LE MONDE | 25.09.09 | 15h30  •  Mis à jour le 25.09.09 | 16h28

Le procès commence par un lapsus : “Nous allons débuter par l’interrogatoire du prévenu Makam, euh, Maxence Cavalcante“, se reprend Dominique Bréjoux, le président de la 7e chambre de la cour d’appel de Lyon, jeudi 24 septembre. Makam Traoré, 32 ans, c’est le capitaine du club de football de Rossillon (Ain), traité de “sale singe” lors d’un match de 2e division départementale, le 25 janvier. Maxence Cavalcante, 24 ans, du club de Lagnieu, serait l’auteur supposé de ces “injures à caractère raciste”.

C’est un grand gaillard, fier, préférant rester debout sur ses béquilles – il est blessé à un genou – pour répondre au tribunal. Le chauffeur-livreur dément avoir lâché : “Va doucement, on en a mis cinq dans votre cul, sale nègre”, au Franco-Malien qui avait signalé une faute à l’arbitre. Cavalcante n’aurait rien dit, rien vu, rien entendu. Pourtant, l’arbitre a bien entendu des insultes, des cris de singe qui jaillissaient de la tribune depuis le début de la rencontre dès qu’un joueur noir – Rossillon en compte sept – touchait la balle. Il décide de stopper le match.

Après une nuit en garde à vue, le joueur de Lagnieu a avoué et demandé pardon à son adversaire pour avoir proféré sous “la colère” ces mots avant de se rétracter. “Je voulais sortir”, explique-t-il. Le grand gaillard n’a pas supporté la pression psychologique infligée par les gendarmes. Ces derniers lui auraient extorqué des aveux en le traitant de “rital”, lui qui est d’origine italienne.

A la barre, Makam Traoré s’est, comme en première instance, effondré. Il est désarçonné face au mutisme glacial du prévenu, au point que son conseil, Alain Jakubowicz, lui demande de se calmer. Son avocat, qui représente aussi la Ligue contre le racisme et l’antisémitisme (Licra), partie civile au procès, pointe le côté destructeur de ces insultes, l’envie de son client de quitter la France (Le Monde du 1er juin)… Pour la défense, Makam Traoré est peu “crédible”. Excepté lui, personne n’a désigné Maxence Cavalcante comme l’auteur des injures. “C’est la parole de l’un contre celle de l’autre”, assure Me Philippe Bontems. L’avocat général, Christian Ponsard, regrette le manque de “sincérité” du jeune Cavalcante, rappelant que “le racisme n’est pas une opinion mais un délit”. Il a notamment réclamé quatre mois de prison avec sursis avec mise à l’épreuve et trois ans d’interdiction de stade. La décision a été mise en délibéré au 22 octobre.

Mustapha Kessous (Lyon, envoyé spécial)
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