Le Point.fr

Par Ségolène de Larquier (Avec agence)

Comment Radovan Karadzic compte échapper à la justice

Radovan Karadzic est accusé de crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide, notamment pour le massacre de près de 8.000 hommes et adolescents musulmans en juillet 1995 à Srebrenica, à l’est de la Bosnie © Jerry Lampen / AFP

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La défense de l’ancien chef politique des Serbes de Bosnie Radovan Karadzic a fait savoir mercredi qu’elle allait dévoiler des preuves de l’existence d’un accord conclu avec le négociateur américain Richard Holbrooke , qui protégeait son client de toute poursuite devant le Tribunal pénal international (TPI) pour l’ex-Yougoslavie. “La défense de Radovan Karadzic tiendra une conférence de presse le lundi 25 mai (…) pour annoncer le dépôt de sa motion visant à annuler l’acte d’accusation”, a précisé Peter Robinson, conseiller légal de Radovan Karadzic.

Cette motion dévoilerait ainsi les preuves que Richard Holbrooke avait fait une promesse à Radovan Karadzic un an après les accords de Dayton de 1995, lesquels ont mis fin à la guerre de Bosnie (1992-1995). Ces pièces ont été obtenues auprès du gouvernement américain et grâce à l’enquête menée par l’équipe de défense de l’ancien chef politique des Serbes, avance le conseiller légal du Rastignac sanglant de Bosnie. Les États-Unis ont d’ailleurs donné leur accord il y a quelques jours pour qu’un fonctionnaire américain soit interrogé au sujet de cette affaire. Une condition a été toutefois imposée : avant de fournir quelque information que ce soit, Washington a exigé d’obtenir un “ordre” du TPI garantissant la confidentialité.

Holbrooke a toujours nié

“En 1996, au nom des États-Unis, Richard Holbrooke a fait une offre aux ministres et hommes d’État qui étaient mes représentants autorisés (…) s’engageant au nom des États-Unis à ce que je ne sois pas jugé devant le tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie”, ne cesse de marteler Radovan Karadzic depuis son arrestation, le 21 juillet 2008 à Belgrade . En contrepartie, l’ancien chef politique des Serbes aurait accepté sa mise à l’écart de la vie publique et politique. Mais Richard Holbrooke, qui a négocié l’accord de Dayton et accompagné sa mise en oeuvre, a toujours nié l’existence de toute contrepartie secrète.

“Ces propos renvoient à un accord public conclu le 18 juillet 1996 avec Richard Holbrooke au sujet des devoirs de Karadzic. Si Holbrooke n’a pas caché la partie publique de l’accord, il dément toute contrepartie (…) mais sans être convaincant”, expliquait en août dernier au point.fr Florence Hartmann , placée au coeur du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) pendant six ans et ancienne porte-parole du procureur Carla Del Ponte. Et de poursuivre : “Une seule chose saute aux yeux : les treize ans de cavale de l’ancien leader politique des Serbes de Bosnie ne font que nourrir les suspicions et donnent du crédit aux allégations d’accord d’impunité.”

Le “boucher des Balkans”
, âgé de 63 ans, était, avec son alter ego militaire Ratko Mladic – toujours en fuite -, l’un des deux fugitifs les plus recherchés d’Europe avant son arrestation par les services secrets serbes. Il est accusé de crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide, notamment pour le massacre de près de 8.000 hommes et adolescents musulmans en juillet 1995 à Srebrenica, à l’est de la Bosnie. Il est considéré comme le cerveau du “nettoyage ethnique” lancé, avec l’appui de Belgrade, selon le procureur du TPI Serge Brammertz, contre les musulmans et Croates durant la guerre de Bosnie, qui a fait 100.000 morts et 2,2 millions de réfugiés, soit la moitié de la population bosniaque.

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