lundi 23 février 2009

Souvenirs de la Cour d’Assises

C’est un petit livre très passionnant et très triste.” C’est ainsi que l’Intransigeant ouvre en 1914 sa critique de Souvenirs de la cour d’assises. Gallimard vient de rééditer dans sa collection Folio à deux euros les Souvenirs de la Cour d’Assises d’André Gide d’après l’édition établie par Pierre Masson dans le volume de la Pléiade “Souvenirs et voyages”.

Pendant douze jours, du 13 au 25 mai 1912, Gide est juré lors d’une session aux Assises de Rouen. Depuis six ans qu’il demandait au maire de Cuverville de l’inscrire sur la liste des “jurés volontaires”, le voici très excité à l’idée d’avoir été enfin choisi. “Profit très espéré, mais dépassant toute espérance.“, note-t-il dans son Journal le 4 juin 1912.

Il voit défiler de nombreuses affaires parmi lesquelles cinq attentats à la pudeur, des petits voleurs, des meurtriers. Il prend des notes. Après avoir achevé les Caves du Vatican, il met ces notes en forme en juillet 1913 et les Souvenirs de la Cour d’Assises paraissent en janvier 1914 à la NRF. C’est donc le premier livre d’un Gide aux préoccupations non plus esthétiques ou morales mais sociales.

Son premier livre “engagé” (l’édition de 1911 de Corydon était très limitée). Gide décrit le fonctionnement et les dysfonctionnements de la justice dans ce tribunal de province : les a priori du juge, les questions orientées jusque sur le bulletin de vote final, la timidité de ses compagnon du jury, l’incompréhension des prévenus face au vocabulaire des magistrats (“Comment avez-vous obvié à ce problème ?”, ou les lapsus de ces derniers. (“Vous vous êtes remis à frapper la malheureuse et, d’un dernier coup, vous lui avez tranché la cariatide.”)

La justice humaine est bien fragile et c’est un grand poids sur les épaules et la conscience de jurés comme ce “pauvre vieux paysan sorti de La Cagnotte de Labiche” qui a mis une demi-heure à trouver l’entrée du tribunal… Restent les circonstances atténuantes qui atténuent non seulement le jugement rendu mais aussi la mauvaise conscience d’avoir participé à un jeu truqué où la frontière entre coupable et innocent est bien ténue.

 

 

Dexter ou la justice Ultime

 

 

 

“Dexter”, série américaine qui vous plonge dans le politiquement incorrecte aussi sûrement qu’il vous enfoncerait un couteau dans le ventre.

 

Visage angélique et beau sourire, Dexter est un sérial killer
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Dexter est une série télévisée américaine créée par James Manos Jr d’après le roman de Jeff Lindsay, Ce cher Dexter, et diffusée depuis le 1er octobre 2006 sur Showtime. En Belgique francophone, la série est diffusée depuis le 17 mars 2007 sur Be Séries et depuis le 22 mai 2008 sur RTL-TVI ; en France, depuis le 17 mai 2007 sur Canal+, et le sera après sur TF1 dans une version qui sera probablement allégée de certaines scènes.

Expert en analyse de traces de sang dans la police le jour, tueur en série la nuit, Dexter Morgan n’est pas exactement un citoyen américain comme les autres. Il porte, en effet, un lourd secret. Traumatisé dans sa plus tendre enfance puis recueilli par un officier de police de Miami, il se dit incapable de ressentir la moindre émotion. Incapable… si ce n’est lorsqu’il satisfait les pulsions meurtrières que son père adoptif lui a appris à canaliser : de fait, Dexter ne tue que les autres tueurs qui sont parvenus à échapper au système judiciaire, afin de protéger les innocents. Dexter se pose donc comme un véritable justicier de l’ombre, et bien que sa soif de tuer lui pèse, il parvient à mener une existence relativement normale et à sauver les apparences auprès de ses collègues, amis et petite amie.

. Un cocktail d’ingrédients pour une serial série !

La série reprend les lieux, les personnages et le début du roman Ce cher Dexter, cependant les auteurs de la série ont préféré se détacher de la fin de celui-ci et de ne pas suivre le deuxième roman, Le Passager noir. La série et le livre peuvent donc être considérés comme deux histoires sensiblement différentes.

Cette série marque le retour à la télévision de Michael C. Hall révélé dans Six pieds sous terre et de Julie Benz connue pour son personnage de Darla dans Buffy contre les vampires puis Angel.

Dexter reprend le thème du personnage à double visage, modèle professionnel d’un côté, tueur en série de l’autre, à l’instar du personnage de Patrick Bateman imaginé par Bret Easton Ellis dans le livre American Psycho, paru en 1991, adapté au cinéma en 1999 par Mary Harron. La première saison comporte plusieurs références à ce sujet :

  • en premier lieu, le générique de début rappelle fortement celui du film, jouant avec le thème de la couleur rouge, propre au sang, véritable s’agissant du générique de Dexter, simple pulpe de fruit dans American Psycho (Dexter y découpant par ailleurs également une orange sanguine) ;
  • plus explicitement, Dexter, afin d’obtenir des tranquilisants pour animaux, utilise le pseudonyme Patrick Bateman ;
  • de plus, dans l’épisode 1- 8 (Démystification [VF] / Shrink Wrap [VO]), Dexter, se rendant chez un psychanalyste, se fait alors appeler Sean Ellis. Sean étant le prénom du frère de Patrick Bateman (protagoniste du film Les Lois de l’attraction), Ellis le nom de son auteur précité.

L’épisode neuf se termine par un extrait de la chanson Have you ever seen the rain? de Creedence Clearwater Revival, déjà utilisé de la même manière à la fin du premier épisode de la série Cold Case.

La grève des scénaristes américains commencée en novembre 2007 a pour conséquence l’arrêt de la production de nombreuses séries, ce qui entraîne une pénurie d’épisodes inédits. Pour pallier en partie cela, CBS (Showtime appartient au conglomérat CBS Corporation) décide de diffuser la première saison de Dexter à partir du 17 février 2008. Les épisodes sont censurés de certaines scènes qui ne correspondraient pas à une diffusion grand public.

Le 21 octobre 2008, en pleine diffusion de la troisième saison la chaîne Showtime commande deux saisons supplémentaires de douze épisodes chacune. La production de la quatrième saison est prévue pour débuter au printemps 2009.

. Envisager la mort comme ultime outils juridique ?

Un héros qui s’est mis en quête de justice grâce à un don très particulier : celui de donner la mort.

La justice ne pourrait alors plus se passer de la mort pour véritablement exister, voilà le postulat que notre héros fait en observant la décadence du monde qui l’entoure et l’impuissance de la justice face au crime.

Est-ce alors une excuse pour tuer des criminels, semble-t-il avéré ?

Chez Dexter le meurtre est dans sa nature il sait qu’il devra tuer, cette faille judiciaire devient alors le prétexte tant attendu et totalement assumé. Dexter doué d’une intelligence hors-norme ne peut qu’être l’instrument de Dieu.

Ainsi il devient claire pour un téléspectateur avisé que seul ceux qui s’octroient un caractère divin peuvent donner la mort au nom de la justice.

Et serait-ce à dire que Les Etats-Unis et son gouvernement se considèrent comme la main de Dieu ?

La question qui se pose alors est effrayante de simplicité peut-on être saint d’esprit et pratiquer la peine de mort ?

 

 

. Une justice sans pitié dans un monde sans pitié !

Peut-on mener de front un travail de flic, une carrière de tueur et une tentative de vie personnelle lorsqu’on est dépourvu d’émotions ?

Le meurtrier qu’on aime aimer…

Miami, un médecin légiste particulièrement doué et méticuleux mène une vie calme et rangée. Il est très apprécié par ses collègues (sauf un) et attentif à son entourage. Pourtant sa gentillesse et son altruisme sont feints. Derrière son apparence de gendre idéal se cache en réalité un tueur. Il n’est pas vraiment sans pitié car ses victimes ont toutes fait quelques choses de mal : commettre un meurtre et échapper à la justice…
Outre l’originalité du scénario, il faut noter l’atmosphère toute particulière de la série. On est rapidement plongé dans l’histoire, on s’attache vite aux différents personnages, à leur vie respective ainsi qu’à la relation qu’ils entretiennent avec Dexter. Les amateurs du genre devraient être ravis par les aventures de ce jeune justicier/meurtrier…

Jennifer Carpenter, soeur de Dexter, flic ambitieuse et talentueuse jennifer-carpenter2

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Dexter et son collègue divorcé Angel sur le lieu d’un crime

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Doakes (Eric King) et Maria Laguerta(Lauren Velez), flic jusqu’au-boutiste et cheftaine de la brigade criminelledoakes2

 

 

 

 

 

 

 

 

. Donner des idées aux psychopathes en herbe ?

Personnellement j’adore cette série car elle est décalée, magnifiquement réalisée et pas puritaine pour un dollar (ce qui est généralement le défaut N°1 d’une série américaine), chacun peut y voir sa propre morale car au fur et à mesure de la série, de ses saisons et épisodes successifs, toutes les valeurs de Dexter ou des autres personnages se voient malmenées, détruites, modifiées…

J’entends maintenant ici une partie des spectateurs à tendance « bien à penser » faire la critique de cette admiration d’un héros serial killer.

En effet, tout est fait dans cette série pour que Dexter soit admirable, tant il est hors normes.

Alors, existe-t-il un danger réel que ce dernier soit imité par ses fans et que les palais de justice grouillent de serial killer aussi organisés que Dexter Morgan ?

Je ne peux ici pas répondre à cette question, peut-être en saurons nous un peu plus quand le jeu vidéo va sortir, car en effet, Mark Ecko Entertainment vient d’annoncer la mise en chantier d’un jeu vidéo basé sur la série Dexter. Les fans du serial killer auront donc bientôt le droit d’incarner le fameux Dexter Morgan et de rendre la justice à sa manière. Le jeu est actuellement en phase de pré-production, plus d’informations dès que possible…

. Dexter est-il vraiment inhumain et dépourvu d’émotions ?

Tout serait plus simple si Dexter Morgan était réellement dépourvu d’émotions comme il tente en vain de s’en persuader tout au long de cette série qui « kill » tout autre série du genre !

 

Non, le problème avec Dexter est sans doute que son inhumanité nous rappelle les faiblesses de notre humanité ?

 

 

 

Benjamin Brame

(pour intime conviction.fr)

 

 

 

 

 


 

Le mardi 24 février, à 20h45, la chaîne Planète Justice propose un documentaire fiction inédit de 90 minutes : Les Acquittés, un zoom sur les défaillances du système judiciaire américain.

Pour ce faire, Bob Baladan le réalisateur met en scène six acteurs : Susan Sarandon (Thelma et Louise, Les sorcières d’Eastwick), Aidan Quinn, Danny Glover (l’Arme fatale), Brian Dennehy et Delroy Lindo qui campent tous les rôles d’anciens détenus, finalement relaxés pour innocence.


©Oasis
Véritable reconstitution de faits, le documentaire se tisse au fil de dossiers, d’interviews et autres correspondances. Autant d’éléments permettant de relater le parcours de personnes prises dans les rouages de la justice, ainsi que leur combat pour y échapper.


- Les Acquittés, 24 février à 20h45 sur Planète Justice

Source


Le glaive n’aura pas eu à trancher.

Le procès entamé en juin 2008 s’est achevé avec une proposition que la Paramount n’a manifestement pas pu refuser, tant il est vrai que se réveiller quotidiennement avec une tête de cheval tranchée dans son lit donne à réfléchir sur son sort…

Dans les faits, le livre de Mario Puzo, The Godfather, qui avait inspiré des films et un jeu vidéo, liait les ayants droit de l’auteur à la Paramount, qui aurait omis de reverser une part significative des revenus générés par toute adaptation basée sur le livre. Une obligation contractuelle qui liait les deux parties depuis 1992…

Et finalement, Anthony Puzo, qui réclamait alors 1 million $ d’arriérés, a obtenu gain de cause pour le jeu vidéo The Godfather : the Game, sorti en 2006. Une fin heureuse, estime l’avocat de l’ayant droit, d’autant qu’il s’agit là d’une oeuvre à partir de laquelle fut réalisé l’un des films les plus admirés, réalisé par Francis Ford Coppola.

L’opposition entre les deux parties s’est ainsi réglée à l’amiable sans que l’on ne sache comment. Ça sent les chaussures coulées dans le béton, ça…

Rédigé par Nicolas.G, le samedi 07 février 2009 à 10h12

La cour d’appel d’Amiens a condamné mercredi à 2.500 euros d’amende un journaliste reporter d’images (JRI) de France 3 Nord-Pas-de-Calais/Picardie qui avait filmé en 2004 des jurés de la cour d’assises de la Somme délibérant à huis clos, a-t-on appris jeudi auprès de son avocat.

Le parquet, ainsi que la jurée qui s’était constituée partie civile, avaient fait appel du jugement en première instance du 27 mai 2008, par lequel le journaliste Mustapha Nezzari avait été relaxé.

Ce dernier avait réalisé des prises de vue en décembre 2004 de la délibération du jury dans un procès en appel à Amiens qui avait confirmé l’acquittement en première instance par la cour d’assises de l’Oise de deux jeunes gens poursuivis pour des coups ayant entraîné la mort d’un motard.

Diffusées au cours d’un journal régional, les images avaient été filmées dans le reflet d’une vitre d’un immeuble situé en face du palais de justice, provoquant la plainte de deux des jurés pour atteinte à la vie privée.

La cour d’appel a condamné à 2.500 euros d’amende le journaliste Mustapha Nezzari, et à 3.000 euros d’amende le directeur de la publication de l’époque et président de France-Télévisions Marc Tessier, ainsi que le rédacteur en chef régional.

En outre, “toutes ces personnes sont condamnées à payer 4.000 euros de dommages et intérêts à la jurée qui s’est reconnue”, a précisé l’avocat du journaliste, Me Christophe Bigot.

“Le texte utilisé par le parquet est un texte destiné à protéger la vie privée”, selon Me Bigot, qui s’interroge: “Je ne vois pas comment une personne qui participe à une fonction juridictionnelle peut se trouver en même temps dans le cadre de sa vie privée”.

“M. Nezzari a fait un pourvoi en cassation”, a ajouté l’avocat. Le journaliste a toujours soutenu par ailleurs qu’il avait décidé de ne pas exploiter les images permettant d’identifier les jurés mais qu’elles avaient été utilisées ultérieurement à son insu.


Un procès pour les étoiles
( 1 )

Un procès pour les étoiles ( 1 ) de Robert J. Sawyer aux éditions J’ai lu , collection Millénaires

Genre : SF

Auteurs :
Robert J. Sawyer

Couverture : Tim Flach/Stone
Date de parution : septembre 2001
Inédit

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Langue d’origine : Anglais UK
Type d’ouvrage : Roman
Nombre de pages : 1
Titre en vo : 1
Cycle en vo : Guin Saga

de Robert J. Sawyer


Un cadavre humain et un assassin extra-terrestre, voilà un procès des plus prometteurs…

Après avoir lu Mutations de Robert J. Sawyer, je n’ai pu qu’être tenté par ce nouveau roman de cet écrivain de science-fiction canadienne. Et je l’avoue, je ne désapprouve pas mon choix. Un procès pour les étoiles est une petite merveille d’humour, d’ingéniosité, un procès à la Perry Mason qui ne vous fera pas regretter d’avoir ouvert ce roman.

Premier contact extra-terrestre…

Frank Nobilio, conseiller scientifique du président des Etats-Unis est chargé d’une mission un peu inhabituelle. En effet, établir le premier contact entre les humains et une race extra-terrestre n’est pas une mince affaire. Heureusement, la rencontre avec les Tosoks est un succès. Certes, ces aliens n’ont rien en commun avec notre apparence mais ils semblent totalement amicaux. Les Tosoks sont venus sur Terre car ils ont besoin d’aide des hommes ou plutôt plu spécifiquement d’une assistance technique suite à une avarie de leur vaisseau spatial. Frank accepte de les aider en échange de leurs connaissances et de leurs avancées technologiques. Pour cela, il leur réserve le meilleur accueil possible.

Premier meurtre extra-terrestre…

Cletus Calhoun, un savant participant à rencontre avec les ET, se lie rapidement d’amitié avec un des Tosoks, prénommé Hask. Malheureusement, une nuit, Cletus est assassiné dans des conditions atroces et surtout bien inaccoutumées. Tous les indices semblent nommer Hask coupable. Selon la loi de l’Etat, celui-ci risque la peine de mort si Frank et Dale, son avocat, ne prouvent son innocence. Tout pourrait être simple si en plus des indices qui l’accusent, Hask ne restait pas aussi silencieux. Peu coopératif, L’extraterrestre laisse entendre que l’enjeu dépasse de loin la condamnation d’un alien. C’est plutôt l’avenir de l’humanité qui se joue…

Un procès aux multiples rebondissements et répercussions

Robert J. Sawyer nous donne ici sa vision de la rencontre entre les hommes et les extra-terrestres, entre deux mondes totalement opposés dans leurs manières de vivre, de penser et qui, pourtant, peuvent agir dans un même but, aussi irraisonné. Ce roman est surprenant et souvent drôle. Ecrit sous forme d’un procès avec une multitude de rebondissements de preuves et de témoins de dernières minutes… on s’attend à tout moment à entendre Perry Mason faire sa plaidoirie. Un thriller mi-extra-terrestre,mi-humain des plus surprenants à lire absolument.

Laure Ricote