CLICANOO.COM |En décembre 2006, Souma Soumaïla avait tué un de ses compagnons de beuverie de quatre coups de couteau. Les jurés l’ont condamné à quinze ans de prison et ont écarté la thèse de la légitime défense soutenue par l’accusé.
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S’il a comparu libre, c’est menottes aux poignets que Souma Soumaïla, est ressorti hier soir de la cour d’assises de Saint-Denis. Ce Mahorais de 38 ans a été condamné à quinze ans de réclusion criminelle pour le meurtre de Saïd Anrifadjati. La peine prononcée avait été requise au préalable par le ministère public. “Cette histoire, c’est une querelle d’ivrogne qui dégénère, avec une réponse disproportionnée de la part de l’accusé”, a résumé l’avocat général François Basset. “Il n’a pas agi comme un type en état de légitime défense”, a-t-il ajouté. Jusque-là encore floue, la raison pour laquelle cette journée du 20 décembre 2006 s’est terminée aussi tragiquement a laborieusement émergé au fil de l’audience. Tout a commencé dans l’après-midi. Souma Soumaïla avait décidé de sortir en compagnie de sa concubine et de ses enfants afin que ces derniers puissent “prendre un peu l’air”. Ils se rendent au supermarché La Centrale à Saint-André, et achètent un poulet grillé dans un commerce situé à proximité. Sur le parking de la grande surface, Souma Soumaïla donne quelques morceaux à ses enfants et, seul, il va rejoindre des membres de la communauté mahoraise. Il s’invite dans le groupe qu’il a l’habitude de fréquenter et envisage de célébrer la fête Kaf avec eux. Il marque sa participation en donnant 15 euros à un ami pour acheter du vin. Ce dernier revient avec huit litres de boisson. Tout le monde boit jusqu’à plus soif. L’ambiance dégénère quand Saïd Anrifadjati, dit Binot, “cherche des embrouilles”. “Il a renversé le vin et quelqu’un de la bande lui a fait une réflexion. J’en ai fait une aussi. Il m’a insulté et on a commencé à se battre”, relate Souma Soumaïla.

“Je voulais lui faire peur”

Puis les choses accélèrent. Au cours de la bagarre, Saïd Anrifadjati, très imbibé, tombe. “En se relevant, il a ramassé une chopine de bière et a fait comme s’il allait l’envoyer sur moi. Je me suis baissé pour l’esquiver et quand j’ai relevé la tête, j’ai vu qu’il ne l’avait pas lancée. Ensuite, il l’a fracassée sur ma tête, derrière mon oreille”. Des explications corroborées par le médecin qui a examiné l’accusé : la plaie était profonde de 3 cm. Sonné, Souma Soumaïla s’empare du couteau dont il s’était servi pour manger le reste du poulet et menace son adversaire. “Je voulais lui faire peur. Je n’avais pas l’intention de le tuer. Mais il n’était pas du tout impressionné et a continué d’avancer vers moi en brandissant le tesson”, affirme le mis en cause. “Vous aviez l’occasion de partir, de fuir, pourquoi ne l’avez-vous pas fait ?”, lui demande le président Michel Carrue. “Je n’avais pas l’idée de faire cela, j’étais énervé et j’avais peur”, rétorque-t-il avant de mimer les gestes qui ont conduit à la mort du malheureux. “Comme il venait sur moi, j’ai pris le couteau et je l’ai piqué une première fois au niveau de la poitrine. Il a continué à avancer. Je l’ai frappé une deuxième fois, je l’ai poussé et poignardé à nouveau dans le dos”, explique Souma Soumaïla qui dit avoir arrêté seulement lorsque sa fille et sa concubine lui ont intimé de le faire. Mais le mal est fait. Un des coups, quatre ont été relevés, a provoqué de graves lésions : l’arme, introduite jusqu’à la garde, a perforé un poumon et l’oreillette droite du cœur, altérant par là même, l’activité cardiaque.

Un sujet immature et anti-social

Rapidement prise en charge, la victime, décédera une demi-heure plus tard. Elle n’avait aucune chance de s’en sortir. “J’étais pas venu là pour batailler, j’étais avec ma femme et mes enfants. C’est lui qui, après m’avoir frappé, aurait dû prendre pitié et partir”, lance-t-il de sa voix grave. Des propos qui tendent à refléter l’expertise du psychologue. “Il se victimise et présente peu de culpabilité sur les faits. Il dénie toute gravité”. Pour l’expert psychiatre, Souma Soumaïla est un sujet immature, impulsif et de personnalité anti-sociale. En témoigne son casier judiciaire plutôt fourni : l’homme a déjà cinq condamnations à son actif. Au moment des faits, il sortait tout juste de prison. “Ses capacités d’adaptations sont très limitées. Il reste dangereux sur le plan social”, souligne l’enquêteur de personnalité. Un aspect repris par Me Rémi Boniface, représentant des parties civiles, dans sa plaidoirie. Selon l’avocat, la thèse de l’accident est inadmissible. “Rien ne peut justifier son acte criminel. Ce n’est ni une histoire de fatalité, ni la faute des autres mais bien la sienne. C’est lui qui a décidé de prendre le couteau. L’intention précède donc bel et bien l’action”. Du côté de la défense, Me Léopoldine Settama a tenté de démontrer que son client était en état de légitime défense et que ses actes sont intervenus en réponse à la menace qu’il sentait venir : la victime brandissait la chopine de bière et Souma Soumaïla n’a pas pu réagir autrement qu’en le frappant, pour se défendre. Une thèse qui n’aura pas convaincu les jurés

M.N

– Aujourd’hui et demain Le procès devrait se dérouler à huis clos car la victime était âgée de 11 ans à l’époque des faits. À la Plaine des Palmistes, courant 2003, J.G. est confondu pour un viol commis sur sa propre fille.

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