PROCÈS | Bashkim Berisha, ex-champion de boxe thaïe a été condamné hier à Zurich à 14 ans de prison. Il avait abattu un automobiliste pour une place de parc.
MARTINE CLERC | 21.08.2009 | 00:01
Avec son arcade sourcilière abîmée à vie, Bashkim Berisha porte le stigmate des boxeurs. Hier, ce n’est pourtant pas sur un ring mais dans une salle d’audience zurichoise que cet homme de 28 ans a peut-être livré le combat de sa vie. Et l’a perdu, K.-O. debout.
Dans le box des accusés, les deux mains dissimulant son visage, le boxeur a écopé de quatorze ans de prison avec l’obligation de suivre une psychothérapie. La Cour suprême zurichoise a estimé que le Kosovar de Winterthour avait agi de sang-froid lorsqu’il a abattu en 2005 un automobiliste macédonien sur un parking de Dübendorf (ZH). Pour une simple dispute au sujet d’une place de parc. Les deux hommes voulaient y garer leur voiture.
L’histoire du «tueur du parking», comme l’ont surnommé les tabloïds alémaniques, passionne les journalistes et la population. Une centaine de personnes sont venues assister au procès qu’il a fallu diffuser par vidéo à l’extérieur. Car le jeune homme n’est pas un inconnu. Ni un débutant.
Sa vie d’avant le meurtre, celle de ses victoires en boxe thaïe, a fait l’objet d’un film documentaire réalisé par le Bâlois Vadim Jendreyko et diffusé plusieurs fois sur les petits écrans alémaniques. Prix du meilleur documentaire suisse en 2002, «Bashkim» évoque «la violence sous ses formes multiples», explique alors le cinéaste.
Le film rappelle la jeunesse plutôt heureuse de Bashkim Berisha au pays, puis son arrivée en Suisse en 1992 pour rejoindre un papa immigré.
Déracinement, accès de violence. L’adolescent peine à s’intégrer dans sa nouvelle vie et se lance à corps perdu, et avec succès, dans la boxe thaïlandaise. A la fin des années 90, il devient champion suisse junior de la discipline.
Au même moment, la guerre du Kosovo éclate. Sur place, les cousins sont décimés, la maison familiale détruite. En Suisse, le jeune homme n’arrive plus à se dominer et les délits s’enchaînent.
«Tu deviens un homme quand tu as été en prison», lui a toujours enseigné son père. Une devise que le jeune Kosovar va suivre à la lettre.
En 1999, il est condamné après un contrôle policier qui tourne mal: l’agent s’écroule après avoir reçu un coup sur la nuque, asséné par le tranchant de la main. Dix-huit mois avec sursis et huit passés en préventive.
Suivront vols en tout genre, tabassages pour une carte de crédit. Les condamnations pleuvent sur le multirécidiviste. Ses frères purgent aussi des peines pour trafic de drogue.
Cavale au pays
Devant ses juges zurichois, Bashkim Berisha a plaidé hier l’accident. Peine perdue. Sa fuite au Kosovo, les polices d’Europe aux trousses, a aussi joué contre lui. Avec son frère jumeau, condamné, lui, pour trafic d’héroïne, ils se cachent plusieurs mois dans les Balkans, fuyant, selon les parents restés en Suisse, la «vengeance de sang» de la famille de la victime.
Là encore, une cavale de cinéma qui prend fin huit mois plus tard au Kosovo avec l’arrestation musclée de l’homme, ivre, qui se débat de toutes ses forces. Il est livré à la Suisse en 2007 et fait des aveux partiels.
Après le meurtre de 2005, l’épouse d’un ancien champion de boxe commentait les prestations de Berisha: «A ce genre de type, il manquait tout simplement l’intelligence.»
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