Mes Camacho et Parovel et Jean-Paul Da Silva, devant les assises de Bourg-en-Bresse, en février 2008 / Dessin d'audience de Christophe Busti08 / Dessin d’audience de Christophe Busti

Renée Barrier a été découverte gisant sur le sol, en mars 2006, à son domicile de Saint-Étienne- du-Bois. Elle est décédée le lendemain. Son ex-compagnon comparaît en appel aujourd’hui à Lyon

Jaloux « pathologique », incapable de supporter la séparation, il voulait se tuer. Mais il l’avait crié haut et fort, il pensait aussi la tuer, elle et leurs deux enfants. Forcément, ces menaces auront pesé très lourd, lorsque sa compagne Renée Barrier, surnommée « Agnès », avait été découverte gisant sur le canapé, une plaie à la tempe, au petit matin du 27 mars 2006, à son domicile de Saint-Étienne-du-Bois.

La victime était décédée le lendemain à l’hôpital, à l’âge de 38 ans. Joao Da Silva, dit « Jean-Paul », 39 ans à l’époque, avait parlé d’un suicide sous ses yeux, au bout d’une longue nuit d’alcoolisation. La thèse d’une femme ivre ayant eu la force d’empoigner son fusil, de le tenir à bout de bras, pour se loger une balle dans la tête, n’avait pas convaincu les jurés lors du premier procès d’assises, en février 2008, à Bourg-en-Bresse.

Retenant le scénario du meurtre passionnel relayé par l’accusation, la Cour d’assises de l’Ain avait condamné Jean-Paul Da Silva à une peine de dix-huit ans de réclusion criminelle. Fidèle à sa position de départ, l’accusé avait fait appel. Il comparaît à partir de ce matin devant la Cour d’assises d’appel, aux 24-colonnes, à Lyon, dans un procès interrompu demain par le 11-Novembre et qui doit se terminer vendredi soir.

Trois jours d’audience et deux thèses de nouveau face à face. Pas de doute pour le ministère public. L’avocat général François Blanc avait requis vingt ans, en s’appuyant sur le contexte de jalousie maladive, les menaces, mais aussi les conclusions des experts, légiste et balisticien, considérant le suicide comme « impossible ». En toile de fond, six mois d’une séparation qui s’éternisait et un rendez-vous prévu une semaine plus tard, devant le juge aux affaires familiales, pour évoquer la garde des enfants.

Étrange voire suspect, le comportement du compagnon, juste après le drame : il s’était empressé de déplacer l’arme, de la mettre sous plastique. Il y avait de la musique dans la maison et l’homme passait ses coups de téléphone alors que la victime agonisait. Ses déclarations ? Incohérentes : ils voulaient tous les deux se suicider, mais il ne savait pas que l’arme était chargée. Et s’il ne s’était agi que d’un accident ? Les avocats de Jean-Paul Da Silva y croient. Ce fusil disputé entre les deux amants éméchés, elle lui aurait arraché des mains et le coup serait parti. Dans la tempe. Fatal. Mes Parovel et Camacho avaient tenté en vain d’insuffler le doute dans ce dossier, il y a un peu plus de dix-huit mois. Les enquêteurs seraient partis sur un « postulat de départ » erroné, sans tenir compte des « idées noires » d’Agnès, une tentative de suicide, des propos ambigus. La défense a trois jours pour infléchir un nouveau jury.

Vincent Lanier

le 10.11.2009 04h00

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