Haïdara dans la clandestinité et Diawara dans le cachot – Hier dans l’après-midi, le feuilleton judiciaire Mamadou Baba Diawara qui défraie la chronique au Mali depuis quelques temps aurait connu un rebondissement spectaculaire.
Il nous revient de sources judiciaires que deux faits insolites viennent de se produire dans cette affaire. L’un qui a eu lieu à Ségou où le PDG de WAIC, Ismaïla Haïdara était détenu depuis sa condamnation à 15 ans de réclusion pour «atteinte aux biens publics et complicité» par la Cour d’assises de Bamako en transport à Ségou en juillet 2008 se passe de tout commentaire. De sources sûres, Ismaïla Haïdara est entré dans la clandestinité depuis hier à Ségou. Les mêmes sources nous indiquent qu’il serait activement recherché pour le réincarcérer. Est-à dire donc que le PDG de WAIC, Ismaïla Haïdara avait été mis en liberté par le régisseur de la prison de Ségou où est-ce qu’il est parvenu à s’évader de lui-même ?
Selon nos sources, c’est la première hypothèse qui est la plus plausible. Le régisseur de Ségou n’a fait qu’exécuter l’arrêt de la Chambre criminelle de la Section judiciaire de la Cour suprême qui, après avoir cassé et annulé les trois arrêts à savoir l’arrêt de la chambre d’accusation et les deux arrêts de condamnation, a ordonné la mise en liberté de Mamadou Baba Diawara et de Ismaïla Haïdara s’ils ne sont pas détenus pour autres causes. Mais le hic dans cette histoire est que le comportement du régisseur de la prison de Ségou est plus que troublant.
En effet, le ministre de la Justice, Garde des Sceaux s’était farouchement opposé à l’exécution de l’arrêt de la Cour suprême en formulant un pourvoi en révision. Ce pourvoi, il faut le rappeler, suspend tous les effets dudit arrêt et c’est ce qui explique d’ailleurs la détention prolongée des deux accusés en prison. Pourquoi le régisseur de la prison de Ségou n’a pas voulu se conformer à la volonté de son chef hiérarchique ? Cette question mérite réflexion. Ce qui est sûr, il risque d’en faire les frais comme le procureur général Cheickné Détéba Kamissoko et l’avocat général qui ont été tous révoqués pour avoir requis en faveur des condamnés.
Ismaïla Haïdara qui n’a fait que bénéficier des avantages dudit arrêt qui le blanchit totalement peut-il être considéré comme quelqu’un qui est en cavale ? On ne le pense pas car c’est sur présentation de l’ordre de mise en liberté dûment signé par le procureur général près la Cour suprême du Mali qu’il a été libéré. C’est donc conscient de son bon droit qu’il a décidé d’entrer dans la clandestinité.
L’ex-PDG de la BHM, Mamadou Baba Diawara quant à lui continue à souffrir le martyre à la Maison Centrale d’arrêt de Bamako. Le régisseur de ladite prison vient de le déchambrer du 1er cabinet de la MCA pour le mettre au mitard.
Le mitard est un cahot qui est de sinistre réputation dans le milieu carcéral. C’est une cellule exiguë où les grands bandits et criminels sont enfermés avec parfois des chaînes. Contrairement aux autres prisonniers, ils ne bénéficient d’aucune faveur.
C’est dans ce cachot où Mamadou Baba Diawara vient d’être transféré.
Pour quelle raison a-t-on décidé de durcir subitement ses conditions de détention ? Pour le régisseur de la MCA, ce n’est qu’une mesure de prudence après ce qui vient de se passer avec Ismaïla Haïdara à Ségou. Mais un autre gardien de prison nous fera savoir que c’est l’application du règlement de la prison.
Des raisons qui ne tiennent pas car depuis son incarcération il y a deux mois, Mamadou Baba Diawara a toujours résidé au 1er cabinet c’est-à-dire le quartier général des fonctionnaires. En plus, l’ancien PDG de la BHM est un grand malade qui souffre d’hypotension et réputé être un claustrophobe. Un grand musulman qui était devenu un des habitués de la mosquée de la prison. Ce qui est surtout intrigant dans cette histoire c’est le fait qu’après l’arrêt de la Cour suprême qui le blanchit, il ne peut plus être considéré comme un condamné au vrai sens du terme.
Pourquoi donc le soumettre à des conditions carcérales difficiles au risque de dégrader davantage son état de santé déjà fragile ?
Birama Fall
Le Républicain du 22 juin 2009
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