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La lauréate du prix Nobel de la paix risque cinq ans d’emprisonnement pour avoir, selon le pouvoir birman, hébergé un Américain alors qu’elle était assignée à résidence.

Lors d'une manifestation de soutien (AFP)

Lors d’une manifestation de soutien (AFP)

Le procès à huis clos de la dirigeante de l’opposition birmane Aung San Suu Kyi s’est ouvert lundi 18 mai dans une prison au nord de Rangoun où elle est jugée pour avoir laissé un Américain séjourner chez elle en violation des restrictions liées à son assignation à résidence. Son avocat a assuré qu’elle était innocente des accusations portées contre elle par la junte au pouvoir.
La lauréate du prix Nobel de la paix, âgée de 63 ans, risque cinq ans d’emprisonnement pour avoir, selon le pouvoir birman, hébergé chez elle un Américain qui s’est introduit dans sa résidence après avoir traversé à la nage un lac jouxtant la propriété. L’arrestation jeudi de l’opposante et son placement en détention ont déclenché une tempête dans la communauté internationale, qui demande sa libération.

Elle “n’a commis aucun crime”

Le ressortissant américain, John William Yettaw, a été arrêté jeudi et sera également jugé lundi à la prison d’Insein, à Rangoon, où tous deux sont détenus avec deux femmes appartenant à l’entourage d’Aung San Suu Kyi.
La lauréate du prix Nobel de la paix clamera son innocence et affirmera qu’elle “n’a commis aucun crime“, a répété lundi son avocat, Kyi Win. “Elle a eu pitié de cet homme car il avait des crampes aux jambes après avoir traversé le lac”, a-t-il dit, ajoutant: “C’est la raison pour laquelle elle l’a autorisée à rester”.
“Il est très clair qu’il n’y a pas eu de violation des conditions” de son assignation à résidence, a déclaré Kyi Win. Elle “a raconté les faits à partir du moment où ce type (Yettaw) est entré dans la maison, et comment elle lui a demandé de quitter la maison”, a expliqué Kyi Win. Il a ajouté qu’après avoir entendu sa version, il lui avait semblé évident qu’elle n’avait pas violé les termes de son assignation à résidence.

Sécurité renforcée

Tôt lundi matin, les forces de sécurité birmanes ont renforcé les mesures de sécurité autour de la prison d’Insein. Des barrières et des barbelés ont été érigés pour bloquer tous les accès.
Néanmoins, des dizaines de sympathisants de l’opposition se sont rassemblés près de l’établissement pénitentiaire, autour duquel des policiers armés et en tenue anti-émeutes se tenaient prêts à intervenir.
“Des ambassadeurs de l’UE se sont rendus à la prison d’Insein, mais on ne les a pas laissés passer, et ils ont été obligés de faire demi-tour”, a déclaré un diplomate, en rappelant que “dans un état de droit, les audiences judiciaires sont publiques”.

Excentrique

On ignore encore la raison exacte pour laquelle le mormon John William Yettaw s’est rendu chez Aung San Suu Kyi. Son épouse, Betty Yettaw, a qualifié son mari d’excentrique, mais de défenseur de la paix et d’homme “pas du tout politisé”.
D’après son ex-femme Yvonne Yettaw, il s’était rendu en Asie pour travailler sur un article ayant pour thème le pardon. Elle a aussi affirmé qu’il était mormon, mais qu’il était peu probable qu’il soit allé en Asie du Sud-Est pour faire du prosélytisme ou pour convertir la prix Nobel de la paix.
Par ailleurs, Tin Myo Win, le médecin personnel de l’opposante, qui avait été emmené vendredi par la police, venue le chercher à son domicile, a pu rentrer chez lui, selon un membre de sa famille. “Il va bien”, a-t-il dit sous couvert d’anonymat par crainte de représailles.

Fin d’assignation

On ignore les raisons pour lesquelles le médecin a été arrêté. Un porte-parole de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) d’Aung San Suu Kyi, avait déclaré qu’il était possible que l’interpellation soit liée au ressortissant américain, qualifié d’“imbécile” par le mouvement pro-démocratique.
L’assignation à résidence d’Aung Suu Kyi était censée prendre fin le 27 mai au bout de six ans. L’opposante a passé plus de 13 de ces 19 dernières années assignée à résidence.
(Nouvelobs.com avec AP et AFP)

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