Charleville-Mézières (Ardennes).

Au terme de deux heures de délibération, les jurés ont estimé que Christophe Boussemart n’était pas maître de lui, lorsqu’il a poignardé sa victime.

L’AVOCAT général Frédéric Roascio avait proposé aux jurés, le choix de la peine à infliger à Christophe Boussemart : soit 30 ans, prévus par la loi, s’ils estimaient qu’il n’y avait aucune excuse à son geste, d’avoir poignardé à mort Maurice Lebeaux, le 14 janvier 2006 (voir notre édition d’hier) ; soit 20 ans, s’ils considéraient qu’il s’était agi, ce jour-là, d’un coup de folie, provoqué par sa consommation simultanée de whisky, de vin, de bière, de cannabis et d’une dose excessive de LSD, l’accusé n’étant pas connu pour être un violent d’habitude.
En fin de compte, après en avoir délibéré, ils l’ont condamné à dix-huit ans de réclusion criminelle, avec une peine de sûreté de douze ans, à l’issue desquels il devra obligatoirement s’astreindre, durant encore dix ans, à un suivi sociojudiciaire, assorti de soins pour se guérir de son addiction à l’alcool et aux stupéfiants.
Une peine répondant aux motifs pour lesquels il a comparu durant deux jours. A savoir, bien sûr, son horrible meurtre, mais aussi les vols qu’il avait pris le temps de commettre dans l’appartement de sa victime avant de quitter les lieux, ainsi que la destruction volontaire de certaines preuves, dont l’Opinel – jeté dans la Meuse – avec lequel il avait porté une quarantaine de coups à Maurice Lebeaux, l’un d’eux lui ayant sectionné la carotide.
Effets hallucinogènes
Dix-huit ans, au lieu des vingt requis : la différence tient, sans doute, à la belle plaidoirie de Me Armelle Cherrih qui, pendant plus d’une heure, sera parvenue, avec la passion qui l’habite, à expliquer qu’un crime, ce n’est pas seulement la commission de l’acte en lui-même, mais aussi la volonté intellectuelle de le perpétrer, en toute connaissance de cause.
Or, a plaidé l’avocate, Christophe Boussemart, sous l’effet de sa fameuse dose de LSD – dont les scientifiques eux-mêmes n’ont pas encore évalué tous les effets hallucinogènes – n’était pas capable, lorsqu’il a frappé Maurice Lebeaux, tel un sauvage, de savoir ce qu’il faisait. Car une telle violence ne correspondait absolument pas au comportement habituel d’un homme réputé doux, gentil et bon père, Me Cherrih ne

manquant d’ailleurs pas de conclure son propos, en citant le témoignage de la fille de l’accusé, assurant qu’elle n’avait pas « reconnu son papa, dans tout ce qui avait été dit de lui », durant le procès.
Aucun remords
Parlant la dernière, comme le veut la pratique, l’avocate a ainsi fait oublier un peu, tout ce que les heures précédentes avaient eu d’accablant pour le meurtrier. D’abord, la déposition de l’expert psychiatre, le Dr Colin, qui a déclaré n’avoir noté aucun remords chez Boussemart, quant à son crime, aucun mot de compassion pour sa victime, ni aucune réelle volonté de sortir de la spirale de l’alcool et de la drogue, le jour où il sortira de prison, sa seule réelle préoccupation, ayant été qu’on lui ait enlevé ses piercing d’oreille en prison !
Ensuite, la plaidoirie de Me Patrick Manil, qui avait exprimé la douleur de la famille de Maurice Lebeaux, éprouvée deux fois de suite en quelques jours, d’abord par l’annonce terrible de la mort de celui-ci, puis peu après par le suicide de son fils qui n’avait pas supporté la nouvelle, en proie au remords de n’avoir pas invité son père pour Noël. L’avocat ayant développé, pour thèse, que Boussemart avait inventé sa soi-disant prise de LSD, alors qu’en fait, selon lui, il était venu délibérément agresser sa future victime à domicile, pour profiter de sa faiblesse et le dépouiller
Enfin, le réquisitoire très charpenté de l’avocat général Roascio qui, après avoir rappelé le déroulement de l’enquête et les fausses pistes explorées, avant de confondre Boussemart par son ADN, s’était attaché à décrire, sans complaisance, la personnalité désocialisée de l’accusé et la responsabilité qui était la sienne d’avoir provoqué, lui-même, son coup de folie.
En consommant un buvard de LSD, dont pour en avoir déjà éprouvé les effets bizarres à plusieurs reprises, il ne pouvait ignorer la dangerosité, au risque de s’en prendre à n’importe qui, le destin ayant juste voulu qu’il passe devant la maison de Maurice Lebeaux, alors qu’il était « en crise

».

G.G.-M.

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