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Photo : Croquis d’audience Remi Kerfridin
Mes Diana Remont et Stéphane Colombe ont plaidé contre le partage de responsabilité entre les deux accusés, préconisé par l’avocat général Sylvie Marchelli.

Jusqu’au terme de leur procès pour coups mortels, hier devant la cour d’assises du Var, Alain Carichon, alias ” Le Gitan “, et Germain ” Glouglou ” Pelletier, se sont défaussés l’un sur l’autre de la responsabilité de la mort de Francis Sitges.

Ce marginal de 41 ans avait été découvert mort dans un square du quartier toulonnais de Saint-Jean-du-Var, après avoir subi un tabassage d’une extrême violence dans la nuit du 15 au 16 juin 2007.

Les deux accusés, également SDF, avaient reconnu avoir frappé leur compagnon d’infortune, au cours d’une soirée passée à boire. Cette querelle d’ivrognes avait éclaté à cause de la disparition d’une petite somme d’argent, que Francis Sitges avait finalement reconnu avoir volée.

Alain Carichon, qui, selon les témoignages, semblait avoir été le plus violent, a été condamné à dix ans d’emprisonnement. Germain Pelletier, qui avait fini par alerter les secours, même si c’était trop tard, a été condamné à sept ans de prison.

Une heure de violences

La cour est un peu restée sur sa faim, quant aux circonstances précises de l’agonie de Francis Sitges. L’avocat général, Sylvie Marchelli, n’a pu que le déplorer, « les déclarations floues et contradictoires des protagonistes n’ayant pas permis de connaître le déroulement exact de cette nuit ».

Le fait que les accusés, la victime et les témoins avaient tous une alcoolémie oscillant entre 2 et 4 g/l n’avait guère contribué à la manifestation de la vérité. L’avocat général a cependant pu reconstituer la chronologie de la beuverie pour parvenir à cerner l’heure des faits.

« Germain Pelletier a dit avoir frappé Francis Sitges parce qu’il avait reconnu être l’auteur du vol d’argent. Il a daté ces gifles aux environs de 22 heures. »

Tous les deux responsables

Le corps de la victime avait été retrouvé vers 1 h 30. Le médecin légiste ayant estimé le délai de l’agonie à une heure, les violences avaient vraisemblablement duré plus d’une heure.

À cette heure-là, ne se trouvaient dans le square que Francis Sitges, Jean-Luc Alonso-Gil (mis hors de cause), Alain Carichon et Germain Pelletier.

« Les coups n’ont pu être portés que par eux, a déduit l’avocat général. Il n’y a pas à se poser la question de savoir qui a porté le coup mortel, puisque selon le légiste Sitges est mort d’un ensemble de coups. Tous les deux ont frappé, tous les deux sont responsables. »

Mme Marchelli a requis dix ans de prison contre Carichon et huit contre Pelletier, en tenant compte du fait que ce dernier n’avait pas de casier judiciaire.

Chacun pour soi

Tenue par les versions antagonistes des deux accusés, la défense a abordé la barre en ordre dispersé. Aux intérêts de Germain Pelletier, Me Stéphane Colombe a souligné l’absence de violence dans son passé, pour refuser le partage de responsabilité suggéré par l’avocat général.

« Vous déterminerez lequel des deux a été le plus violent avec la victime. Pelletier, en allant chercher les secours, s’est mis en danger lui-même. Sinon, peut-être qu’il ne serait pas là aujourd’hui et que l’affaire n’aurait pas été résolue. »

Pour la défense d’Alain Carichon, Me Diana Remont s’en est tenu aux éléments matériels du dossier : les vêtements tachés de sang des accusés. « Pelletier a du sang sur tout son pantalon et sur ses chaussures. Des traces qui ont été provoquées par les coups assénés. Alors que le pantalon de Carichon ne porte que des traces légères. »

Le verdict est tombé dans une salle d’audience vide de tout public. Personne ne se trouvait au banc des parties civiles pour évoquer la mémoire de Francis Sitges. Sa soeur, retrouvée lors de l’enquête, avait témoigné que leurs parents étaient décédés et qu’elle n’avait pas vu son frère depuis quinze ans. Quasiment anonyme dans sa vie de marginal à Toulon, Francis Sitges est resté une ombre jusqu’au bout du procès.

G. D.

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