Venu libre à l’audience de la cour d’assises, un Beaussetan de 58 ans, retraité de l’aéronautique, est reparti hier entre deux policiers, les menottes aux poignets, après avoir été condamné à sept ans de prison par la cour d’assises du Var.

Jusqu’au terme de son procès, il a nié avoir violé ses deux filles, quand elles étaient âgées de 5 à 11 ans, dans les années quatre-vingt et jusqu’en 1990. Il avait toutefois reconnu des attouchements.

Ces abus avaient été dénoncés en août 2007 par la benjamine, maintenant âgée de 30 ans. Sa grande soeur, 34 ans, avait confirmé avoir elle aussi subi des viols de la part de son père. Mais en ce qui la concernait, les faits étaient si anciens qu’ils étaient prescrits.

Leur retentissement n’en était pas moins grand sur les victimes, effondrées en pleurs pendant tout le procès, côte à côte au banc des parties civiles.

L’absence de leur grand-père paternel sur le banc d’infamie, décédé en juillet dernier à 81 ans, a sans doute contrarié la manifestation de la vérité. Il avait reconnu avoir également abusé de ses petites-filles, comme de pratiquement toutes les femmes de la famille. Cet aveu avait révélé une dimension transgénérationnelle, dans la pratique de l’inceste au sein de cette famille.

Pas d’aveu à pardonner

« Il faut que les choses soient dites, pour que la banalisation de ces pratiques sexuelles dans cette famille pathologique s’arrête. »

Le voeu formé avec beaucoup de sensibilité par Me Véronique Lipari, aux intérêts de la benjamine, est resté lettre morte. L’aveu libérateur qu’attendaient les victimes n’est jamais venu.

« Elles n’ont aucune idée de vengeance. Elles ne veulent pas que leur père aille en prison. Elles aiment ce père, mais elles n’aiment pas ce qu’il leur a fait. Tout ce qu’elles attendent de lui, c’est qu’il aille au bout de ses explications, pour la compassion et le pardon. »

L’avocat général David Dufour était sur la même longueur d’onde : « Elles ont droit à l’entière vérité. Si elles ne l’ont pas eue de leur père, il faut au moins qu’elles aient cette vérité judiciaire. »

Dans le cours des débats, l’avocat général avait posé une question clé, qui résumait parfaitement le contexte familial de cet inceste transgénérationnel.

« Je ne sais pas. Je ne comprends pas. » La grand-mère des victimes, 79 ans, ne trouvait rien à répondre aux témoignages révélant que toutes les filles de la famille avaient été abusées par son défunt mari.

« Vous auriez préféré que tout cela se règle en famille », lui a demandé David Dufour.

« Ah, oui ! » Ce cri du coeur témoignait assez de la volonté, dans cette famille pathologique, de maintenir certains secrets bien à l’abri derrière les portes des placards.

La thèse de l’amalgame

Face à des réquisitions de douze ans de réclusion, Me Joëlle Cabrol s’en est tenue aux aveux de l’accusé, pour plaider l’acquittement au bénéfice du doute s’agissant des viols.

Pour elle, les faits étant anciens, les plaignantes avaient pu faire l’amalgame entre les abus commis par leur père et ceux de leur grand-père. Ce qu’elles présentaient sincèrement à la cour comme leur vérité, pouvait être le fruit d’une reconstruction de leur mémoire, avec des interprétations, des contradictions.

« Conséquence inévitable du temps qui passe, les souvenirs deviennent flous, les détails s’effacent. Mais vous n’avez pas le droit à l’à-peu-près. Il faut le juger seulement pour les faits qu’il a commis. »

Dans son délibéré, la cour a déclaré l’accusé coupable de tous les faits reprochés, y compris les viols.

Sept ans de prison pour six ans d’inceste au Beausset

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Paru hier, samedi 19 décembre 2009 à 17:20 0 commentaire(s)

Venu libre à l’audience de la cour d’assises, un Beaussetan de 58 ans, retraité de l’aéronautique, est reparti hier entre deux policiers, les menottes aux poignets, après avoir été condamné à sept ans de prison par la cour d’assises du Var.

Jusqu’au terme de son procès, il a nié avoir violé ses deux filles, quand elles étaient âgées de 5 à 11 ans, dans les années quatre-vingt et jusqu’en 1990. Il avait toutefois reconnu des attouchements.

Ces abus avaient été dénoncés en août 2007 par la benjamine, maintenant âgée de 30 ans. Sa grande soeur, 34 ans, avait confirmé avoir elle aussi subi des viols de la part de son père. Mais en ce qui la concernait, les faits étaient si anciens qu’ils étaient prescrits.

Leur retentissement n’en était pas moins grand sur les victimes, effondrées en pleurs pendant tout le procès, côte à côte au banc des parties civiles.

L’absence de leur grand-père paternel sur le banc d’infamie, décédé en juillet dernier à 81 ans, a sans doute contrarié la manifestation de la vérité. Il avait reconnu avoir également abusé de ses petites-filles, comme de pratiquement toutes les femmes de la famille. Cet aveu avait révélé une dimension transgénérationnelle, dans la pratique de l’inceste au sein de cette famille.

Pas d’aveu à pardonner

« Il faut que les choses soient dites, pour que la banalisation de ces pratiques sexuelles dans cette famille pathologique s’arrête. »

Le voeu formé avec beaucoup de sensibilité par Me Véronique Lipari, aux intérêts de la benjamine, est resté lettre morte. L’aveu libérateur qu’attendaient les victimes n’est jamais venu.

« Elles n’ont aucune idée de vengeance. Elles ne veulent pas que leur père aille en prison. Elles aiment ce père, mais elles n’aiment pas ce qu’il leur a fait. Tout ce qu’elles attendent de lui, c’est qu’il aille au bout de ses explications, pour la compassion et le pardon. »

L’avocat général David Dufour était sur la même longueur d’onde : « Elles ont droit à l’entière vérité. Si elles ne l’ont pas eue de leur père, il faut au moins qu’elles aient cette vérité judiciaire. »

Dans le cours des débats, l’avocat général avait posé une question clé, qui résumait parfaitement le contexte familial de cet inceste transgénérationnel.

« Je ne sais pas. Je ne comprends pas. » La grand-mère des victimes, 79 ans, ne trouvait rien à répondre aux témoignages révélant que toutes les filles de la famille avaient été abusées par son défunt mari.

« Vous auriez préféré que tout cela se règle en famille », lui a demandé David Dufour.

« Ah, oui ! » Ce cri du coeur témoignait assez de la volonté, dans cette famille pathologique, de maintenir certains secrets bien à l’abri derrière les portes des placards.

La thèse de l’amalgame

Face à des réquisitions de douze ans de réclusion, Me Joëlle Cabrol s’en est tenue aux aveux de l’accusé, pour plaider l’acquittement au bénéfice du doute s’agissant des viols.

Pour elle, les faits étant anciens, les plaignantes avaient pu faire l’amalgame entre les abus commis par leur père et ceux de leur grand-père. Ce qu’elles présentaient sincèrement à la cour comme leur vérité, pouvait être le fruit d’une reconstruction de leur mémoire, avec des interprétations, des contradictions.

« Conséquence inévitable du temps qui passe, les souvenirs deviennent flous, les détails s’effacent. Mais vous n’avez pas le droit à l’à-peu-près. Il faut le juger seulement pour les faits qu’il a commis. »

Dans son délibéré, la cour a déclaré l’accusé coupable de tous les faits reprochés, y compris les viols.

G. D.
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