L’exposition de cadavres humains “Our body, à corps ouverts” a été interdite mardi par un juge de Paris, qui a donné raison à deux organisations de défense des droits de l’homme. Lire la suite l’article

L’exposition, en cours depuis le 12 février à l’Espace Madeleine à Paris, devra fermer dans les 24 heures, sous astreinte de 20.000 euros par jour de retard.

Ses organisateurs, Encore events productions, devront remettre les quelques 17 cadavres aux autorités publiques sous astreinte de 50.000 euros par jour de retard, dit la décision.

L’exposition, déjà présentée dans de nombreuses villes dans le monde et aussi à Lyon et Marseille, devait se poursuivre jusqu’au 10 mai avant de déménager jusqu’en août au Parc floral de Vincennes. Les organisateurs ont fait appel, mais le premier jugement reste exécutoire.

Pascal Bernardin, gérant de Encore events, s’est déclaré “stupéfait” de cette décision. Selon lui, “il n’y aucune atteinte au respect des morts, il ne s’agit pas d’une exposition artistique, il s’agit d’une exposition anatomique, pédagogique”.

Statuant en référé (urgence) à la demande de deux associations, le magistrat s’est appuyé sur une loi de décembre 2008 qui a étendu aux cadavres la protection accordée aux personnes vivantes.

Il estime qu’hormis les usages médicaux prévus par la loi avec autorisation, “l’espace assigné par la loi au cadavre est au cimetière”, ou à la crémation.

“La loi prohibe les conventions ayant pour objet de marchandiser le corps”, déclare le magistrat dans ses attendus. “La commercialisation est une atteinte manifeste au respect dû aux cadavres”, ajoute-t-il.

DES CORPS DE CONDAMNÉS À MORT ?

Le tribunal de grande instance de Paris a statué après avoir été saisi par deux associations, Ensemble contre la peine de mort (ECPM) et Solidarité Chine, selon qui l’exposition violait les principes de respect du cadavre et d’inviolabilité du corps humain.

Les associations avaient dit craindre que les corps présentés et préservés selon un procédé nommé “plastination”, imaginé en 1977 par le plasticien allemand Günther von Hagens, soient ceux de condamnés à mort en Chine.

L’exposition revendique jusqu’à ce jour 30 millions de visiteurs dans le monde. La plastination consiste à plonger les corps dans des bains de formol puis d’acétone pour remplacer toutes ses graisses et liquides par de la silicone, ce qui produit un cadavre figé avec tous ses organes.

L’exposition les met en scène dans diverses postures. L’origine des corps est incertaine, les organisateurs parlant de Chinois ayant fait don de leurs corps à la science.

Pascal Bernardin assure avoir tous les documents justifiant une origine régulière. Les organisations plaignantes disent que Günther von Hagens a lui-même reconnu que certains corps présentaient une balle dans la tête. Le Comité national d’éthique avait émis des réserves sur le spectacle.

L’association soulevait l’hypothèse que les corps proviennent d’un trafic organisé par la police chinoise. Dans les documents de promotion, les organisateurs de l’exposition proposaient au public de découvrir “où est la rate, les poumons et l’hypophyse, comment les muscles fonctionnent quand on court et à quoi ressemblent les poumons d’un fumeur”.

Jean-Baptiste Vey et Thierry Lévêque, édité par Yves Clarisse

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