PAR MARC GROSCLAUDE

 Me Delarue est l'avocat d'Ali Boulahfa, considéré comme « l'ennemi public numéro1». PHOTO ÉMILIE DENIS Me Delarue est l’avocat d’Ali Boulahfa, considéré comme « l’ennemi public numéro1». PHOTO ÉMILIE DENIS

| COUR D’ASSISES DU NORD |

Quatorze banques de la région ont été braquées, entre 2002 et 2004. Sept Roubaisiens ont été jugés pour ces faits, pendant trois semaines, par la cour d’assises du Nord. Elle doit rendre son verdict cet après-midi.

L’ambiance a été lourde, tout au long de ce procès. Lourde, surtout, du fait de la personnalité d’un des principaux accusés : Ali Boulahfa, encadré trois semaines durant par une impressionnante escorte. «  Il n’est pas innocent de tout, mais de quoi est-il coupable ?», a demandé Me Hubert Delarue, son avocat. Coupable, comme l’a martelé Dominique Hoflack, l’avocate générale, d’avoir été le chauffeur des véhicules de fuite et l’instigateur de neuf des vols à main armée ? Ou peut-être d’avoir été condamné pour avoir blessé par balle un policier à Roubaix, en octobre 2003.

« Grands criminels »

Une affaire qui doit être jugée en appel et à laquelle chaque jour il a été fait allusion. «  L’instruction a été scandaleuse », a martelé Me Delarue, refusant que son client soit jugé «  pour l’ensemble de son oeuvre ». Trente ans de prison, dont une peine de sûreté des deux tiers, ont été requis contre lui.

Le point de départ de cette série de vols à main armée est Mustafa Nachat. L’accusation a demandé vingt ans de prison à l’encontre de celui qui a reconnu tous les faits dont on l’accuse. À la barre, des policiers ont reconnu que, par ses aveux, il avait sorti de l’impasse nombre d’enquêtes sur des attaques de banques. C’est l’une des «  lueurs d’espoir » qu’entrevoit son avocat, Me Frank Berton, pour espérer une relative indulgence du jury.

En 2002, brisé par une affaire de braquage en Bretagne dont il ressort blanchi, Mustafa Nachat tombe dans le banditisme un peu par bravade et agit à visage découvert. Dans les agences bancaires, c’est «  l’état de guerre ». En 2004, il se serait «  mélangé » à d’autres Roubaisiens : Ronald Ramet, connu pour des affaires de violences et de stupéfiants, mais aussi Karim Oulmi, Mohamed Nachat (son frère), Rachid Belkacmi et donc Ali Boulahfa.

Ils seront emportés, a expliqué l’avocate générale, par «  la fièvre et l’exaltation des grands criminels qui peuvent agir en toute impunité et que rien n’arrêtera ». La violence a souvent émaillé ces vols à main armée. Au-delà du préjudice, plus de 350 000 E, «  ils ne s’attaquaient pas à des banques mais à des hommes », a affirmé Me Emmanuel Riglaire, avocat d’une soixantaine de parties civiles. Violence aussi lors des vols de voitures destinées à assurer la fuite. Violence, enfin, quand, après le braquage de Cassel, le 11 mai 2004, des policiers belges essuient des coups de feu.

Le 2 juillet 2004, on arrête en Belgique Mustafa Nachat, Ronald Ramet, puis Ali Boulahfa. On entrevoit alors la complexité de l’organisation que les braqueurs auraient mise en place, entre les hôtels belges pour le repli et la fourniture des armes de guerre. C’est ce qu’a exposé à l’audience un policier chargé de l’enquête lors d’une audience tendue. Une vision du banditisme nordiste avec, une fois encore, Ali Boulahfa en filigrane de ce récit. Plus encore que pour ses six co-accusés, s’il est condamné cet après-midi, la peine qui lui sera infligée sera lourde de sens.

vendredi 22.05.2009, 04:47 – P

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