Critique

LE MONDE DES LIVRES | 21.01.10 | 12h25  •  Mis à jour le 21.01.10 | 12h25

ans nul doute, ce livre a, dans l’esprit de son auteur, quelques résonances actuelles. Sans doute encore, l’avocat pénaliste Thierry Lévy, peu porté aux accommodements, l’a-t-il même écrit pour cela, lui qui participe à la défense des mis en examen pour le sabotage de lignes TGV, dans de l’affaire dite de Tarnac. On imagine volontiers sa gourmandise lorsqu’il écrit : “Le gouvernement crut qu’il se trouvait en face d’un vaste complot et que l’Internationale antiautoritaire, reconstituée en France, était en train de préparer un mouvement insurrectionnel généralisé.” Ou encore : “Sous la prévention d’association de malfaiteurs, on avait placé en détention 51 personnes arrêtées à Paris et dans la banlieue parisienne, pour la plupart anarchistes ou socialistes mais, faute de charges, deux seulement furent amenées devant le tribunal.”

Les faits évoqués ici, précisons-le, n’ont pas grand-chose à voir avec ceux qui sont reprochés dans l’affaire Tarnac. En effet, Me Lévy a choisi de s’attacher à quatre “propagandistes par le fait” de la fin du XIXe siècle : Caserio, qui poignarda le président Sadi Carnot, et les poseurs de bombes Ravachol, Auguste Vaillant, Emile Henry. Tous finirent sur l’échafaud. Mais c’est d’abord à leur démarche que s’intéresse l’avocat. Et aussi à leurs déclarations devant les cours d’assises. Pour eux, la société n’avait aucun titre à juger un individu. Surtout pas celle qui faisait donner l’armée contre les grévistes de Fourmies, en 1891, celle qui se livrait à des atrocités coloniales.

Le président de la cour d’assises : “Vous avez tendu cette main, que nous voyons aujourd’hui, couverte de sang.” Emile Henry : “Mes mains sont couvertes de sang comme votre robe rouge.” On sent l’auteur fasciné par ce face-à-face entre l’accusé et la cour. Un affrontement sans concessions ni formalisme sur la notion même de justice, et qui ne laisse d’ailleurs aucune marge d’existence aux avocats. “Ils ont engagé leur vie et celle des autres dans un pari risqué, mais ils ne se sont pas trompés en postulant que leur action n’amènerait pas une injustice plus grande que celle qu’ils combattaient”, écrit-il.

Captivé par les individualités, Thierry Lévy en oublie un peu l’essentiel. Au regard de l’histoire, et plus particulièrement de celle du mouvement anarchiste, l’action des propagandistes par le fait fut un lourd échec. Elle servira de prétexte aux fameuses “lois scélérates” de 1893-1894, déclenchant une terrible répression. Surtout, elle isolera les anarchistes, les coupant des luttes sociales dont ils étaient issus, les seules à pouvoir donner une légitimité à l’illégalisme comme moyen de combattre l’injustice. A ce titre, bien que se prévalant d’une lutte antiautoritaire, les propagandistes par le fait étaient porteurs d’une pratique autoritaire. Le théoricien libertaire Kropotkine (1842-1921) en tirera cette leçon : “Il faut être avec le peuple qui ne demande plus des actes isolés, mais des hommes d’action dans ses rangs.” Mais cette histoire-là est sans doute plus anonyme et moins glamour pour un grand avocat parisien.


PLUTÔT LA MORT QUE L’INJUSTICE. AU TEMPS DES PROCÈS ANARCHISTES de Thierry Lévy. Odile Jacob, 278 p., 23 €.

Caroline Monnot
Article paru dans l’édition du 22.01.10
LA JUSTICE EN PRATIQUES
LE MONDE DES LIVRES | 21.01.10 | 12h11  •  Mis à jour le 21.01.10 | 12h11

ne société plus juste est-elle possible ? Cette question est au coeur des débats publics depuis les révolutions américaine et française. Elle représente aussi un des grands problèmes de la philosophie politique. L’un des intellectuels les plus influents au monde, Amartya Sen, livre aujourd’hui sa théorie de la justice.

L’économiste indien distingue d’abord deux familles de pensée. De Hobbes à Kant en passant par Locke et Rousseau, la première “s’est concentrée sur la recherche de dispositifs sociaux parfaitement justes”. Elle culminerait avec le philosophe américain John Rawls (1921-2002), à qui le livre est dédié. Mais il existerait une autre tradition, allant d’Adam Smith à Marx en passant par Condorcet et John Stuart Mill, pour laquelle la question de la justice ne peut être résolue que par “comparaisons entre les divers modes de vie que les gens pourraient avoir” sous l’effet de différentes institutions.

Or pour Sen, les hypothèses de Rawls, qui redéfinissent la justice comme “équité”, sont critiquables en ce qu’elles recourent à “une simplification arbitraire et radicale d’une tâche immense et multiforme : mettre en harmonie le fonctionnement des principes de justice et le comportement réel des gens”. La tradition à laquelle Sen se rattache vise moins à chercher des principes de justice pure qu’à limiter en pratique les “injustices intolérables” : le combat contre l’esclavage mené par la révolutionnaire anglaise Mary Wollstonecraft et d’autres, au XVIIIe siècle, explique-t-il, ne s’est pas fait “dans l’illusion qu’abolir l’esclavage rendrait le monde parfaitement juste”. Plus largement, Sen invalide dans la philosophie politique toutes les démarches en surplomb qui visent à trouver des procédures idéales pour obtenir une diminution des inégalités.

Sa méthode découle du constat suivant : il existe toujours une pluralité des systèmes de valeurs et de critères pour penser la justice. A ce sujet, il donne un exemple. Soit une flûte qu’il faut attribuer à un seul parmi trois enfants. Le premier déclare la mériter parce qu’il est le seul à savoir en jouer ; le second clame qu’il est le seul à ne pas avoir de jouet ; le troisième affirme qu’il a fabriqué l’objet de ses propres mains. Dans ce cas, l’attribution est impossible à effectuer sans contredire au moins un principe de justice. Pour Sen, une résolution non violente de ce type de conflit ne peut pas venir d’une institution mais seulement d’une délibération publique.

Mais elle implique aussi qu’on ait auparavant exclu les critères non pertinents pour mesurer la justice. C’est sur ce terrain en particulier que la philosophie de Sen s’appuie sur sa théorie économique hétérodoxe. Ainsi, Rawls est à nouveau critiqué, mais cette fois pour avoir défini la justice comme distribution équitable des biens. Selon Sen, en effet, les manières d’utiliser ces biens et d’en bénéficier pour accroître sa capacité d’agir sont différentes selon les dispositions des individus et leurs milieux sociaux.

Avoir une voiture, par exemple, ne constitue pas pour tous ce que Sen appelle une “capabilité”, c’est-à-dire une possibilité d’améliorer effectivement son sort dans une direction souhaitée. Cette voiture ne sera convertie en liberté concrète que pour une personne ayant un permis de conduire et recherchant la mobilité, dans une société où la circulation est libre et où les embouteillages ou la pollution ne la rendent pas plus coûteuse que désirable. “L’avantage d’une personne, écrit Sen, est jugé inférieur à celui d’une autre si elle a moins de capabilité – de possibilités réelles – de réaliser ce à quoi elle a des raisons d’attribuer de la valeur.” Les questions de justice ne peuvent donc se réduire à des problèmes de répartition des richesses, ni non plus être ramenées aux différences de bien-être perçu.

“Pluralisme raisonné”

Sen place ainsi l’égalisation des libertés concrètes entre individus au centre de toute quête de justice. Il s’oppose cependant aux philosophes libéraux, qui considèrent que toute diminution des inégalités entravant les libertés serait mauvaise. Pour lui, cette priorité donnée à la liberté ne saurait constituer un absolu, car l’égalité comme la liberté sont appréciées et désirées différemment par les individus. Selon ce “pluralisme raisonné”, le progrès de la justice est inséparable de l’approfondissement de la démocratie, entendue comme délibération la plus large possible.

Cosmopolite, l’auteur s’inspire ici des cultures philosophiques occidentales et orientales, et notamment indiennes. Il propose de comparer les libertés entre individus comme entre les sociétés, et ce contre le point de vue actuellement dominant de ceux qui considèrent que la définition de la justice est relative à chaque culture ou qu’elle ne peut s’exercer pleinement que dans le cadre d’une communauté religieuse ou nationale fermée.

L’ouvrage en appelle au renforcement des possibilités démocratiques réelles, et d’abord des espaces de délibération publique. Il se conclut ainsi par une riche méditation sur l’isolement dont souffrent les individus, et qui apparaît en définitive comme l’élément le plus nuisible à la justice. Pour Sen, il s’agit d’imaginer une diminution des inégalités et un progrès de la justice sociale à l’échelle globale, sans attendre un hypothétique et bien improbable Etat mondial.

Par-delà une traduction souvent très lourde et les nombreuses répétitions d’un ouvrage mal composé, certains lecteurs poseront sans doute cette question : au terme de son parcours, l’auteur ne troque-t-il pas l’idéalisme des théoriciens de la justice pour celui des théoriciens de la démocratie, en prêtant trop peu d’attention aux conditions d’accès des individus à la discussion publique ? Pourtant, la puissance de ce livre est précisément que ces objections peuvent contribuer à affermir son argument sans le défaire. Il offre une voie plus réaliste que beaucoup d’autres pensées politiques pour faire, comme y invitait Pascal dans une formule célèbre, “que ce qui est juste soit fort” plutôt que “ce qui est fort soit juste “.


L’IDÉE DE JUSTICE (THE IDEA OF JUSTICE) d’Amartya Sen. Traduit de l’anglais par Paul Chemla avec la collaboration d’Eloi Laurent. Flammarion, 558 p., 25 €.Signalons également l’essai de Danielle Zwarthoed, Comprendre la pauvreté. John Rawls, Amartya Sen. PUF, “Philosophie”, 154 p., 12 €.

Laurent Jeanpierre

De l’économie à la politique
Né en Inde en 1933, Amartya Sen a enseigné dans de nombreuses universités en Inde, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis. Il est actuellement professeur à Harvard. Il a reçu le prix Nobel d’économie en 1998 pour ses travaux sur les causes de la famine, l’économie du bien-être et du développement et les mécanismes de la pauvreté. Egalement spécialiste des inégalités entre hommes et femmes, des inégalités face à la santé ou des inégalités de droits, il a contribué à l’invention de l’Indice de développement humain (IDH) du Programme des Nations unies pour le développement. Ses recherches se tournent depuis plusieurs années vers la philosophie sociale et politique. Comme l’ont montré notamment ses travaux sur le rôle de l’organisation de la distribution des produits agricoles dans la famine du Bengale, dont il fut le témoin en 1943, il relie de longue date les problèmes de justice économique et sociale aux questions d’ordre politique.

Article paru dans l’édition du 22.01.10
14/01/2010 à 00h00

Les injustices réparables selon Amartya Sen

Critique

Le Prix Nobel d’économie rend hommage au philosophe Rawls et le conteste

Par ROBERT MAGGIORI

«A la mémoire de John Rawls». Jamais exergue n’aura sonné aussi juste. En lui dédiant l’Idée de justice, Amartya Sen a voulu avant tout exprimer son amitié et son admiration pour le philosophe américain disparu en novembre 2002, dont il n’a pas cessé d’affirmer que la pensée était l’une des plus influentes du XXe siècle. Mais il y a plus. L’idée de justice se place elle-même, délibérément, en face du plus important ouvrage de Rawls, Théorie de la justice, et, pour une large part, en est la contestation radicale. Ce qui montre qu’en rendant hommage à celui qu’il critique, Sen, à qui le prix Nobel fut attribué pour avoir introduit la dimension éthique dans la recherche économique, met en pratique le comparatisme et le «pluralisme raisonné» dont il est le héraut, et donne une image de la discussion publique qui n’a rien à voir avec les batailles haineuses dans lesquelles vaincre compte davantage que convaincre et triompher de l’«ennemi» bien plus que faire triompher la position la plus proche de la vérité.

Théorie de la justice a été publié en 1971 (Seuil, 1987). Aucun ouvrage, si l’on en juge par le nombre de publications auxquelles il a donné lieu dans le monde, n’a eu sur la philosophie politique, l’éthique, le droit ou les sciences sociales, un impact égal au sien – à tel point que même les contradicteurs ont affirmé que tous ceux qui travaillent dans ces domaines devaient soit le faire «avec» Rawls, soit expliquer pourquoi ils ne le faisaient pas. L’idée de justice, synthèse de tous les travaux que Sen, économiste-philosophe, a présentés jusqu’ici, aura probablement dans les décennies à venir un retentissement similaire à celui que le texte rawlsien a eu depuis les années 70. Mis en vis-à-vis, les deux livres font comme un effet stéréophonique. Mais qu’on considère bien les titres : Théorie de la justice pour Rawls, l’Idée de justice pour Sen. Le premier évoque la recherche d’un ensemble de principes susceptibles de définir la justice sociale, alors que le second, plus réaliste, semble juste vouloir éclairer l’«idée» de justice, en déterminant les «types de raisonnements» qui doivent «intervenir dans l’évaluation de concepts éthiques et politiques tels que ceux de justice et d’injustice». En réalité, il y a aussi une «théorie» de la justice chez Sen, mais «au sens large» : le penseur indien cherche à savoir comment procéder, pratiquement, pour éliminer les «injustices réparables».

Si Sen met tant de soin à critiquer Rawls, c’est que leurs théories s’inscrivent dans des courants vraiment opposés. L’approche dominante dans la philosophie morale et politique contemporaine, qui est celle de Rawls, identifie des dispositifs institutionnels parfaitement justes, qui seraient justes pour toute société. Sen s’en démarque. Au lieu de spécifier ce qu’est «le juste» en soi, il cherche des critères permettant de «dire si une option est “moins injuste” qu’une autre», établit des comparaisons entre sociétés, et tente de «déterminer si tel changement social particulier» va dans le sens de la justice ou accroît l’injustice, en avançant des arguments dont il espère qu’ils peuvent «avoir quelque pertinence dans les discussions et décisions concernant des politiques et des programmes concrets», comme cela est déjà le cas pour «certains débats contemporains de la Cour suprême des Etats-Unis», concernant notamment l’opportunité d’infliger la peine de mort, même à majorité accomplie, pour des crimes commis par mineur. Ces deux façons d’envisager une théorie de la justice relèvent, l’une de l’«institutionnalisme transcendantal», l’autre de la «comparaison des situations réelles». Sen se rattache à cette dernière tradition, illustrée par Adam Smith, Condorcet, Jeremy Bentham, Mary Wollstonecraft, Marx ou John Stuart Mill, dont le souci «était d’éliminer certaines injustices du monde qu’ils avaient sous les yeux». Rawls, lui, suit la lignée de Hobbes, de Locke, de Rousseau, de Kant, qui se caractérise par la détermination «contractuelle» de principes destinés à servir dans une «société bien ordonnée» où chaque citoyen, être de raison, est supposé «agir avec justice». L’un des principes qu’il énonce se résume ainsi : on peut accepter que l’inégalité soit introduite si et seulement si le plus petit avantage accordé aux plus favorisés donne le plus grand avantage possible aux plus défavorisés.

Utilitarisme. Le propos de Rawls est sérieux. Mais il pose problème : il est possible «qu’on ne parvienne à aucun accord raisonné sur la nature de la “société juste”», et il peut se faire que des principes contradictoires soient également valables. Sen prend un exemple limpide. Il s’agit de décider qui des trois enfants, Anne, Bob et Carla doit recevoir la flûte qu’ils se disputent. Anne la revendique parce qu’elle est la seule à savoir en jouer, Bob parce qu’il est pauvre et n’a pas d’autre jouet, Carla parce qu’elle l’a fabriquée. L’égalitarisme économique, décidé à réduire les écarts de ressources, l’attribuerait à Bob. L’utilitarisme, voyant qu’elle pourrait en faire le meilleur usage et en tirerait le maximum de plaisir, la donnerait à Anne (ou peut-être à Bob, qui en aurait le plus grand «gain de bonheur»). Mais si on défend le «droit aux fruits de son travail», dans une perspective de droite (libertarienne) ou de gauche (marxiste), la flûte reviendrait à Carla.

Aucune de ces revendications n’est infondée, et chaque principe général qui la sous-tend vaut les deux autres. Aussi le chemin vers le «parfaitement juste» est-il impraticable. Sen note que ceux qui ont lutté pour les droits des femmes ou pour l’abolition de l’esclavage «ne se dépensaient pas dans l’illusion qu’abolir l’esclavage rendrait le monde parfaitement juste», mais constataient qu’une société esclavagiste (ou sexiste, ou raciste, etc.) est totalement injuste, qu’il fallait l’abolir au plus vite, sans pour cela rechercher un consensus sur les contours d’une société idéale. Avec l’Idée de justice, il va donc fournir des outils théoriques sur lesquels un consensus peut être élaboré dans le débat public, de sorte que, mis en pratique, ils puissent participer à l’élimination de dispositions, positions, faits ou situations outrageusement injustes, de la faim à la précarisation, de la non-scolarisation des enfants au non-accès à la santé.

Liberté réelle. Quels sont ces outils ? Difficile de les répertorier sans schématiser le livre. «Toute théorie de l’éthique et de la philosophie politique», écrit Sen, doit choisir une «base informationnelle», c’est-à-dire «décider sur quels aspects du monde se concentrer» pour mesurer la justice et l’injustice, mais aussi estimer «l’avantage global d’un individu», en prenant par exemple comme critère le bonheur (utilitarisme), le revenu, les ressources ou les «biens premiers» (Rawls). Celui que choisit Sen tient au concept de «capabilité», fondé sur la liberté réelle, grâce auquel l’économiste a par ailleurs radicalement transformé la mesure des indices de «pauvreté» (laquelle reçoit une définition «multidirectionnelle», n’étant plus seulement absence de ressources mais impossibilité plus ou moins grande de vivre selon ce qui nous paraît bon de faire ou d’être). Le concept est opératoire à plusieurs niveaux, tant celui des différences entre sociétés que des différences entre avantages individuels. Selon le professeur de Harvard, l’analyse de la justice, au lieu de se concentrer sur la nature des institutions, doit prêter attention à la vie que les personnes sont effectivement en mesure de mener. «L’avantage d’une personne, en termes de possibilités, est jugé inférieur à celui d’une autre si elle a moins de capabilité – moins de possibilités réelles – de réaliser ce à quoi elle a des raisons d’attribuer de la valeur», et moins de liberté à utiliser ses biens pour choisir en toute indépendance son propre mode de vie.

Débat public. Ce n’est là qu’une petite partie de l’Idée de justice. Le propos d’Amartya Sen inclut, entre mille autres choses, une réflexion sur la démocratie, vue, selon l’expression de John Stuart Mill, comme «gouvernement par la discussion», lequel requiert que le débat public soit pris au sérieux, et canalisé par des moyens d’information ou de communication libres et responsables. Il est soutenu par la même quête d’équité que celui de John Rawls auquel il s’oppose – mais affirme sans doute avec plus de force que le fait de ne pas pouvoir définir et encore moins réaliser une société juste, n’exclut pas qu’on fasse tout pour éliminer ce qui est manifestement injuste.

LE MONDE | 12.01.10 | 13h24

près le volume consacré aux meilleurs grands reportages publiés dans Le Monde, les éditions les Arènes récidivent. En proposant les comptes rendus de 100 procès, elles nous offrent une plongée inédite dans l’histoire contemporaine.Bien sûr, nous sommes juge et partie dans cette affaire, mais une fois le volume en main, qui pourra contester le plaisir éprouvé à feuilleter ce livre-album ? Qui boudera la lecture du compte rendu d’André Fontaine, en 1950, du procès René Hardy, ce dirigeant de la Résistance accusé à la Libération de trahison et deux fois innocenté ? Ou celui du général Salan, chef de l’OAS, en 1962, par Jean-Marc Théolleyre, qui fut le maître incontesté de la chronique judiciaire ?

De page en page, c’est l’histoire qui défile. On assiste comme en direct aux débats. C’est le mérite de ces récits d’audience de capter les dialogues qui auraient été autrement perdus à jamais : les questions des juges, les accusations du procureur, les réponses des accusés, les plaidoiries, tout est là. Tout est à lire ou relire. C’est le maréchal Pétain, Klaus Barbie, Maurice Papon, dont on égrène les fautes et les forfaits. C’est ceux qui ont voulu tuer le général de Gaulle, dans les années 1960, dont on cherche à comprendre les raisons.

Ces comptes rendus – illustrés par des photographies de presse de l’époque – offrent aussi un regard sur les tabous d’une société. C’est la question de l’avortement qui fait ainsi irruption au tribunal de Bobigny, en 1972. C’est la vie d’un accusé et le débat sur la peine de mort qui se joue, en 1977 à Troyes, lorsque Pierre Georges nous fait assister à la plaidoirie de Me Robert Badinter. Ce dernier agrippe d’entrée de jeu le jury : “Il n’existe pas de grand procès. On croit que, parce qu’il y a beaucoup de monde, beaucoup de journalistes, c’est un procès différent des autres. Ce n’est pas vrai. Ici, c’est lui, c’est vous et c’est un petit peu moi.” On y est. On est immédiatement embarqué dans ce fleuve de passions. Et l’on passe avec gourmandise du récit charpenté sur l’affaire Dominici ou le procès Clearstream au rapide croquis d’audience : la défaillance fiscale de Johnny (1977), l’absence de Françoise Sagan au premier jour de sa comparution pour usage de drogue (1995). Tant il est vrai que de “petits” procès peuvent se révéler “grands”.


“LES GRANDS PROCÈS, 1944-2010. LE MONDE”, éd. Les Arènes en partenariat avec Europe 1, 564 pages, 24,80 euros.

L. G.
Article paru dans l’édition du 13.01.10

NICE | La justice française a attribué mercredi à la Fédération de Russie la propriété de la prestigieuse cathédrale Saint-Nicolas de Nice, qui avait fait l’objet d’une longue bataille judiciaire entre l’Etat russe et une association cultuelle locale.

Photo prise le 10 février 2006 de la cathédrale orthodoxe russe de Nice.

© AFP | Photo prise le 10 février 2006 de la cathédrale orthodoxe russe de Nice.

AFP | 20.01.2010 | 12:44

Le tribunal de grande instance de Nice a fondé sa décision sur la nature du bail emphytéotique en vertu duquel l’association occupait les lieux, estimant que ce bail ne lui donnait pas droit à “usucapion”, c’est-à-dire à acquérir, par l’occupation durable des lieux, un droit de propriété.

La justice a donné à l’Etat russe la propriété intégrale du bâtiment, du terrain et de toutes les oeuvres d’art qui se trouvent dans la cathédrale.

La cathédrale Saint-Nicolas, le plus grand édifice orthodoxe russe hors de Russie, reçoit chaque année entre 100.000 et 150.000 visiteurs, ce qui en fait l’une des principales attractions touristiques de la Côte d’Azur.

Nécrologie
LE MONDE | 06.01.10 | 15h42  •  Mis à jour le 06.01.10 | 15h42

e nationalisme corse, le barreau de Bastia et nombre de représentants – simples citoyens ou notables – de la société insulaire sont en deuil. L’avocat bastiais Vincent Stagnara, ancien bâtonnier, est mort. Victime d’une chute du troisième étage – accident ou suicide ? Il n’a laissé aucun message, mais les enquêteurs évoquent le suicide -, Vincent Stagnara, 59 ans, s’est écrasé sur le trottoir au pied de son immeuble de la rue César-Campinchi, dans le centre de Bastia, samedi 2 janvier peu après 13 h 30.

Affable, déterminé et passionné, tel était Vincent Stagnara. Né dans une famille modeste, ce fin lettré aimait son île, les discussions politiques, les livres – d’histoire et de littérature – et le Sporting Club de Bastia. Pendant près de trente-cinq ans il a plaidé en faveur des nationalistes corses. Devant la Cour de sûreté de l’Etat d’abord, puis, après la dissolution de cette juridiction d’exception par François Mitterrand en 1981, devant les cours d’assises spécialement composées de magistrats professionnels. Cet homme aux convictions marquées à gauche – il avait un temps milité au PSU au début des années 1970 avant de rejoindre l’Action régionaliste corse (ARC) -, était un partisan résolu de l’indépendance de la Corse et de la lutte “per la nazione”, qu’il soutenait “sous toutes ses formes”.

Sa vie professionnelle et son militantisme se confondaient en un seul et même engagement. C’est en 1976, en défendant le docteur Edmond Simeoni, condamné à cinq ans d’emprisonnement pour l’occupation de la cave vinicole d’Aléria, qui s’était achevée en août 1975 par la mort d’un CRS et de deux gendarmes, que Vincent Stagnara s’était révélé aux côtés d’autres avocats corses.

Après ce premier procès spectaculaire, Vincent Stagnara fut de toutes les grandes confrontations judiciaires concernant des nationalistes corses. En 1978, il est sur le banc de la défense au premier procès de 21 membres du jeune Front de libération nationale Corse (FLNC) ; il y sera en 2003 aux côtés du commando poursuivi pour l’assassinat du préfet Claude Erignac ; il y sera encore en 2006, lorsque Vincent Andriuzzi et Jean Castella, accusés d’être les commanditaires de cet assassinat, seront acquittés en appel, tout comme il y fut l’année d’avant, lors du procès en correctionnelle du chef nationaliste Charles Pieri ou encore pour plaider en faveur de Jo Peraldi, condamné à quinze ans de réclusion pour un double attentat commis en plein jour, en 1999, contre des bâtiments publics d’Ajaccio.

Parallèlement à ses activités d’avocat, Vincent Stagnara avait exercé des responsabilités de premier plan au sein de l’organisation nationaliste A Cuncolta, dont il fut secrétaire général au début des années 1980. Comme l’a révélé en 2006 l’ancien commissaire de police Lucien Aimé-Blanc dans son livre L’Indic et le Commissaire (éditions Plon), cette double exposition au service de la cause nationaliste avait valu à Vincent Stagnara de figurer à la fin des années 1970 sur une liste de cinq dirigeants nationalistes suspectés d’appartenir au FLNC, que des policiers agissant en marge de leurs services se proposaient d’éliminer.

Dans les années 1990, lorsque le mouvement nationaliste se déchire et qu’autonomistes du FLNC-canal habituel et indépendantistes du FLNC-canal historique s’entretuent, Vincent Stagnara choisit résolument le camp indépendantiste. S’il prend un peu de recul à partir de 1993, c’est pour mieux s’investir à partir de 1999, avec Charles Pieri et Jean-Guy Talamoni, dans l’exécutif de Corsica Nazione, devenu Corsica libera en 2008, à la faveur d’une énième recomposition du mouvement indépendantiste.

Vincent Stagnara considérait que la solution du problème corse passait par l’Europe et l’élargissement de ses institutions. Homme de dialogue, il avait mis beaucoup d’espoir dans le processus de Matignon commencé en 2000, sous l’égide de Lionel Jospin, alors premier ministre. “On a été à deux doigts de demander aux militants clandestins qu’ils déposent les armes”, avait-il confié au Monde quelques années plus tard. Il a été enterré lundi 4 janvier, en présence d’une foule nombreuse, dans son village d’Ersa, à l’extrémité du cap Corse.

Yves Bordenave

Dates clés
10 août 1950
Naissance à Bastia.

18 décembre 1974
Prête serment au barreau de Bastia.

1976
Défend le docteur Simeoni, jugé après l’affaire d’Aléria.

2 janvier 2010
Mort à Bastia.

Article paru dans l’édition du 07.01.10

Divertissement01234 (17 votes)

Douze hommes en colère

  • Genre : Spectacle
  • Tous publics

Résumé :

Les douze jurés du procès d’un adolescent noir de 16 ans, accusé d’avoir poignardé son père, sont enfermés dans une pièce le temps des délibérations. Si ces hommes rendent le verdict «coupable», plus rien ne s’opposera à la peine de mort. Et tout accuse le suspect : la voisine d’en face l’a vu, le vieil homme du dessous l’a entendu, un commerçant lui a vendu, le soir du meurtre, le couteau qu’on a retrouvé dans le corps de son père. Pourtant, lors du vote qui doit décider du verdict final, un juré ne lève pas la main pour désigner le jeune accusé coupable, car il n’est pas sûr de sa culpabilité. L’unanimité étant requise, un long débat s’annonce. Au cours des discussions, chacun adopte une position qui ne cesse de changer au rythme des arguments fournis.

Casting :

Critique :
A contre-emploi, Michel Leeb mène tambour battant ce huis-clos haletant. Prenant, ce thriller, écrit par Reginald Rose en 1953 et adaptée au cinéma par Sidney Lumet en 1957, est incroyablement contemporain. Rachel Letellier + Uriell Ceillier

Boxe

?

Manny Pacquiao a laissé entendre qu’il allait faire appel aux tribunaux afin de déposer une plainte pour diffamation à l’encontre de Floyd Mayweather.
Manny Pacquiao est énervé par des allusions de dopage qui entourent mais surtout menacent le combat prévu avec Floyd Mayweather.(EQ)
Manny Pacquiao est énervé par des allusions de dopage qui entourent mais surtout menacent le combat prévu avec Floyd Mayweather.(EQ)

Le “combat du siècle” entre l’Américain Floyd Mayweather Jr et le Philippin Manny Pacquiao, qui devait avoir lieu le 13 mars 2010 à Las Vegas pour la conquête du titre WBO des welters, est en bien mauvaise voie pour se disputer sur un ring. En revanche, les deux hommes pourraient très bien se retrouver devant les tribunaux, si l’on en croit les propos tenus par le boxeur asiatique.

Résumé des épisodes précédents. À quelques heures du réveillon de Noël, Bob Arum, le promoteur de Pacquiao, excluait que le combat puisse se dérouler à la date prévue. «En ce qui me concerne, c’est terminé», déclarait-il. En cause : un désaccord entre les deux clans sur les modalités du contrôle antidopage. L’entourage de Mayweather souhaite en effet une procédure conforme aux règles de l’Agence mondiale antidopage (AMA) et de l’Agence antidopage américaine (USADA). Ce à quoi se refuse Pacquiao, effrayé par l’acte en lui-même d’un test sanguin si proche de son combat et n’ayant qu’une confiance limitée en l’USADA. Mais Arum n’excluait pas l’hypothèse d’un duel plus tard dans l’année : «Est-ce qu’on pourrait l’organiser à l’automne ? On verra».

«Ferme ta grande bouche»

Vendredi, nouveau rebondissement. «Trop c’est trop», s’insurge Pacquiao dans un communiqué, en réaction à certaines allusions du clan Mayweather ironisant sur son refus de se soumettre à des contrôles antidopage. «Je dis à Floyd Mayweather Jr : ne sois pas un lâche et affronte moi sur le ring, mano a mano et ferme ta grande bouche, pour que nous puissions montrer au monde qui est le véritable roi sur le ring», a insisté le boxeur asiatique. «J’ai demandé à mon promoteur, Bob Arum, de m’aider à remplir une plainte dès que possible parce que maintenant, des gens viennent me voir pour me demander si je me dope et si j’ai triché pour devenir le meilleur boxeur du monde». Et Pacquiao de conclure : «Cher Floyd, malgré toutes ces accusations, je te souhaite un joyeux Noël et l’on se verra bientôt dans les tribunaux». (avec AFP

 Vanessa Hudgens : elle fait un procès à un site qui a diffusé ses photos de nu !

Si la star d’ High School Musical ne rechigne pas à poser dans le plus simple appareil, la jolie brune de 19 ans ne supporte pas de voir ses photos exposées sur la toile, et a intenté un procès contre un site qui a osé les publier.

Pas farouche devant l’objectif, Vanessa , qui avait 17 ans au moment où elle posait sur ces fameuses photos, l’est davantage lorsque celles-ci sont rendues publiques ! C’est pour ça que l’actrice, considérant ces photos comme privées, a décidé de poursuivre en justice Moejackson.com, un site qui refuse de les retirer.

D’apès le site TMZ, Vanessa ne stipule pas précisément dans la procédure qu’il s’agit de photos où elle s’affiche totalement, préférant parler sobrement de “photos portrait”.

Quoi qu’il en soit, les clichés, pris par un téléphone, ont été envoyés à plusieurs sites “à l’insu et sans le consentenement de Vanessa rapporte la procédure. D’après TMZ, ils étaient tous marqués d’un Copyright, permettant aux avocats de l’actrice d’invoquer la violation du droit d’auteur.

Aujourd’hui, la compagne de Zac Efron exige que les photos soient rapidement retirées, et réclame en outre des dommages.

Peut-être devrait-elle aussi demander des comptes à la personne qui était derrière l’objectif ?

24-12-2009 – 14h21

Il était une fois la Renaissance. Le siècle des humanistes

Best-sellers, petits juges et chasse aux sorcières

Par David Caviglioli

Ce n’est pas seulement au Moyen Age qu’on a envoyé les sorcières au bûcher, mais à la Renaissance, entre l’invention de l’imprimerie et celle de l’Etat moderne

sorcière.jpg

Le pays Basque a toujours posé problème. En janvier 1609, Pierre de Lancre, conseiller au parlement de Bordeaux, époux de la petite-nièce de Montaigne, reçoit une lettre de Paris. On lui explique qu’un petit seigneur du Béarn a vu son château réquisitionné par une meute de sorcières le temps d’un sabbat et qu’il a fini la soirée apeuré, persuadé que l’une d’elles lui suçait le sang. Voilà longtemps déjà, lui raconte-t-on, que les femmes du pays, notamment les veuves, deviennent folles à la nuit tombée, se lient à Satan et dansent avec des crapauds.

Lancre, l’homme du monde, se rend sur place. Il n’ignore rien de ce qui l’attend. Les sorcières font partie du paysage. Il a sûrement lu le « Malleus Maleficarum », le traité de démonologie écrit par deux dominicains allemands en 1487, premier livre de poche de l’histoire, réédité plusieurs dizaines de fois depuis. Comme beaucoup de gens de son rang, il a dû apprécier le « Discours des sorciers » d’Henry Boguet, dans lequel ce consciencieux légiste relate les procès de sorcières qu’il a menés dans le Jura, lui aussi voué au Diable et aux chats noirs. Boguet a tout d’un moderne: il déconseille les tortures inutiles et recommande d’étrangler les condamnés avant de les mettre au feu – sauf les loups-garous, « qu’il faut avoir bien soin de brûler vifs ». Il pense que les âmes de moins de 14 ans n’intéressent pas le Diable, bien qu’il ait eu affaire à la petite Louise Maillat, 8 ans, possédée par pas moins de cinq démons. Par ailleurs, Lancre sait sans doute qu’il reste environ deux millions de damnés à exterminer en Europe, chiffre avancé dans « De la démomanie des sorciers », l’ouvrage illuminé de Jean Bodin, le théoricien fondateur de l’Etat moderne et souverain. Enfin, il est conscient que le problème de la sorcellerie appelle des solutions radicales: un demi-siècle plus tôt à Toulouse, il aura fallu envoyer 400 personnes au bûcher ; en Lorraine, le terrible Nicolas Rémy a passé, en trente ans, entre deux et trois mille sorciers et sorcières par les flammes. Lui aussi écrivit son best-seller « humaniste » sur le sujet…

sorciere.jpg

Dagli Orti
Une sorcière de Patinir

Lors des procès qu’il commence à conduire, Pierre de Lancre se découvre une pointe de fascination pour les récits de ces sabbats, auxquels se rendent, paraît-il, des prêtres et des gens de bien. Les sorcières qu’il juge devinent son goût pour l’horrible, comprennent qu’il est un homme à séduire. C’est justement là qu’elles excellent. Certaines s’endorment pendant les audiences, puis se réveillent en clamant que Satan vient de les faire jouir. La plus hardie a 17 ans, on l’appelle la Murgui. Elle affiche ses penchants lesbiens, dénonce les femmes plus belles qu’elle, roule des hanches, multiplie les détails scabreux que son accent espagnol rend presque charmants. Le petit juge croit trop à Satan pour voir le Diable où il est vraiment. Il est sous le charme. La délation va bon train pendant les quatre mois de procès. Près de quatre-vingts sorcières sont brûlées vives. Bien entendu, Lancre en tire un livre.

Ces aimables magistrats-écrivains, de Rémy le Lorrain à Lancre le Bordelais, montrent deux obsessions. La première est sexuelle. Ils sentent que la débauche prospère dans les sabbats. Ils soupçonnent les paysans de s’y livrer aux joies de l’inceste et de l’adultère, désinhibés par la magie noire de païennes échevelées. L’aigreur de ces juges est toute masculine. Devant leurs tribunaux, huit fois sur dix, le mot « condamné » est à mettre au féminin. Pour eux, la sorcière renvoie non seulement à l’incarnation du Mal, mais aussi à bien pire: à la vérité même de la femme, qui s’obstine à être sujette au désir quand ils voudraient qu’elle n’en soit qu’objet.

Leur seconde obsession est politique. Les inquisiteurs savent que, depuis le XIIIe siècle, les sabbats dans lesquels des serfs à bout de nerfs défient les pouvoirs religieux et féodaux par des danses bestiales sont des foyers de révolte. Et ils veulent prouver que les tout jeunes tribunaux d’Etat pourraient réussir là où la justice épiscopale a échoué, éteindre ces voix discordantes venues d’on ne sait où. A travers la sorcière, ils s’attaquent aux figures de l’altérité, celles du Juif, du païen et du cabaliste. Dans ces grands bûchers européens, en plus des 50.000 personnes qui y trouvèrent la mort, disparut toute une tradition magique. La Renaissance ne pouvait pas supporter d’être prise de haut par des noctambules mystiques qui dansent avec des crapauds.

D. C.

A lire

« La Sorcière », par Jules Michelet, GF-Flammarion.

« Histoire de la sorcellerie », par Colette Arnould, Tallandier.

« Le Corps du Diable », par Esther Cohen, Léo Scheer.

Source : « Le Nouvel Observateur » du 23 décembre 2009

Toutes les critiques de l’Obs

Revenir à la Une de BibliObs.com