Saint-Pargoire, commune en circulade du Gignacois et ses quelque 1 900 âmes, « est un monde en friche », analyse M e Mendel dans le prétoire du tribunal. À tout le moins, vue depuis la singulière planète sur laquelle sont installés ses clients. Deux cousins âgés de 18 ans. Qui, en compagnie de sept autres garçons du village (1), ont, le 20 juin dernier, prêté main forte à un de leurs copains, âgé de 20 ans, alors qu’il jouait des poings avec un automobiliste qui traversait le village. Un différend né d’un motif futile. Mais qui s’est achevé par une sévère correction pour ce conducteur, un Lodévois de 40 ans. Un homme roué de coups, même une fois à terre, sous les yeux de son fils, âgé de 9 ans, et de sa compagne. Tout cela pour quoi ? Parce que la victime, circulant avec sa compagne

et leur fils, avait demandé, certes un peu vertement peut-être, au jeune homme en question de se pousser de la chaussée sur laquelle il se trouvait… assis. « Il va falloir que vous nousexpliquiez ce que vous y faisiez », lance, un tantinet perplexe, le président de la correctionnelle. « Je photographiais un chien. Il avait 2,50 m pour passer ! Il m’a dit : “Bouge de là.” S’il m’avait dit : “Pouvez-vous vous décaler s’il vous plaît ?”, il n’y aurait pas eu de problème ! », justifie, sans se départir, le prévenu. Mais qui, ce jour-là, avait également un verre à la main, affirme le quadra blessé. « Venez à la barre. Nous n’allons pas ménager notre plaisir de vous entendre », l’invite le magistrat. Un homme de loi visiblement agacé par l’attitude du trio à l’énoncé des faits. De quoi provoquer le courroux d’un président pourtant réputé pour être calme, à l’écoute et plutôt magnanime : « Ça vous fait rire ? Moi, j’ai les moyens de vous faire arrêter. Vous n’allez pas faire le kéké devant ce tribunal comme à Saint-Pargoire ! » Fermez le ban. Vient ensuite le tour des cousins venus aider leur copain. Faisant ainsi dire au magistrat, toujours aussi pince-sans-rire et à l’endroit de l’un d’entre eux : « Vous êtes quelqu’un de solidaire, hein monsieur ? » Une étrange fraternité villageoise en fait. Bref, un acte « d’une très grande lâcheté, rappelle la partie civile. L’auxiliaire de justice évoquant cette vérité : « On s’est attaqué à rien d’autre qu’à une personne qui voulait circuler. Puis de dénoncer ensuite : L’on essaie d’instaurer la loi du silence, la loi de la peur, parce que l’on est des petits caïds de 18 ans pour lesquels il s’agit d’un acte d’une extrême banalité. »

J.-F. CODOMIÉ
(1) L’enquête n’aurait pas permis de les identifier.

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