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CHAMPENOIS Sabrina

«Moi ? Comme dit mon mari, je plaide comme une pelle.» Elle balance ça avec un petit sourire, Hannelore Cayre, limite bravache. Ferait-elle sa maligne, la grande gigue blonde ? Voilà une avocate pénaliste en exercice depuis dix ans, à Paris, collaboratrice de son époux. Jean-Christophe Tymoczko n’est pas une star du barreau, mais il arrive que son nom apparaisse au détour de faits divers médiatisés comme le décès d’un policier à la foire du Trône (il défend l’ado de 15 ans suspecté d’avoir poussé le gardien de la paix), ou le procès fait à Jean-Marc Priez, l’ex-président de l’association d’information sur les drogues Techno +, poursuivi pour facilitation et incitation à l’usage de drogue. Sa femme dit que «ça marche plutôt bien pour lui, plusieurs affaires par jour», quand la fréquence se fait pour elle plus aléatoire, mais sans que ça paraisse poser problème. Dans le même temps, Hannelore Cayre certifie que leur ordinaire professionnel est celui de ses livres, «qui peuvent apparaître outranciers», mais ne restituent que du vécu, par elle, lui, ou par des collègues ; et elle a des tonnes de récits en réserve.

Depuis trois ans, Hannelore Cayre secoue le cocotier du polar juridique. En termes de ventes, 6 000 à 8 000 exemplaires par livre, il n’y a pas de quoi téléphoner à sa mère. Sur le fond et la forme, en revanche, pourquoi pas. Son personnage fétiche, l’avocat parisien Christophe Leibowitz-Berthier, s’inscrit radicalement en faux contre l’imagerie afférente au job – au choix, héros incorruptible, intuitif limite médium, ou requin sans foi ni loi. Leibowitz, lui, n’a aucune grandeur, ne vaut pas mieux que ses clients, à 80 % des petits dealers qui oublieront de le payer. Un paria du barreau, Leibowitz. Alcoolique jusqu’à la lie. Cynique, couard et combinard, que les juges regardent comme «un étron». Ce qui d’ailleurs le ravit, lui qui mène le récit et allume tous azimuts : ses pairs, mais aussi le parquet, les flics. Des Scud, voilà ce que sont ces polars, et qu’ils viennent du sérail amplifie évidemment l’intérêt suscité par une verve ­vandale.

A lors, noble porte-voix des obscurs de la justice, Hannelore Cayre, dont le premier roman était dédié «aux soutiers du pénal et à Jean-Christophe» ? Rien du tout. Si elle parle de son mari comme d’un quasi-Zorro («Quand il accepte de défendre quelqu’un, c’est chaque fois comme s’il avait à sauver sa propre peau»), elle-même se décrit en simili-Leibowitz, passant un poil désabusée d’un dossier à l’autre ( «Cas classique : un petit dealer du canal Saint-Martin»). Un chroniqueur judiciaire qui l’a vue à l’oeuvre la décrit pourtant «solaire, dégageant une incroyable énergie». Qu’importe, elle ne cache pas rêver de remiser la robe pour l’écriture. Sachant que, à bon entendeur, salut, c’en est fini de Leibowitz : «J’estime être capable d’écrire autre chose que des polars à avocat.» Son ambition : renouer avec l’école réaliste du XIXe, Balzac & co. «Arriver à dézinguer une situation en une phrase, et atteindre une implacable véracité.» C es temps-ci, elle prépare l’adaptation cinématographique des aventures de Leibowitz, elle précise non sans fierté qu’elle a obtenu du palais une autorisation de filmer où elle veut dans la partie correctionnelle, «une première, pour une fiction».

C’ est un intrigant mélange, Hannelore Cayre. Incendiaire à l’écrit, créature d’une idoine urbanité trendy en chair et en os. Qui abonde en «pétasse !» ou «sale con !» tout en louant Jouhandeau ou Mirbeau, qui se dit «absolument à gauche» mais soufflette Ségolène d’un bon mot («J’ai voté pour elle aux deux tours, mais je déteste ce qu’elle représente, l’institutrice frigide qui tape sur les élèves qui lèvent le doigt»). Ça décoiffe, c’ est séduisant, mais un poil risqué : entre provoc trash chic et véhémence engagée, le soupçon d’affectation, de pose, peut faire son trou. Et il n’est pas interdit de penser que c’est ce qui agace le milieu du polar, dont elle dit qu’il la bat froid. Elle est lucide, d’ailleurs : «C’est mon côté bourge qui les dérange ; bourge de gauche, mais bourge quand même.» Elle a en tout cas l’élégance de ne pas nier son goût pour le confort, de ne pas dissimuler la maison avec jardin dans Paris intra-muros, ni les fringues de créateurs. A propos des dossiers qu’il lui arrive de partager avec son mari, elle dira qu’ils jouent alors «à Jonathan et Jennifer», ce couple de milliardaires à l’oeuvre dans le surréaliste feuilleton Pour l’amour du risque.

Son éditrice, Anne-Marie Métailié, la dit «très culottée» ; son amie Emmanuelle Uzan, chroniqueuse à l’émissiontélé On n’est pas que des parents, la voit«passionnante, pas forcément tendre, mais très drôle, capable de tout, très libre». «Il n’y a qu’à voir son parcours professionnel.» Avant d’être avocate, Hannelore Cayre faisait directrice financière à France 3 Cinéma. Jusqu’à ce jour de 1990 où, en vacances au Chili, pays de son premier mari, sa vie bascule. Accident de voiture, lui indemne, elle défigurée et touchée à la colonne vertébrale. Résultat, cinq mois tétraplégique, deux ans avant de recouvrer un usage correct de ses membres. Elle en conserve une claudication, une main légèrement repliée, un nez légèrement de guingois, et d’autres séquelles insoupçonnables comme cette insensibilité au froid qui la fait ne pas se couvrir assez et se retrouver comme ce jour enrhumée et affligée d’une «voix de canard».

Elle dit que c’est le goût de l’anecdotique et du fait divers qui l’a fait reprendre ensuite ses études de droit pour gagner le prétoire. Mais le côté show du métier semble aussi lui aller comme un gant, à cette grande gueule qui transforme le moindre détail de la vie quotidienne en quart d’heure homérique. Voir comme elle raconte cette fois où son fils de 8 ans a émis le désir de posséder une minimoto. «Une minimoto ! Mais j’ai dit : Albert, une minimoto, c’est moche, ça fait du bruit, ça pollue, et puis ça véhicule tous ces symboles liés au sport mécanique, le machisme, la fausse puissance. » Idem à propos de son ado de fille – qu’elle a adoptée bébé au Chili -, qui a eu le malheur de revenir avec un drapeau américain acheté dans une brocante. «Elle a argumenté qu’elle l’avait trouvé joli ; je lui ai répondu que ce n’était pas possible, elle qui est née dans un pays qui a connu la dictature, qu’il fallait réfléchir, s’interroger.» On la croit sur parole quand elle dit qu’avec son mari les différends d’ordre domestique tournent aux procès-fleuves.

Ses propres parents, c’est un sujet sur lequel elle se déchaîne, Hannelore Cayre. Le père, surtout. Pied-noir de Tunisie, fils d’un Auvergnat communard banni de l’Hexagone, il dirigeait une entreprise parisienne de transports routiers, spécialisée dans les destinations à risques (pays en guerre, «sensibles».) et les chauffeurs repris de justice. «Un nouveau riche qui ne croyait qu’au fric», siffle sa fille unique. Elle a très vite rêvé d’autre chose, notamment au contact des profs et des camarades d’un lycée autogéré. Il avait prévu qu’elle prenne sa relève, elle lui a échappé en prenant le chemin du droit. La mère, elle, est une Autrichienne (d’où ce prénom, que l’intéressée invite à prononcer «Annéloré») juive qui a fui l’Anschluss pour la France, où elle a connu le camp des Milles, près de Marseille. Très jolie et très coquette, elle a été doublure lumière de Viviane Romance avant de scotcher les regards des passants en étalagiste aux Galeries Lafayette. Ça vaudrait bien un roman ? Hannelore Cayre y travaille.

photo Rémy Artiges

Hannelore Cayre en 6 dates

24 février 1963

Naissance à Neuilly-sur-Seine.

21 novembre 1990

Accident de voiture au Chili.

1997

Prête serment.

2004

«Commis d’office»

(éd. Métailié).

2005

«Toiles de maître»

(éd. Métailié).

2007

«Ground XO»(éd. Métailié).


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de Isaac Bashevis Singer

critiqué par Sahkti, le 3 octobre 2007
(Genève – 33 ans)

La note:

Le quotidien dans tous ses états
Les nouvelles qui composent ce recueil ont été publiées en yiddish dans The Jewish Daily Forward entre 1955 et 1960. Ce n’est qu’en 2000 qu’elles ont été regroupées en un seul volume, en anglais; traduites en français et publiées en 2003.

Un rabbin de Varsovie, faisant également fonction de juge, doit trancher tous les problèmes qu’on lui expose, la plupart du temps des querelles de voisinage ou des litiges sans grande importance. Il y a aussi les amriages et les divorces à régler. Cela lui prend beaucoup de temps et son fiston, un petit garçon très curieux, assiste à presque toutes les audiences, trop content d’apprendre les ragots du quartier et de découvrir les facettes les plus amusantes des êtres qui l’entourent.

“De nouveau au tribunal de mon père”, c’est un supplément de près de trente historiettes, venant s’ajouter à celles déjà publiées dans “Au tribunal de mon père”.
Des nouvelles génialement ironiques et caustiques. Un humour proche de l’auto-dérision qui frôle la perfection et aborde des sujets graves avec une légèreté dont prend régulièrement conscience le lecteur, lui faisant apprécier encore davantage le talent de l’auteur. Car ce n’est pas donné à tous de parler de thèmes délicats avec autant de finesse et de saveur. On rit en pensant “Tout de même, comme il y va !”
Le lecteur se balade en compagnie d’un petit garçon très curieux. L’occasion de nombreuses réflexions piquantes et scènes cocasses.
L’écriture est simple, presque enfantine, un brin fofolle, créant une proximité, voire une complicité entre le lecteur et l’auteur. C’est bien vu et ça permet de tout dire. Un style dont quelques auteurs contemporains feraient bien de s’inspirer !


Passionné de polar, l’ancien juge d’instruction sort “Maquillages”, convaincant roman d’enquête à l’anglo-saxonne.

Quatre ans après s’être mis en disponibilité de la magistrature, celui qui plongea au plus profond des affaires chiraquiennes est aujourd’hui vice-président du tribunal de grande instance de Paris. Entre temps, il est aussi devenu romancier. Huit ans après son coup d’essai, Eric Halphen revient au genre policier: “Maquillages” est un polar… à l’anglo-saxonne! Rue89 a aimé.

On sait qu’Eric Halphen aime l’écriture et le roman. En 2002, il décide même de mettre sa carrière judiciaire entre parenthèses, et publie “Sept ans de solitude”, témoignage sur son expérience de juge d’instruction. Ce n’était pas son premier livre: en 1999, il publiait “Bouillotes”, son coup d’essai dans le roman noir. Si le roman manquait de verve, on saura gré au romancier Halphen d’une humilité et d’une abnégation qui, à défaut de déjà témoigner d’un style, sont en train d’en construire un.

Voilà un auteur qui avance par à-coups. Les personnages de ses romans s’offrent au lecteur de la même manière: par touches fines, successives, récurrentes. L’ancien juge montre une grande empathie, servie par une écoute envers ses personnages. Halphen est en train de cerner ses obsessions.

C’est pourquoi il faut être attentif à ce juge romancier. Certes, il semble, dans son humilité, rechercher la reconnaissance des siens. Mais ses préoccupations correspondent à celles du polar. Car ce tout nouveau “Maquillages” le prouve: c’est dans la littérature de genre qu’Halphen excelle. Dans le roman noir.

En homme qui connaît justice et police, et en fidèle lecteur de polars, Eric Halphen a bien cerné ce que ce genre peut dire de la société. Ce nouveau roman est d’ailleurs le premier d’un cycle politique, judiciaire et policier sur la France contemporaine.

Il y a quelque chose de rassurant à lire “Maquillages” un an après la diffusion sur Canal+ de la série “Engrenages”. Un juge, un substitut du procureur, des brigades policières et leurs histoires internes, des affaires de drogue et de prostitution touchant des milieux politiques: la série déroulait une galerie de portraits touchants, dans le but caché de montrer la diversité des affaires que pouvait traiter un palais de justice. Avec un réalisme cruel et incorrect.

La dimension politique (donc incorrecte) en moins, le projet d’Halphen est le même. Ce que la littérature y gagne? Une descente plus profonde encore dans les turpitudes des personnages. Pour se donner plus de latitude dans son travail sur la psychologie des personnages, Halphen n’a ainsi pas voulu donner de dimension politique à ce roman, “pour ne pas paraître [se] cantonner au polar de juge et de milieu judiciaire”. “Mais dans le prochain, je fais monter la pression, et il y aura des journalistes, de la politique, de la corruption.” (Voir la vidéo.)


Ici, donc, du brut de tragédie, de sentiments, de coups tordus, de droiture. Et de psychologie. Tout part de la disparition d’une jeune Portugaise en proche banlieue parisienne. Le roman devient non pas une intrigue résolutive, mais une sonde. L’enquête policière est confiée au commandant Bizek, de la Criminelle. Côté instruction, l’affaire est entre les mains de Jonas Barth, un magistrat expérimenté mais qui ne se remet pas de la mort de son épouse.

C’est ici un roman français de modèle anglo-saxon auquel il nous convie: autour de ces deux personnages s’organisent, en puzzle narratif, des scènes en temps réel qui nous montrent tous les autres protagonistes, jusqu’à un écrivain people et à des trafics russes. En filigrane, un des buts du roman: faire le portrait non pas d’un juge, mais de la justice aujourd’hui.

Celle dont les juges sont vilipendés par la populiste compassion obligée avec les victimes, suspectés de violer sans arrêt le secret de l’instruction, forcés de se plier à d’incessantes nouvelles lois. Ici, les juges ne sont que les “éboueurs de la société”.

Si le portrait de la France (aisée, pas aisée; d’origine française ou étrangère; de la banlieue ou des beaux quartiers) est réussie, c’est parce que ce roman est à la fois policier, judiciaire et sentimental. Quand Halphen s’écarte de la politique, il creuse mystères et sentiments. Sa structure non-linéaire permet à “Maquillages” de doser l’attention que l’auteur porte à ses personnages. Cet équilibre rend possibles quelques différences d’écriture et de rythme sur chacune des parties.

Pour autant, Halphen en fait parfois trop. Trop de descriptions inutiles: les itinéraires dans Paris, les souvenirs des personnages parfois superflus, le contenu d’un cartable et le pourquoi du contenu, des détails prenant parfois plus de lignes qu’ils ne le méritent.

Eric Halphen montre trop de connaissance du genre, de la vie et de son sujet pour qu’on le suspecte d’avoir voulu remplir un cahier des charges du roman policier: c’est parfois peu utile, mais jamais vain. Et surtout, cela sert ses personnages. Donc le livre, car ces trop-plein y font office, somme toute, d’aération. Dont les prochains livres n’auront, de fait, plus besoin. (Voir la vidéo.)


En France, l’espace entre pur polar d’intrigue et roman noir psychologique n’a pas été si souvent occupé. Alliant plusieurs dimensions dans une empathie commune, projetant d’y revenir, Halphen est en train de s’y atteler.

► “Maquillages” d’Eric Halphen – Rivages/Thriller – 398p., 21.50€.

Vidéo: David Servenay

Paris : La Flûte de Pan, 1984.

L.-F. Céline : Lettres à son avocat, Paris : La Flute de Pan, 1984.

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Préface de Frédéric Monnier

” Le 17 juin 1944, L.-FCéline quitte son appartement montmartrois avec sa femme Lucette et son chat Bébert dans l’intention de se réfugier au Danemark.
Ils séjournent deux mois à Baden-Baden où ils tentent de se procurer les visas nécessaires. En septembre ils partent pour Berlin, puis Kraenzlin, village situé à 50 kilomètres au nord ils attendent vainement pendant un mois et demi la possibilité de passer la frontière. Ils quittent alors Kraenzlin la population leur est très hostile, et rejoignent Sigmaringen, ville refuge du gouvernement de Vichy et de nombreux collaborateurs, où Céline exerce la médecine auprès de la colonie française.
Après avoir envisagé un départ pour la Suisse, Céline et Lucette obtiennent enfin des passeports pour le Danemark. Ils partent le 22 mars 1945 et passent la frontière cinq jours plus tard.
Dès leur arrivée à Copenhague, Céline et sa femme s’installent dans un appartement prêté par leur amie Karen Marie Jensen (qui résidait alors à Madrid) et l’occupent pendant huit mois sous de faux noms. Céline fait par l’intermédiaire d’amis danois la connaissance de Thorwald Mikkelsen qui devient son défenseur. La carrière de Mikkelsen avait connu des fortunes diverses. Après avoir fait faillite dans le commerce, il monta un bureau d’avocat qui devint très prospère. Francophone et francophile il joua dans ” l’affaire Céline ” un rôle de premier plan.
L’ambassadeur de France à Copenhague, Guy Girard de Charbonnière, avait été nommé là en septembre 1945 par Georges Bidault. Lorsqu’il apprend le 1er octobre 1945 la présence de Céline au Danemark, Charbonnière s’informe auprès de Bidault, ministre des affaires étrangères, de ce qu’il doit faire. Comme depuis le 19 avril précédent un mandat d’arrêt avait été lancé contre Céline, Bidault ordonne à Charbonnière le 23 novembre 1945 d’obtenir l’extradition. Informé de l’adresse de Céline, Charbonnière la communique au ministère des affaires étrangères danois et demande son arrestation.
Pour appuyer sa demande, Charbonnière avait précisé que Céline était accusé d’avoir appartenu à des organismes de propagande germanophile et d’avoir publié des livres et des articles soutenant l’idéologie national-socialiste.
Le 17 décembre au soir, le couple Céline est arrêté et incarcéré. Lucette est libérée dix jours plus tard et récupère Bébert qui avait été placé dans une clinique vétérinaire le soir de l’arrestation.
La presse française commence à évoquer l’affaire. Le gouvernement cherche à obtenir rapidement l’extradition mais les danois ne jugent pas les griefs retenus contre Céline suffisants pour la justifier. Néanmoins, afin de ménager l’opinion publique, ils le gardent en prison.
Pour forcer la décision, Charbonnière envoie aux autorités danoises le 20 septembre 1946 un rapport assez maladroit et outrancier concernant les activités de Céline pendant l’occupation (” son attitude ouvertement pro-allemande, son mépris des souffrances françaises, ses exhortations à des persécutions plus cruelles encore “, etc.). Les effets de ce rapport sont désastreux pour l’ambassade et les autorités danoises autorisent finalement Céline à être transféré dans un hôpital le 26 février 1947. Pendant plus d’un an Céline avait vécu dans des conditions de détention très sévères et était sorti de prison très affaibli physiquement et moralement.
C’est en avril 1947 pendant que Céline se rétablit au Rigshospital que son ami Antonio Zuloaga, attaché de presse de l’ambassade d’Espagne à Paris, demande à Maître Albert Naud d’accepter de défendre Céline.

Albert Naud : Notice biographique

Albert Naud naît à Saint-Amant-de-Graves (Charente) en 1904.
Alors qu’il semble devoir faire sa carrière dans l’enseignement (il a suivi les cours de l’École normale d’instituteurs de Ruffec), il choisit de monter à Paris.
Après avoir occupé un poste de secrétaire administratif à la chambre syndicale des raffineurs de sucre, il entre à la fin des années vingt au journal d’Henri de Kerillis L’Écho de Paris dont il est le rédacteur pendant quatre ans.
Ayant obtenu sa licence en droit il entre au cabinet du célèbre avocat Campinchi en 1931 puis devient le collaborateur de Poincaré jusqu’à la mort de celui-ci en octobre 1934.
C’est à ce moment que commence sa carrière d’avocat d’Assises.
À la déclaration de la guerre il est d’abord affecté à une compagnie de brancardiers puis nommé officier de contre-espionnage. En septembre 1940 il entre dans la Résistance. Arrêté par la Gestapo il est emprisonné à la Santé pendant deux mois.
Après le démantèlement de son premier réseau il entre dans un autre et participe enfin au combat pour la libération de Paris.
Après la guerre il reprend ses activités d’avocat et plaide dans plusieurs procès de collaboration. Lors du procès Laval, où les règles de la procédure étaient ouvertement violées, il juge que Laval était condamné d’avance par une justice soumise aux ordres du pouvoir politique. Il refuse alors de cautionner par sa présence ce qu’il considère comme un déni de justice et demande à être relevé de sa Commission d’office. Il dénonce ces faits dans son livre : Pourquoi je n’ai pas défendu Laval.
En avril 1947, il accepte de défendre L.-F. Céline et s’occupe de l’affaire jusqu’à son dénouement en avril 1951.
Après avoir plaidé dans plusieurs des grands procès de l’époque (affaire Ben Barka, Lucien Léger, Gabrielle Russier, etc.) il consacre la fin de sa vie au combat pour l’abolition de la peine de mort et met au service de cette cause tout son talent et ses dernières forces.
Il meurt le 20 février 1977 d’un œdème pulmonaire. “

Frédéric MONNIER

Le Juge et l’assassin
France – 1976
La Vérité
France/Italie – 1960
Verdict
France/Italie – 1974
Mourir d’aimer
France – 1971
Justice pour tous
USA – 1979
La Poursuite impitoyable
USA – 1966
Garde à vue
France – 1981
Une robe noir pour un tueur
José Giovanni
France – 1980
Le Pull-over rouge
Michel Drach
France – 1979
Jugé coupable
Clint Eastwood
USA – 1999
Tu ne tueras point
Krysztof Kieslowski
Pologne – 1987
De sang froid
Richard Brooks
USA – 1968
La dernière marche
Tim Robbins
USA – 1995
Les Aventures de Robin des Bois
Michael Curtiz
USA – 1938
Le Procès de Jeanne d’Arc
Robert Bresson
France – 1962
Les sentiers de la gloire
Stanley Kubrick
USA – 1958
Section spéciale
Costa Gavras
France/Italie – 1975
Le Procès de Verone
Carlo Lizzani
Italie/France – 1963
Jugement à Nuremberg
Stanley Kramer
USA – 1961
Z
Costa-Gavras
France – 1969
Cadavres exquis
Francesco Rosi
Italie – 1975
Amour, luxe et jet-set: un procès opposant un milliardaire québécois et son ex-compagne qui lui réclame des millions défraie la chronique cette semaine au Québec et pose le problème des droits des conjoints non mariés dans la province francophone canadienne.Piment supplémentaire: l’identité de l’ex-couple ne peut être révélée en raison de la législation locale. Mais c’est un secret de polichinelle pour beaucoup de monde car, selon la presse locale, il n’y a que six milliardaires au Québec et les deux “ex” ont comparu devant un tribunal de Montréal.

Le milliardaire est venu expliquer jeudi pourquoi il n’avait jamais épousé la jeune femme qu’il avait rencontrée sur une plage au Brésil alors qu’elle avait 17 ans et lui 32, et avec qui il a eu trois enfants.

“Le mariage, ce n’est pas ma +cup of tea+ (tasse de thé). J’ai une opinion là-dessus depuis que je suis un jeune adulte”, a-t-il déclaré, selon la presse locale.

Sa compagne brésilienne, dont il est séparé depuis 2001, l’a attaqué en justice pour obtenir une partie de sa fortune et contester en même temps la législation québécoise.

Au Québec, contrairement au reste du Canada, les couples vivant en union libre -ce qui est le cas d’un tiers des couples- doivent verser une pension alimentaire aux enfants en cas de séparation, mais ne sont pas tenus de subvenir aux besoins de leur ex-conjoint.

Surnommée Lola par les médias, la jeune femme de 34 ans, réclame une somme forfaitaire de 50 millions de dollars canadiens (31,2 millions d’euros), plus 56.000 dollars par mois, pour soutenir le train de vie auquel elle a été habituée pendant leurs années de vie commune. Elle se plaint notamment de devoir voyager en classe économique avec ses enfants alors qu’ils se déplacent en avion privé avec leur père.

Monsieur, alias Eric dans cette affaire, juge “excessivement exagérées” les demandes de Madame.


(26/01/2006)

Les Français ne sont pas tendres avec leur justice, à l’heure où les députés se penchent sur les causes de ses dysfonctionnements dans l’affaire d’Outreau. Selon le sondage Acteurs publics /Ifop, en partenariat avec Metro et la chaîne LCP-Assemblée nationale, les deux-tiers jugent que son fonctionnement n’est pas satisfaisant, qu’il s’agisse des conditions de mise en détention provisoire ou de la sanction des crimes et des délits commis par des adultes.

Concernant la délinquance des mineurs, ils sont plus sévères encore, seuls 15% jugeant le fonctionnement judiciaire satisfaisant. Pour autant, les Français sont très divisés sur une éventuelle réforme de l’ordonnance de 1945 qui régit la délinquance des mineurs. Si, à la faveur des émeutes en banlieue, 51% d’entre eux se disent favorables à une telle réforme “pour renforcer les possibilités d’emprisonnement des mineurs délinquants”, 48% y sont opposés.

Sur cette question se font face les sympathisants de droite, réclamant davantage de répression (60%), et ceux de gauche, opposés à une telle réforme (57%).

Un débat très politique
En s’invitant dans le débat pré- présidentiel, la justice ravive donc le clivage gauche-droite. Même si la majorité des Français (52%), de tous bords, souhaite que l’institution judiciaire garantisse “l’égalité de tous devant la loi” avant de sanctionner les coupables (26%) ou de protéger les libertés individuelles (12%). Aurélie Seigne

A ceux qui sont dans la moyenne,
A ceux qui n’ont jamais volé,
A ceux de confession chrétienne,
A ceux d’opinion modérée,
A ceux qui savent bien se plaindre,
A ceux qui ont peur du bâton,
A tous ceux qui n’ont rien à craindre,
Je dis que Pierre est en prison.
Dormez en paix, monsieur le juge.
Lorsque vous rentrez du travail,
Après le boulot, le déluge,
Tant pis pour les petits détails.
Aujourd’hui, cette affaire est close.
Une autre attend votre réveil.
La vie d’un homme est peu de chose
A côté de votre sommeil.
Soyez contents, jurés, notables,
Vous avez vengé proprement
La vie tristement respectable
Que vous meniez depuis longtemps.
Qu’on vous soit différent suppose
Par obligation qu’on ait tort.
La vie d’un homme est peu de chose
A côté de votre confort.
Soyez satisfait, commissaire,
Vous n’avez pas été trop long
Pour mettre un nom sur cette affaire.
Tant pis si ce n’est pas le bon.
Tant pis si chez vous, on dispose
De moyens pas toujours très clairs.
La vie d’un homme est peu de chose
A côté d’un rapport à faire.
Rassurez-vous, témoins du drame,
Qui n’étiez pas toujours d’accord
Puisqu’aujourd’hui on le condamne
C’est donc que vous n’aviez pas tort.
Vous êtes pour la bonne cause.
Vous avez fait votre devoir.
La vie d’un homme est peu de chose
A côté de votre mémoire.
Tu n’aimes pas la pitié, Pierre,
Aussi je ne te plaindrai pas.
Accepte juste ma colère,
J’ai honte pour ce peuple-là.
Je crie à ceux qui se reposent,
A ceux qui bientôt t’oublieront.
La vie d’un homme est peu de chose
Et Pierre la passe en prison.