Ecrit par: Modjo
Mis a jour le: Jul 14, 2009
Vues: 112 Dans le cadre de leur combat acharné et archaïque contre le poker online, les instances juridiques américaines ont décidé de s’attaquer aux deux plus grandes salles de poker online du monde : PokerStars et Full Tilt Poker. Cherchant à taper là ou ça fait mal, le gouvernement s’abrite derrière ses serviteurs en robe noire pour ordonner le blocage des transferts de fonds vers les joueurs américains.
Dans le bras de fer qui s’est engagé entre Justice U.S. et le poker online, on a peu entendu les petites salles se plaindrent des récents blocages des paiements ordonnées par quelques juges américains, et pour cause puisque les banques ciblées par les ordres de saisie ont surtout pour clients des joueurs des deux plus grands sites de poker. Loi des nombres, simple coïncidence? Tous les doutes sont permis étant donné que PokerStars et Full Tilt Poker ont eu des problèmes spécifiques avant de chacune trouver des solutions adaptées pour contenter leurs joueurs. Pour éviter une panique générale les deux géants du poker mondial sont même allés jusqu’à recréditer les comptes des joueurs spoliés en attendant que la situation se clarifie.
Un gouvernement prêt à tout pour entraver la liberté des joueurs de poker online?
Décidément, ils auront tout essayé pour tenter de faire dévier le poker de sa trajectoire de réussite insolente. Le passage de la loi UIGEA à la dernière heure du dernier jour du mandat de Georges Bush aura permis aux deux Présidents de se laver les mains du problème, instaurer une loi inique mais psychologiquement efficace sur les nouveaux joueurs et les esprits influençables. Il y a même une expression aux USA pour ce genre de manœuvre, on appele cela les « midnight bills » (les lois de minuit). Le Président sortant (Georges W Bush en l’occurrence) fait avaliser une loi impopulaire à la dernière heure de son mandat, et le nouvel arrivant (Barack Obama) peut faire semblant d’être pieds et mains liés par cette législation et jouer sa partition dont le refrain du « c’est pas moi c’est l’autre ».
Curieusement ce n’est pas du tout au nom de cette loi UIGEA (qui rappelons-le est attaquée de tous côtés par les associations de défense des joueurs de poker, au premier rang desquels la PPA, iMega et la WPA) que plusieurs juges ont décidé avec une synchronisation assez suspect d’attaquer de front les grandes salles de poker online. C’est en effet le Wire Act (une loi caduc d’après-guerre qui emploie encore les termes de « télégraphe » comme au bon vieux temps du far-west) qui a été invoqué par ces derniers pour ordonner la saisie des fonds transférés des comptes de poker online aux comptes en banques personnels des joueurs américains, bloquant effectivement dans un premier temps plus de $30 millions des comptes de près de 27.000 joueurs en ligne (le chiffre de $40 millions a été avancé).
Ce blocage affectait essentiellement les chèques en papier émis par les salles de poker online, ces derniers étant refusés par les banques comme la Wells Fargo, puis ce fut au tour des chèques électroniques « e-checks » de connaître des problèmes d’encaissement. Qu’à cela ne tienne, les joueurs et les salles ont rapidement trouvé la parade dans un nouveau round de ce combat entre justice et poker online. Fait très curieux (mais doit-on s’en étonner?) de nombreuses « petites » salles de poker online, comme Cake Poker ou Carbon Poker, n’ont quasiment pas, voire pas du tout, été affectées par les saisies de fonds, qui a surtout touché les deux plus grandes salles du monde.
Sur Full Tilt Poker, la plupart des joueurs se sont ainsi tournés vers la méthode de tranfert de banque à banque (wire transfer) malgré un coût plus élevé de cette transaction. Les joueurs ont ainsi rapidement signalé qu’aucun blocage n’affectait plus ces transferts et la nouvelle s’est vite répandu, permettant à quiconque ayant envie de retirer ses fonds de poker de le faire sans aucun souci malgré les injonctions juridiques en cours.
Sur PokerStars il semblerait que les joueurs parviennent désormais à encaisser leurs gains sans problème non plus. Malgré le blocage initial, cette méthode d’encaissement est quasiment retournée à la normale avec un délai de 24h à 48h. Dans le pire des cas les chèques electroniques e-checks émis par la salle aux joueurs pour ses joueurs ont mis environ une semaine avant d’être acceptés par les banques, ce qui n’était pas le cas quelques jours avant le Main Event des WSOP.
Le coup d’épée dans l’eau du DoJ (Department of Justice) aura donc été, comme nous le supposions déjà il y a quelques semaines, qu’un gros coup de bluff, qui aura été démasqué encore plus vite qu’il n’avait été mis en place. En asticotant les joueurs et les salles, il semblerait que le gouvernement US teste la capacité de résistance des joueurs et des grandes salles de poker online. Pourtant la réponse des Américains avait déjà été on ne peut plus claire au moment de l’élection du nouveau Président Obama, des dizaines milliers de contribuables portant la légalisation du poker online au rang de première préoccupation dans le domaine technologique et neuvième préoccupation sur le plan général !
Le 24 juin dernier la compagnie de paiement Account Services a ainsi déposé une requête devant la Justice, réclamant le déblocage immédiat de $13 millions issus de jeu ou paris en ligne saisis par la Justice sur des comptes californiens de la Wells Fargo et de la Union Bank. Le but de cette initiative est en fait de forcer les juges ayant ordonné les saisies à sortir du bois et montrer leur bluff. Car jusqu’à présent les justifications avancées pour de telles décisions sont au mieux floues, voire totalement occultées. Cette requête légale force donc les juges à justifier leurs décisions avec les lois existantes, ce qui donnera un angle concret de contre-attaque aux organisations telles que la PPA (Poker Players Alliance).
Curieusement, toutes ces manœuvres sont sorties au grand jour à la veille du plus grand tournoi de poker live du monde, le Main Event des World Series of Poker. On a même cru un moment que le tournoi pourrait bien être victime de cette sournois attaque de dernière minute qui ne laissaient que très peu de jours aux salles de poker online pour réagir et s’organiser en urgence pour que les récipiendaires de packages pour les WSOP puissent recevoir leurs prix à temps.
Au final le Main Event aura été un énorme succès et aurait pu largement battre les chiffres de participation de l’an dernier si le dernier jour Day 1D avait pu accueillir les centaines de joueurs qui n’ont pu trouver un siège lors de la journée la plus populaire de l’histoire des WSOP.
Le poker se porte bien, merci, et se révèle toujours aussi populaire. Bien sûr le poker online a connu un « bulle » qui finira bien tôt ou tard, mais si le gouvernement US croit mettre fin à l’apétit des joueurs pour le poker, il se trompe lourdement. Les basses manœuvres des petits juges qui ne sont que des marionnettes dont les pontes de Washington tirent les ficelles, ne siffleront pas la fin de la récréation pour le poker online qui va continuer à se developper dans les pays qui ont décidé d’aller à contre-courant de cette politique réactionnaire.
Voilà peut-être la chance de l’Europe et de pays comme la France. PokerStars et Full Tilt Poker l’ont bien compris, et il passera beaucoup d’eau sous les ponts, et de bad beats à la rivière, avant que ces dernières ne battent en retraite.
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