Le plus âgé, Bastien, se tord les mains ce mardi 1er décembre sur le banc des victimes du tribunal correctionnel de Douai. Sa mère est à la barre, prévenue d’agression sexuelle et de non-dénonciation de crime.

Brigitte (*) et Patrick se sont connus dans un IME (institut médico-éducatif, ndlr). Ils se sont mariés et ont eu trois enfants. Trois garçons dont ils ont pu s’occuper quand ils étaient jeunes malgré leurs handicaps respectifs : débilité moyenne pour Brigitte et handicap mental pour Patrick.
Les problèmes sont arrivés avec l’adolescence des garçons. Le plus âgé, Bastien, se tord les mains ce mardi 1er décembre sur le banc des victimes du tribunal correctionnel de Douai. Sa mère est à la barre, prévenue d’agression sexuelle et de non-dénonciation de crime. Son père ne répond que de non-dénonciation de crime.
Les faits sont reconnus et avérés.
Il se trouve que le plus jeune enfant du couple se faisait violer par son frère aîné. Les parents l’auraient appris et n’auraient pas agi contre. En plus, après cette révélation, Brigitte, la maman, aurait agressé sexuellement son fils aîné, Bastien, lui imposant une masturbation et une fellation. Ces faits se seraient même déroulés plusieurs fois et peut-être aussi sur les autres garçons.
«Je ne veux plus voir ma mère. Qu’elle ne m’approche pas car ça va mal finir.»
L’unique phrase prononcée par Bastien lors du procès de ses parents montre l’ampleur du désastre familial. Lui-même handicapé, il est placé dans un foyer dans l’Oise et tente de se reconstruire.
Ses deux frères (le cadet sera jugé devant la cour d’assises des mineurs) sont également ballottés entre le père, les foyers, etc.
L’avocat de Bastien plaide d’ailleurs sur la double peine de son client : victime et handicapé.
«Ces personnes fragiles ont besoin de beaucoup d’amour et mon client n’a pas eu cet équilibre. Il a demandé un IME lointain pour couper les ponts.»
Dossier difficile pour la procureur :
« Nous sommes dans un milieu très carencé car tous dans le dossier ont un handicap mental. »
«Madame reconnaît tous les faits. Mais il est clair aussi que son discernement est altéré par sa débilité moyenne.»
Il paraît même que, lors de l’instruction, Brigitte  n’aurait pas compris ce qu’était un avocat et aurait commencé à se déshabiller lors de son rendez-vous avec son conseil…
Difficile de condamner des personnes aussi fragiles… La procureur se bornera à réclamer des peines assorties de sursis simple. L’avocate de Patrick décrit d’ailleurs les difficultés de son client :
« Il a essayé de porter à bout de bras sa famille. »
C’est lui qui, effectivement, avant et après les faits, sa femme étant totalement dépassée, a tout assumé.
«Comme il a pu. Il est handicapé et ne sait ni lire et écrire. S’il n’est pas intervenu avant, c’était pour protéger sa famille. Il n’avait pas conscience de la gravité des faits et de leurs conséquences.»
Patrick a été soulagé de savoir que Bastien et son plus jeune fils ont été placés.
Même son de cloche pour l’avocate de Brigitte :
« Elle ne comprend pas les interdits, elle vit dans un autre monde, elle ne sait pas ce qu’est la loi.»
Elle a été capable d’élever de jeunes enfants mais a été dépassée quand ils ont grandi.
«Est-elle même accessible à une peine ?»
Finalement, le tribunal ne retiendra pas la prison comme solution en prononçant des peines avec sursis (deux ans pour elle et neuf mois pour lui). Le couple est également condamné à 4000 euros de dommages et intérêts à verser à leur plus jeune garçon, elle doit 7000 euros à son fils aîné et lui 1000 euros.
* prénoms d’emprunt

Article rédigé par :
Bruno Place

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