De page en page, c’est l’histoire qui défile. On assiste comme en direct aux débats. C’est le mérite de ces récits d’audience de capter les dialogues qui auraient été autrement perdus à jamais : les questions des juges, les accusations du procureur, les réponses des accusés, les plaidoiries, tout est là. Tout est à lire ou relire. C’est le maréchal Pétain, Klaus Barbie, Maurice Papon, dont on égrène les fautes et les forfaits. C’est ceux qui ont voulu tuer le général de Gaulle, dans les années 1960, dont on cherche à comprendre les raisons.
Ces comptes rendus – illustrés par des photographies de presse de l’époque – offrent aussi un regard sur les tabous d’une société. C’est la question de l’avortement qui fait ainsi irruption au tribunal de Bobigny, en 1972. C’est la vie d’un accusé et le débat sur la peine de mort qui se joue, en 1977 à Troyes, lorsque Pierre Georges nous fait assister à la plaidoirie de Me Robert Badinter. Ce dernier agrippe d’entrée de jeu le jury : “Il n’existe pas de grand procès. On croit que, parce qu’il y a beaucoup de monde, beaucoup de journalistes, c’est un procès différent des autres. Ce n’est pas vrai. Ici, c’est lui, c’est vous et c’est un petit peu moi.” On y est. On est immédiatement embarqué dans ce fleuve de passions. Et l’on passe avec gourmandise du récit charpenté sur l’affaire Dominici ou le procès Clearstream au rapide croquis d’audience : la défaillance fiscale de Johnny (1977), l’absence de Françoise Sagan au premier jour de sa comparution pour usage de drogue (1995). Tant il est vrai que de “petits” procès peuvent se révéler “grands”.
“LES GRANDS PROCÈS, 1944-2010. LE MONDE”, éd. Les Arènes en partenariat avec Europe 1, 564 pages, 24,80 euros.
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