NIORT. Mikaël Girard répondait de dégradations de sucettes publicitaires, à Niort. Faits qui lui sont aussi reprochés à La Rochelle

Mikaël Girard n’a pas utilisé, hier après-midi, sa comparution devant le tribunal correctionnel de Niort comme tribune politique.

Tout au long de l’audience, la vingtaine de ses ami(e) s : des militants antipubs, sans appartenance politique se définissant comme des citoyens promoteurs d’un passage à la décroissance, d’autres, membres ou proches du NPA ou de groupes anarchistes, a respecté son système de défense. Le procès, avec une conséquente présence policière, s’est déroulé sans incident.

JC Decaux mis à mal

Le Niortais de 30 ans, marginal, vivant parfois dans sa voiture et souvent présent à Poitiers, vraisemblablement dans un squat, répondait de la prévention de dégradations d’une trentaine de vitres de sucettes et d’abris bus JC Decaux abritant de la publicité.

Des faits commis, à Niort, dans la nuit du 21 au 22 mai et au petit matin du 16 juin, où il fut interpellé en flagrant délit par la brigade anticriminalité. Le préjudice, d’un montant total d’environ 8 500 euros, une facture que présentait l’avocat de la société JC Decaux, partie civile.

Mikaël Girard nie avoir participé aux dégradations de mai mais reconnaît celles de la mi-juin, tout en insistant sur le fait que, cette nuit-là, sa compagne, prévenue de complicité, n’a rien fait. Elle dit la même chose. Le tribunal la relaxera pour la complicité mais la condamnera à 100 euros d’amende avec sursis pour avoir refusé de se soustraire au prélèvement ADN.

En détention provisoire

La situation sera plus complexe pour le jeune homme. L’air calme, parfois souriant mais jamais ironique, il fait profil bas, sans faire acte de soumission. Pourtant, depuis le 8 juillet, Mikaël Girard, que des amis qualifient de solide, connaît la dure réalité de la privation de liberté. Il est en détention provisoire à la maison d’arrêt de Niort, dans le cadre d’une autre affaire de dégradations, toujours de vitres de mobilier JC Decaux mais à La Rochelle cette fois-ci.

L’opération destruction au sein de la préfecture de la Charente-Maritime avait été menée à grande échelle dans cette nuit du 15 au 16 juin, juste avant les bris commis à Niort. 118 vitres ont ainsi été saccagées. Mikaël Girard ne reconnaît que 15 dégradations et ne dit mot sur d’éventuels autres participants, une zone d’ombre sur laquelle enquêtent toujours les policiers rochelais, une information judiciaire ayant été ouverte.

Colère après condamnation

Du box niortais où il se trouve, Mikaël Girard expliquait que ses actes de la mi-juin, à La Rochelle puis à Niort, l’ont été sous le coup de la colère. Un état consécutif à sa condamnation, le 15 juin, par le tribunal de La Rochelle, à 300 euros d’amende (1) pour des dégradations de deux panneaux Decaux en février 2009, à La Rochelle. « J’étais innocent », soutient-il. Reste que les affaires se succèdent.

Le procureur de la République de Niort n’entrait pas dans ces considérations et rappelait plutôt que les services de police le suspectaient depuis des mois de nombreuses dégradations. « Et que ces dernières ont cessé à Niort depuis que vous êtes en détention », lançait-il. Il requérait 3 mois de prison avec sursis et mise à l’épreuve pendant deux ans, avec obligation d’indemniser la société JC Decaux.

L’avocat de Mikaël Girard, réaffirmant que son client n’avait pas agi pas conviction politique ou philosophique, parvenait à démonter l’accusation pour la nuit du 21 au 22 mai qui s’appuyait sur deux témoignages indirects et fluctuants et accusait le coup pour les faits du 16 juin, des dégradations dont il tentait de minimiser la gravité.

Le tribunal relaxait le jeune homme au bénéfice du doute pour la nuit de la fin mai et le condamnait à deux mois de prison avec sursis et mise à l’épreuve pendant deux ans pour ceux de la mi-juin. Mikaël Girard devra aussi verser un peu plus de 3 578 euros à la société JC Decaux.

À la sortie du tribunal, tous les amis et soutiens du jeune homme avaient déjà en tête le prochain procès, celui qui pourrait avoir lieu dans les mois à venir à La Rochelle, tout en espérant que Mikaël en aura fini bien avant avec sa détention provisoire.

(1) Le parquet de La Rochelle a fait appel de ce jugement.

Auteur : Éric Chauveau

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