Comme beaucoup de Kurdes en quête de titre de séjour, l'accusé  évoque des scènes d'atrocités dans son enfance non loin de la frontière  irakienne / Christophe Bustizoom

Comme beaucoup de Kurdes en quête de titre de séjour, l’accusé évoque des scènes d’atrocités dans son enfance non loin de la frontière irakienne / Christophe Busti


Une chose est sûre, Marie-Marthe a aimé follement Izzetine Aydin de près de trente ans son cadet. Le coup de foudre en 2003 a opéré entre cette belle femme blonde, aide-soignante et ce jeune kurde de 30 ans, au physique avenant, arrivé en France deux ans plus tôt. Et si bien prospéré que, réticente au départ, la famille a adopté ce réfugié sans papiers pour sa gentillesse et son opiniâtreté à travailler dans les pires conditions. Le beau-fils est aujourd’hui d’autant plus amer qu’il a le sentiment d’avoir été trahi. D’avoir finalement donné un blanc-seing à celui qui, le soir du 7 août 2007, a poignardé de 15 coups de couteau sa belle-mère sur son balcon de l’avenue Salengro à Villeurbanne. Et cela malgré l’intervention de quatre gardiens de la paix du commissariat dans une rue toute proche. Si les proches de la victime sont prêts à aller loin dans l’introspection et la recherche de la vérité, il n’en est pas de même pour ce grand gaillard qui, avec l’aide d’un interprète, assure devant la cour d’assises le strict minimum. Rarement aussi catégorique, l’expert psychiatre Jean Canterino a balayé sans le moindre doute la thèse de l’amnésie évoquée au moment des faits : « Nous sommes en présence d’un système de défense qui relève du mensonge et de la simulation, servi sur un le ton d’un discours théâtral ». Fermez le ban. Aydin, beaucoup plus prolixe pour évoquer les scènes d’atrocité décrites par tous les candidats au statut de réfugié politique par les Kurdes de Turquie, nourrissait cette obsession d’obtenir un statut légal dans cette France qu’il avait rejointe en investissant une forte somme d’argent pour le compte de passeurs. Marie-Marthe Romain aurait elle été le maillon fort de cette naturalisation ? Sceptique, l’OFPRA avait rejeté peu de temps avant le drame la demande de papiers, flairant un mariage blanc notamment en raison de la différence d’âge. Dans les dernières semaines, les choses s’étaient dégradées dans le couple. On évoquait du bout des lèvres des scènes de violence, une consommation accrue d’alcool pour Izzettine, un désir manifeste de rupture de la part de Marie-Marthe et plus vraisemblablement une érosion des sentiments. L’avenir en cet été 2007 paraissait orageux pour celui qui allait devenir « le meurtrier sans mémoire ». Plus de gîte, d’appui dans ses démarches, retour à la clandestinité avec aux fesses un avis d’expulsion. Assez finalement pour, dans un accès de colère et une ultime explication, mettre fin à sa manière à une comédie se changeant en tragédie. Reprise des débats à 9 h 30.

Michel Girod

publié le 12.05.2010 04h00

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