Il l’avait tant aimée, à sa manière, qu’il en serait arrivé à la haïr. Le mari, la femme, les amants respectifs, il y a du Shakespeare dans la tragédie qui sera reconstituée à partir de cet après-midi, devant les jurés de la Cour d’assises de l’Ain, au palais de justice de Bourg-en-Bresse. Il y a surtout la jalousie maladive d’un homme au comportement brutal.
En toile de fond, une scène d’horreur, la fureur de celui qui était venu constater l’adultère, un couteau de cuisine planté au fond de la gorge de son épouse. C’était le 4 janvier 2007, allée des Ormes à Péronnas.
Pour ce geste, Jean-Pierre Consoletti, 40 ans, comparaît jusqu’à mercredi aux assises. Les faits sont reconnus.
Deux jours avant l’agression, son épouse Agnès avait quitté le domicile conjugal de Buellas, avec leurs trois enfants, pour s’installer chez son ami à Péronnas, dans la perspective d’une séparation.
Pendant deux jours, il avait tout fait pour la récupérer, l’avait cherchée dans tout Péronnas, lui avait téléphoné des centaines de fois. C’est finalement calmé qu’il s’était présenté au domicile de son rival, officiellement pour constater de visu les conditions d’hébergement de ses enfants. En définitive, il aurait sorti son couteau et porté plusieurs coups à l’amant de sa femme, touché à l’abdomen, avant de s’en prendre à celle-ci. Elle s’en est sortie vivante, mais handicapée à vie. Un véritable drame de la séparation.
Une précédente affaire avait abouti à l’acquittement de Jean-Pierre Consoletti, en mai 2002, par la Cour d’assises de l’Ain, dans le cadre d’une procédure pour coups mortels. Les faits remontaient à mai 1999 lorsque son voisin, Thierry Zafonte, soupçonnant une liaison entre Jean-Pierre Consoletti et son épouse, était venu lui demander des explications. Une rixe avait éclaté entre les deux hommes. Thierry Zafonte avait lourdement chuté à la renverse. Plongé dans le coma, il était décédé quelques jours plus tard. L’échange de conjoints entre les deux couples voisins aura fini par mal tourner.
Difficile de ne pas évoquer ces faits, indirectement liés à la tentative d’assassinat de janvier 2007. Impossible d’en tenir compte juridiquement, l’accusé ayant été acquitté, telle sera la difficulté de l’accusation. Pour la défense, c’est le très médiatique ténor du barreau lillois, Me Éric Dupond-Moretti qui devrait plaider mercredi. Il sera assisté de Me Alice Cohen-Saban tout au long du procès. Les jurés auront un peu moins de trois jours pour se forger une intime conviction. Sur ces antécédents de violences, sur la préméditation, sur la tentative de Consoletti de se faire passer pour fou devant le magistrat instructeur, les circonstances aggravantes ne manquent pas.
Laisser un commentaire
Participez-vous à la discussion?N'hésitez pas à contribuer!