depuis l’éclatement de l’affaire.

Son avocat soutient que son client est ruiné et ostracisé par la communauté. Des chauffeurs de taxi auraient refusé d’être payés par lui et des propriétaires auraient refusé de lui louer un logement.

Son épouse Maxine, qui a prétendu ne jamais avoir eu connaissance des prétendues malversations de Jones, a demandé le divorce. Lui et sa société de services financiers sont en faillite.

Jones n’était pas tenu d’être au palais de justice de Montréal vendredi. Dans sa cause de faillite, cependant, il devra être présent à une audience devant un syndic la semaine prochaine, après avoir été assigné à témoigner.

Entre-temps, deux des quatre propriétés qu’il possédait autrefois – un luxueux condominium de près de 200 mètres carrés sur les berges d’un lac à Dorval et une autre propriété à Mont-Tremblant – ont été mis en vente cette semaine. Deux autres propriétés aux Etats-Unis seront mises en vente prochainement, a déclaré le syndic Gilles Robillard, de RSM Richter.

Les quatre propriétés sont lourdement hypothéquées et le montant de la vente sera probablement dérisoire par rapport aux sommes prétendument volées.

«Nous ne disposons pas d’évaluations formelles, mais il devrait rester 600 000$ à 800 000$ une fois que toutes les hypothèques seront payées», a indiqué le syndic.

M. Robillard a affirmé qu’aucune autre somme n’a été récupérée. Jusqu’à présent, les réclamations se chiffrent à quelque 75 millions $, mais selon le syndic, il n’y a aucun moyen de savoir pour l’instant si ce chiffre est réel.

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