Il se tient bien droit dans le box. Chemise claire, blazer foncé, visage juvénile aux cheveux blonds taillés ras, Xavier Houssin, 27ans, a bien l’image lisse du fils de la famille “bourgeoise catholique” dont il est issu. Depuis lundi après-midi et jusqu’à mercredi, il est jugé par la cour d’assises de Rennes pour le meurtre commis avec préméditation d’un jeune homme de 19 ans qui lui fournissait le cannabis qu’il revendait lui-même pour se faire de l’argent.
“Ben oui, je suis d’accord”. D’emblée, interrogé par la présidente de la Cour après la lecture de l’acte d’accusation, Xavier Houssin a reconnu les faits. Le meurtre et la préméditation. Tels qu’il les a lui-même racontés au juge d’instruction après deux premières versions. C’était le 17 juin 2006, près de La Mézières (Ille et Vilaine), dans “un endroit isolé”. Xavier Houssin avait donné rendez-vous à celui qui allait être sa victime en lui faisant croire qu’il allait lui présenter un nouveau client. Les deux hommes discutent à bord d’un véhicule puis en sortent pour uriner. Xavier Houssin, qui s’est muni d’une grosse lampe-torche, en profite pour en assèner un coup violent sur le crâne de son dealer. Radouane Radaf, 19 ans, tombe à genoux. Puis s’écroûle sous les coups répétés de son client qui lui donnera encore, “obligé d’en finir” selon ses dires, deux coups à la gorge d’un couteau récupéré dans l’auto. Le corps est ensuite enveloppé dans des sacs poubelles et chargé dans la voiture. Xavier Houssin quitte les lieux et s’en débarrasse en le jetant dans le canal d’Ille et Rance. Le corps de Radouane Radaf ne sera retrouvé que trois jours plus tard. Interrogé une première fois, Xavier Houssin n’est pas inquiété. Mais les incohérences de ses déclarations finiront par mettre à nouveau les gendarmes sur sa piste. Le jeune homme explique son geste par le harcèlement dont il était victime de la part de son dealer à qui il devait 5000 euros. Selon lui, ses ennuis d’argent provenaient d’une de ses propres transactions où il n’aurait pas été payé. Avant le rendez-vous fatal, Radouane Radaf l’aurait appelé plusieurs fois par jour, proférant des menaces à son encontre et à l’égard de sa petite amie. Ne supportant plus ces menaces, il aurait commencé à songer à le supprimer quelques jours avant le meurtre, car il était tenu “par les couilles”.
Devant la cour d’assises d’Ile et Vilaine, on a du mal à imaginer ce jeune homme au profil lisse et presque transparent se transformer en violent assassin. Les témoignages font d’ailleurs état d’un garçon “gentil, serviable, calme et non-violent”. Mais aussi “paresseux et cossard”, “dépensier et fuyant les difficultés”. Xavier Houssin est né à Versailles d’un père officier de l’armée de terre et d’une mère au foyer. La famille très “vieille france”, est manifestement à l’abri des besoins matériels. L’éducation est stricte et l’argent de poche se fait rare tandis que le jeune garçon déménage plusieurs fois au gré des affectations de son père. Compiègne, Limoges, Rennes. Les relations entre père et fils ne sont pas spécialement tendues. Plutôt inexistantes.
“Il parlait très très peu”, lâche l’accusé d’une voix basse et égale. Des problèmes de santé rendent ce père encore plus distant, à la fois dépressif et irascible. Le jeune homme, dont certains professeurs décrivent la “personnalité fuyante”, “nonchalante” voire “l’immaturité”, ne montre guère d’intérêt pour les études mais finira quand même par décrocher un D.U.T de génie mécanique qui lui permet d’être embauché pour un emploi qu’il exerce uniquement “pour l’argent”. C’est aussi pour l’argent qu’il commence à revendre du cannabis, au début de l’année 2004 selon un témoignage, multipliant au fil des mois les transactions pour un total de plusieurs kilos. Car, s’il est peu enclin au travail et préfère “se laisser vivre”, il se montre aussi “bon-vivant”, “agréable et généreux”, comme avec sa petite amie à qui il offre volontiers bijoux, vêtements et autres cadeaux. Selon les psychologues, l’accusé, qui a expliqué “sans états d’âme” avoir été pris dans un engrenage, ne présente aucun trouble particulier de la personnalité. C’est pourtant ce jeune homme bien élevé, qui s’exprime de manière aisé et précise, qui a aussi été capable, pour ôter la vie, de “coups portés avec une force et une rage particulière”. Il risque la réclusion criminelle à perpétuité.
Pierre-Henri ALLAIN
Laisser un commentaire
Participez-vous à la discussion?N'hésitez pas à contribuer!