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Jugé devant les assises jusqu'à vendredi, Maurice Burgain, 82 ans,   (ici en présence de son avocate Me Pare-Duval) est accusé du meurtre  de  sa soeur, Marie-Louise Lallier, 83 ans. : Elfie Lebouleux

Jugé devant les assises jusqu’à vendredi, Maurice Burgain, 82 ans, (ici en présence de son avocate Me Pare-Duval) est accusé du meurtre de sa soeur, Marie-Louise Lallier, 83 ans. : Elfie Lebouleux

Le récit des rancoeurs qui ont jalonné l’existence de la fratrie nombreuse a marqué le premier jour du procès d’assises de Maurice Burgain, 82 ans, accusé d’avoir tué sa soeur, en 2001 au Mans.
Les histoires de famille ont la peau dure. Chez les Burgain, il faut même rembobiner le film jusqu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale : « Vous n’appréciez pas que l’une de vos soeurs fréquente d’un peu trop près les soldats américains », note le président Rieuneau.Assis à côté de son avocate, Maurice, 82 ans, acquiesce avant de plonger encore plus loin dans ses souvenirs : « Enfant, j’étais le souffre-douleur de la famille. L’hiver, je n’avais pas de couverture pour dormir et je devais faire le ménage avant d’aller à l’école. »

Sur le banc des parties civiles de la cour d’assises de la Sarthe, Huguette, sa soeur de 79 ans, hausse les épaules et lève les yeux au ciel. Ambiance !

Chaussettes Jacquard

Chemise bleue dont les plis marqués trahissent encore l’emballage, pantalon à pinces vert sur chaussettes Jacquard, Maurice Burgain est jugé, depuis hier, pour le meurtre de sa soeur. Il se dit innocent du crime qu’on lui reproche. Marie-Louise Lallier, 83 ans, l’aînée de cette famille de 8 enfants, a été retrouvée morte dans le jardin de son pavillon du Mans le 14 juillet 2001. Elle aurait succombé à une crise cardiaque après avoir été agressée.

Regard abrité derrière de larges lunettes aux montures dorées, Maurice Burgain, l’un des deux derniers survivants de la fratrie, souffre d’une légère surdité. Mais les experts sont formels : « Il est intelligent et en pleine forme », résume le psychologue Fulbert Jadeck.

Des décennies de fâcheries

Avant d’éplucher à partir d’aujourd’hui l’enquête qui a conduit l’octogénaire fringuant devant la justice, la cour d’assises s’est plongée, hier, dans les décennies de « fâcheries », pour reprendre l’expression du président, qui ont jalonné l’existence des Burgain dont le patriarche avait perdu une jambe lors de la Grande Guerre. « Je n’ai même pas été prévenu du décès de mes parents », soupire l’accusé.

Comme c’est souvent le cas, les « histoires de familles » ne tirent pas leur origine d’une seule source.

Les tensions sont-elles nées parce que l’aînée n’était pas la fille biologique du patriarche ? Se sont-elles renforcées quand les parents ont financé le commerce d’un de leurs enfants ? Ont-elles augmenté en 1963, quand Maurice et son épouse se sont retrouvés un peu trop seuls à porter les dettes d’un autre frère ? Il y a aussi l’histoire de cette jardinière posée sur la tombe de l’un des frères que Marie-Louise voulait absolument récupérer à la fin de la concession.

« Concierge de la famille »

Bref, chacun donne sa version. Huguette, elle, n’a pas apprécié qu’à la mort de leur mère, Maurice et Marie-Louise placent la maison familiale sous scellés. « C’est nous qui l’avions achetée. De toute façon, tout ça, ce sont des problèmes à cause de l’argent », estime-t-elle. L’argent ? C’est aussi ce qui vient tordre les relations entre Maurice Burgain et ses filles le jour où l’homme leur lègue des maisons de valeur différente. « Mais depuis, hier, tout va mieux », corrige l’accusé.

Décrit par les experts comme « une personnalité meurtrie ayant un besoin compulsif de se valoriser pour renforcer son image narcissique », Maurice Burgain est aussi « ce concierge de la famille », comme le surnommait la victime avec qui il se disait aussi « brouillé ». Alors pourquoi l’avoir régulièrement épiée en jetant des regards à travers le grillage de son jardin. « Un relent sentimental. C’était juste pour la voir. J’étais content de savoir qu’elle allait bien. »

Igor BONNET.
Ouest-France
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