La cour d’assises de Bourg a acquitté, hier, les deux accusés principaux du braquage. Les deux autres, jugés pour complicité, ont écopé de sursis
Il y a des affaires judiciaires qui partent moins bien que d’autres. Celle du braquage du bureau de change d’une gare de Genève, le 13 juillet 2002, en fait partie. Trois hommes encagoulés, avec fusil à pompe et armes de poing, avaient dérobé 6 000 euros au caissier. À quelle heure ? « Entre 21 h 05 et 21 h 40 » avait expliqué la victime. Au pays de l’horlogerie, on a fait mieux. Les policiers suisses n’avaient même pas effectué la classique enquête de proximité.
En 2004, quand les gendarmes français recueillent les confessions de Malik Makhlouf, dans le cadre d’une grosse affaire d’importation de cannabis dans le pays de Gex, il est déjà bien tard pour reprendre l’enquête à zéro. Il n’y a aucun élément matériel, mais seulement les accusations de l’intéressé, qu’il aurait obtenues de Jérôme Noirot. À l’époque, les deux participent au trafic de stupéfiants. Et ils sont en « concurrence » avec la tête de réseau, Ibrahim El Harrari à qui ils doivent 35 000 euros. Et quand Noirot se met à table, c’est pour impliquer l’intéressé et un de ses « porteurs de valises », Houssin El Ouadni. Les deux hommes nient farouchement, mais Noirot jurera jusqu’au bout qu’ils y étaient. Lui-même n’ayant joué que le rôle de conducteur d’une « voiture ouvreuse » avec Jonathan Neuville.
Quand l’affaire est arrivée lundi devant la cour d’assises, il n’y avait que leurs témoignages, divergents sur quasiment tout. Du pain bénit pour la défense d’El Harrari et El Ouadni. On n’avait même pas vérifié le passeport du premier qui avait toujours dit qu’il était au Maroc…
L’avocat général, François Blanc, en a tiré les conséquences en ne soutenant pas l’accusation. Et hier, la défense a enfoncé le clou. Me Laurent d’abord, développant la thèse d’une « vengeance » et s’étonnant d’une « enquête lacunaire ».
Me Priolet aussi a pointé « un dossier qui part dans tous les sens, où on croit sur parole des individus qui ne sont pas des anges ». Où la supposée présence d’un braqueur au masque de Pikachu attendant dans sa voiture qui n’interpelle personne. Me Bloise a déploré qu’on veuille juger El Harrari, cette « version noire du chef d’entreprise » sur des impressions, en donnant du crédit à un « saint Makhlouf » qui en savait beaucoup trop pour être honnête. Elle a stigmatisé une enquête bâclée : «Les gendarmes ne sont même pas allés sur les lieux du braquage. Si les accusés ne risquaient pas vingt ans, on en rirait. »
Les jurés ont tiré les conséquences de ce « ratage » judiciaire : l’acquittement des deux principaux accusés. Noirot et Neuville ont eux écopé de deux ans et un an de prison avec sursis.
Frédéric Boudouresque
le 22.10.2009 04h00
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