Alors que l’avocat général avait réclamé une peine de cinq ans avec sursis, les jurés de la cour d’assises ont estimé insuffisantes les charges pesant contre Guy Guerillon. Le policier à la retraite est sorti libre du tribunal.
Au deuxième jour de son procès, l’ex-policier de Beauvais accusé d’avoir violé une jeune femme dans les locaux de l’ancienne antenne de police du quartier Saint-Jean, a quitté la cour d’assises lavé de tous soupçons.
Guy Guerillon, 63 ans, légèrement voûté, est aussitôt sorti du tribunal, tenant son épouse par la main. Comme n’importe quel retraité pressé de regagner ses occupations habituelles.
Les jurés de l’Oise ont finalement rejoint l’avis des chambres de l’instruction de Beauvais, d’Amiens et de Paris qui avaient toutes prononcé un non-lieu.
« Pas facile de faire condamner un policier ou un ancien policier »
La partie civile, qui avait demandé le huis clos, déçue par ce verdict, s’est effondrée en pleurs. « Il n’est toujours pas facile de faire condamner un policier ou un ancien policier », a estimé Me Djamila Berriah qui pourrait faire appel dans les jours à venir.
Au terme d’une procédure de nombreuses années jusque devant la cour de cassation, le temps ayant eu raison de toutes preuves matérielles, la partie civile avait pourtant de quoi se réjouir de voir enfin le ministère public convaincu de la culpabilité de l’accusé.
Pour l’avocat général Jean-Marie Besse, Guy Guerillon méritait une peine de cinq ans de prison avec sursis. « C’est un dossier atypique. L’accusé a menti mais sans faire le procès de la victime », a-t-il estimé, expliquant pourquoi il n’avait pas réclamé une peine de prison ferme.
« Mensonge utilitaire »
« Il a en quelque sorte commis un mensonge utilitaire », a ajouté l’avocat général, faisant allusion au rôle essentiel de l’accusé au sein de sa famille.
Comme devant l’IGPN (la police des polices), puis comme toujours dans une procédure extrêmement longue, Guy Guerillon a répété devant la cour d’assises qu’il a bien eu une relation sexuelle avec la jeune femme, le jour dit, dans les locaux de la police.
Mais, selon lui, cette relation était librement consentie. Après toutes ces années, les jurés n’avaient d’autre choix que de pencher pour l’un ou pour l’autre selon leur intime conviction.
« Son arme déposée sur le bureau »
« L’accusé a oublié de dire qu’il a fait rentrer ma cliente dans les locaux de la police en dehors des heures d’ouverture. Que pour cela, il lui a envoyé une convocation officielle. Il n’a pas non plus parlé de son arme déposée sur le bureau », ne décolère pas Me Djamila Berriah.
« Aujourd’hui encore, ma cliente dit qu’elle sent toujours le souffle de cet homme sur sa joue. Si elle n’a rien dénoncé avant, c’est qu’elle voulait préserver sa famille qui ignore tout de ce qu’elle a subi. »
L’avocat de l’accusé, Me Castellote, n’a pas souhaité s’exprimer sur cette décision favorable pour lui et son client.
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