Présidée par Laurent Rieuneau (ici en dessin), la cour d'assises  de la Sarthe a acquitté, vendredi soir, Maurice Burgain qui était accusé  du meurtre de sa soeur. : Elfie LebouleuxPrésidée par Laurent Rieuneau (ici en dessin), la cour d’assises de la Sarthe a acquitté, vendredi soir, Maurice Burgain qui était accusé du meurtre de sa soeur. : Elfie Lebouleux

Accusé d’avoir tué Marie-Louise Lallier, 83 ans, en juillet 2001 au Mans, Maurice Burgain, 82 ans,a été innocenté par la cour d’assises où il était jugé depuis trois jours.

Pas de mobile clairement établi sauf des querelles de familles ancestrales. Aucune preuve matérielle. Mais des faisceaux d’indices que l’accusation et la défense de Maurice Burgain ont chacun présentés à leur avantage.Vendredi un peu avant 17 h, au troisième et dernier jour du procès de ce retraité des MMA de 82 ans, accusé d’avoir tué sa soeur, Marie-Louise Lallier, en 2001 au Mans, les 8 hommes et 4 femmes du jury la cour d’assises de la Sarthe partis délibérer n’ont eu d’autre choix que d’asseoir leur décision sur leur intime conviction.

Car dans ce procès, ce fut avant tout la certitude des uns contre la certitude des autres.

12 ans réclamés

Côté accusation, avant de réclamer contre Maurice Burgain « pas moins de douze ans de réclusion », l’avocate générale Le Petit a épluché les « nombreuses incohérences » de l’accusé qui tout au long du procès est revenu « sur neuf années de déclaration ». Notamment sur les divergences de son emploi du temps et les variations de ses explications.

Un coup, les volets de la maison de la victime âgée de 83 ans étaient ouverts quand il est passé le matin du crime ; un autre, ils étaient fermés. Un coup, Maurice Burgain a fait la sieste toute la journée du 14 juillet. Un autre, il est « peut-être » passé chez sa fille.

Une fois, il a dit qu’il avait vu la porte-fenêtre donnant sur le jardin de sa soeur alors qu’il venait l’épier comme il en avait l’habitude depuis 7 ans qu’ils étaient brouillés. Puis il a finalement admis n’avoir aperçu que les fenêtres du haut puisqu’on lui faisait remarquer que de là où il était, il ne pouvait pas voir cette porte-fenêtre donnant sur le jardin de la victime.

Versions changeantes

Autant de versions qui ont conduit Me Sarda, l’avocat du fils et des petites-filles de la victime, à qualifier son témoignage « de champ d’astéroïdes où les événements viennent se remplacer » au fur et à mesure qu’ils butent sur des obstacles.

Il a aussi été question de ce beau-fils venu témoigner à la barre des confidences de Marie-Louise qui lui raconta qu’au mois de janvier précédant sa mort, Maurice Burgain avait déjà tenté de l’étrangler.

Il y a encore ce détail d’un fuyard qui, ayant commis son crime dans le jardin, prend la fuite en passant par la maison de la victime. « Un rôdeur serait reparti par là où il était arrivé. Il n’aurait pas pris le risque de croiser quelqu’un dans la maison. Il fallait connaître les lieux », affirme Me Sarda.

« Ce dossier ? C’est le concours Lépine de l’hypothèse. Maurice Burgain n’a rien à faire sur le banc des accusés, s’étonne Me Paré-Duval. Il est victime d’un acharnement car il fallait un coupable » Pendant près d’une heure quarante, l’avocate de Maurice Burgain va retourner un à un les indices qui ont nourri l’accusation.

Les différentes versions servies par son client ? « C’est le mystère de la mémoire. Est-ce que ça en fait pour autant un meurtrier ? » Et elle ajoute : « Il faut qu’il ait réponse à tout même quand il ne sait pas. »

Le fameux ticket de boucherie qui indiquait son passage dans le quartier le jour du crime et qu’il aurait brandi tout de suite sous le nez des enquêteurs comme s’il cherchait à fournir un alibi avant qu’on ne lui en demande un ? « Il voulait bien faire. C’est son côté commère. »

Deux heures de délibéré

Quant au mobile du crime qui aurait pu être lié au décès, deux jours plus tôt, d’un autre frère de la fratrie, là encore l’avocate s’indigne : « Maurice Burgain serait passé par le grillage du jardin de la victime pour la convaincre de venir à la sépulture. Le ton serait monté et puis… Ça ne tient pas. » Et de conclure ainsi : « Le doute doit profiter à l’accusé. Il vaut mieux risquer de relaxer un coupable que de condamner un innocent. »

Au terme d’un délibéré d’à peine deux heures, Maurice Burgain a été acquitté. C’est donc que le meurtrier de Marie-Louise Lallier court toujours.

Igor BONNET.
Ouest-France
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