NOUVELOBS.COM | 24.08.2009 | 12:35

L’exécution de la sentence de la Malaisienne de 32 ans, mannequin de profession et condamnée à recevoir des coups de bâton pour avoir bu de la bière, est repoussée pendant le ramadan.

Kartika Sari Dewi Shukarno (Sipa)

Kartika Sari Dewi Shukarno (Sipa)

Une Malaisienne de 32 ans, mannequin de profession, condamnée à recevoir des coups de bâton pour avoir bu de la bière, aura un sursis pendant le ramadan, a-t-on appris lundi 24 août.
Kartika Sari Dewi Shukarno, qui vit depuis quinze ans à Singapour, a été condamnée le mois dernier à recevoir six coups de bâton et à une amende de 5.000 ringits (1.400 dollars), pour avoir bu de l’alcool dans une boîte de nuit d’un hôtel de l’Etat malaisien de Pahang, ce qui est contraire à la loi islamique.
Il s’agit de la première femme condamnée en Malaisie à des coups de bâton en vertu de la loi islamique.

“Elle recevra les coups de bâton après le mois du ramadan”

La jeune femme a été interpellée lundi par des responsables religieux qui devaient l’emmener dans une prison près de Kuala Lumpur, où la peine devait lui être infligée. Mais, après quelques kilomètres, le véhicule qui la transportait a fait marche arrière, avant qu’elle ne soit relâchée.
Sahfri Abdul Aziz, un élu responsable des affaires religieuses de l’Etat de Pahang, a indiqué que la sentence avait été suspendue jusqu’à la fin du mois du ramadan, qui a débuté la semaine dernière.
La sentence demeure. Elle recevra les coups de bâton après le mois du ramadan. Elle a été relâchée, mais seulement temporairement”, a-t-il expliqué, cité par le site Internet du journal Daily Star.

“Une façon efficace d’éduquer les musulmans”

Le sursis accordé pourrait être un moyen d’enterrer l’affaire, qui ternit l’image de la Malaisie, a estimé un responsable gouvernemental, sous le couvert de l’anonymat.
“Laissons le tribunal islamique décider. Le tribunal a le pouvoir de modifier la condamnation et, selon la loi, le sultan peut aussi accorder sa grâce”, a indiqué ce responsable.
“Je ne sais que dire”, a réagi la jeune femme. “Je veux connaître ma situation légale. Je ne sais pas si je suis libre”, a-t-elle ajouté.
La jeune femme, qui avait refusé de faire appel de sa condamnation, avait demandé que la peine lui soit infligée en public, estimant que ce serait “une façon plus efficace d’éduquer les musulmans à ne pas boire”.

Un châtiment “cruel et dégradant”

Le père de Kartika, Shukarno Mutalib, 60 ans, a vivement réagi à la confusion autour de l’application de la sentence et rappelé que sa fille voulait que la condamnation soit exécutée.
“Ma fille veut que la sentence soit exécutée. J’ai peur que les gens tournent la religion en ridicule“, a-t-il déclaré.
Amnesty International avait appelé vendredi la Malaisie à ne pas infliger les coups de bâton et demandé l’abolition d’un châtiment “cruel et dégradant”.
L’affaire a suscité une vive émotion dans le village de la famille, où une cinquantaine de partisans de la jeune femme se sont rassemblés lundi.

“Elle est persécutée”

“Je me demande pourquoi Kartika va recevoir des coups de bâton, alors que beaucoup d’autres musulmans boivent (de l’alcool). Elle est persécutée”, a estimé Wan Alawiah, un homme de 64 ans.
La Malaisie, pays multiculturel qui compte d’importantes minorités chinoise et indienne, dispose d’un double système judiciaire et les tribunaux islamiques peuvent juger les musulmans et faire appliquer la charia (loi islamique).
L’alcool est largement distribué en Malaisie, mais est interdit aux musulmans, qui représentent plus de 60% de la population. En cas de consommation d’alcool, ils encourent une amende, des coups de bâton, voire la prison, mais les poursuites sont extrêmement rares.

(Nouvelobs.com avec AFP)

0 réponses

Laisser un commentaire

Participez-vous à la discussion?
N'hésitez pas à contribuer!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.