CORRECTIONNEL. Les quatre jeunes gens qui avaient séquestré et violenté une jeune femme, à Pau, le 27 décembre, ont été lourdement condamnés hier

Assis comme dans un box de cour d’assises, hier, les quatre auteurs de l’enlèvement, de la séquestration, et des violences commises trois heures et demie durant sur une jeune femme, Sylvie, hébergée au foyer Amitié de Jurançon, n’ont pas semblé l’ombre d’un instant prendre conscience de l’horreur qu’ils lui ont fait subir. « Un après-midi d’enfer », dira son avocate, partie civile.

Ils l’ont même menacée de fort près d’une disqueuse en marche, alors que Sylvie et ses 40 kilos étaient ligotés sur une chaise. « Jusqu’à ça », répond la victime au président Magnon, en croisant un index sur l’autre, désignant la longueur de deux phalanges. Elle a vu aussi la lame d’un coupe-coupe agitée sous son nez par Sanson Vaniato : « C’était pour lui faire parler » (sic), dit l’aîné du quatuor. Le seul à émettre quelques regrets.

Sylvie connaissait ses quatre agresseurs. Le couple à l’instigation du rapt : Élodie A. 23 ans, et Sanson Vaniato, 29 ans, dans l’appartement duquel s’est déroulée la « séance », à Pau. Et leurs deux sbires d’occasion : Benoît Selle, 24 ans, et Kevin Gilet, 20 ans.

La 27 décembre, vers 14 heures, en ville, la victime a été poussée dans une voiture, dont les portières ont été instantanément verrouillées.

Ligotée sur une table

Puis tout s’est passé comme s’il s’agissait de calquer le scénario d’une série amerloque dégoulinante de violence. Sylvie est saucissonnée sur une table. On lui monte dessus. Elle est giflée, cognée à coups de poing. Élodie Avril s’acharne au point que son compagnon doit la calmer.

Entre-temps « l’ex » de la furie ramène de l’école le petit garçon d’Élodie A. Qui dédouane son ancien concubin : il ne pénètre jamais dans le logement et n’a donc pu se douter de ce qui se passait à l’intérieur.

Sylvie crie : Kevin Gilet, qui lui aussi à la main lourde, la bâillonne. Enfermée dans un placard à balais, la jeune femme d’une vingtaine d’années se voit bientôt à nouveau embarquée dans la voiture entre ses quatre tortionnaires. L’enfant fait partie du convoi, témoin de l’odieuse équipée.

Direction le lac de Laroin. Non pour y pique-niquer mais pour une nouvelle séance d’intimidation. Avec son sabre de brousse, Sanson jure cette fois qu’il va lui couper un membre si…

Sylvie, tétanisée d’épouvante, a déjà tout dit du peu quelle savait. Car, tout est là : le quatuor veut faire rendre gorge à l’ancien compagnon de la victime. Qui aurait dévalisé l’appartement du couple, la semaine précédente.

Or Enzo – c’est son surnom – est en cavale. Enfin, plus prosaïquement, il n’a pas réintégré le centre de détention de Mont-de-Marsan après une permission. Il a été remis à l’ombre depuis, mais ailleurs.

« Des broutilles… »

La bande a reconnu les faits dans leur ensemble. Les contestations de l’un ou de l’autre des auteurs, le président de l’audience tentant d’établir la réelle part prise par chacun, portent sur des points de détail.

Benoît Selle se braque, front bas, se demandant ce qu’il fait là. C’était certes le moins actif des quatre

Kevin Gilet fait courir ses doigts sur la boiserie du box. Odieux d’insolence. « Expliquez-vous sur votre participation », l’enjoint M. Magnon. « J’ai rien à dire ». Puis tout de même : « J’en voulais à Enzo suite au coup qu’il avait fait ». Le président le presse : « Mais en quoi cela vous concernait-il ? ». Gilet en convient : « En rien ».

C’est le même Gilet qui a exhorté à « mettre la pression ». Au final, ce que lui et les autres ont fait endurer à Sylvie, « c’est des broutilles ».

Ramenée au foyer de Jurançon, cette dernière s’est affalée au sol et est restée prostrée, rapporte son avocate. Qui réclame une expertise psychologique pour déterminer l’ampleur du traumatisme qu’elle a subi.

« Ce n’est ni plus ni moins que le retour des barbares », tonne alors le procureur Erik Maurel. « A qui s’en prend-on ? Au maillon le plus faible. On est dans un acte prémédité, organisé ».

M. Maurel vise tout spécialement Gilet : « C’ est hallucinant, comme on dit maintenant. Il s’est amusé tout au long de l’audience. Vous l’avez ennuyé, M. le président ».

« Face à leur violence », le représentant du parquet réclame qu’ils entendent « la violence légitime de la loi ». Et le jugement tombera, strictement conforme au « tarif » réclamé : trois ans de prison. Ferme pour Sanson Vaniato et Kevin Gilet. Mais assortis d’un an avec sursis pour Élodie A. et 18 mois pour Benoît Selle.

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