Maison de Saint-Nicolas-du-Pélem où le nouveau né a été retrouvé dans un congélateur, le 26 mars 2008.(AFP)
La mère du bébé retrouvé mort en mars 2008 dans un congélateur près de Guingamp a été condamnée vendredi 12 juin à huit ans d’emprisonnement par la cour d’assises des Côtes d’Armor à Saint-Brieuc. La cour a assorti cette peine d’un suivi socio-judiciaire et d’une injonction de soins pendant cinq ans.
L’avocat général avait réclamé une peine comprise entre huit et dix ans de réclusion criminelle, assortie d’un suivi socio-judiciaire d’une injonction de soins pendant dix ans, au nom notamment du « respect absolu de la vie ».C’est l’air abattu, et les larmes aux yeux, que cette mère de famille de 36 ans a accueilli le verdict.
« Je veux comprendre (…) je vais vivre avec cela toute ma vie »
Après deux jours de procès, le mystère demeure sur les raisons ayant conduit Valérie Serres à tuer son bébé né de sa troisième grossesse. C’est à l’été 2007, dans la ferme familiale de Saint-Nicolas-du-Pélem que l’infanticide a été commis. Dans une dernière déclaration aux jurés, l’accusée a souligné avec émotion: « Je veux comprendre (…) Sachez que chaque jour, je vais vivre avec cela toute ma vie. J’ai besoin de mes enfants pour avancer », a t-elle déclaré.
Interrogée précédemment sur les derniers instants de cette grossesse dissimulée, Valérie Serres, déjà mère de deux enfants à l’époque, se contentera d’évoquer des « flashs », des « images » sans pour autant pouvoir expliquer son geste sinon par la crainte d’une réaction violente de son mari dont il était coutumier.
La congélation comme moyen de « figer l’instant »
L’autopsie pratiquée sur le corps du nouveau-né avait révélé des traces d’hématomes crâniens. Brigitte Elghozi, psychologue clinicienne, explique que l’accusée a « agi dans un état d’immense désarroi », soulignant que dans un état « d’incapacité psychologique à accueillir l’enfant », elle s’était trouvée confrontée à la réalité « telle un coup de massue ».
Evoquant la congélation du petit corps, elle a soulevé l’hypothèse d’une volonté de « figer l’instant », pour un acte n’ayant pas été ressenti comme « vécu, mais figé ». La congélation constitue également une « symbolique du corps dont on ne peut se séparer », a-t-elle également expliqué.
Un état de « déréalisation »
Même hypothèse du psychiatre Jean-Pierre Leclercq, qui décrit l’état de « déréalisation » comme une « vision perturbée de la réalité ». Elle était atteinte d’une « altération du discernement au moment du passage à l’acte », a-t-il indiqué.
Me Jacques Demay, l’avocat de la défense, avait réfuté l’intentionnalité de l’acte de sa cliente et demandé « une peine qui lui permette de retrouver ses enfants le plus vite possible ». « Ne jugez pas cette femme comme un délinquant ordinaire », avait-il plaidé.
Valérie Serres est aujourd’hui divorcée de son mari Frédéric Le Gall. En septembre 2008, alors qu’elle était en détention préventive, elle avait accouché à la surprise générale de son quatrième enfant, personne n’ayant remarqué cette nouvelle grossesse.
(Nouvelobs.com avec AFP)
- Qu’est ce que le déni de grossesse?
- Un article sur l’infanticide dans l’Histoire
- « Infanticide : comment expliquer ce crime? », sur Doctissimo
- Sur la question du déni et de la mort du nouveau-né
- « Infanticides en série : étrange clémence des décisions judiciaires », sur le site Agoravox
- La convention internationale des droits de l’enfant
- Une fiche sur l’infanticide (Wikipédia)