L'accident s'était produit le 12 novembre, sur la RD 979, à l'entrée de Bourg-en-Bresse,   au niveau de l'Alagnier / Archives Frédéric Boudouresque

Amorphe dans le box, un peu comme s’il attendait que ça se passe, il n’a pas eu les mots que la partie civile aurait été en droit d’attendre. Ni remord ni compassion à l’égard de la famille de la victime, les frères, les sœurs, les enfants de Liliane Namèche, tuée sur la route à l’âge de 73 ans, par l’inconscience meurtrière d’un chauffard récidiviste. Philippe Martin, 50 ans, a été condamné hier, par le tribunal correctionnel de Bourg-en-Bresse, à une peine de huit ans de prison, assortie de l’interdiction définitive de repasser le permis.

Le drame ? Il était survenu le 12 novembre dernier, sur la départementale 979, à l’entrée de Bourg-en-Bresse, au niveau de l’Alagnier. Déjà condamné quatre fois pour des délits routiers, permis de conduire annulé à la suite d’une conduite en état alcoolique en 2008, l’homme conduisait sous la pluie sans essuie-glaces, en état d’ivresse. Il était 19 h 30, il avait bu une bonne partie de l’après-midi chez un copain à Ceyzériat. Lorsqu’il a percuté la Twingo par l’arrière, l’envoyant au choc frontal contre un Scenic, sur la voie d’en face, son seul réflexe aura été de… prendre la fuite et rentrer chez lui. C’est son passager, sous le choc, qui était allé le dénoncer au commissariat. En garde à vue, puis encore devant l’expert-psychiatre, il aura vainement tenté d’inverser les rôles, de se poser en victime, expliquant que ce n’était pas lui qui était au volant.

Son passager avait décrit les hurlements dans la voiture, lorsqu’il l’implorait de rouler moins vite, de s’arrêter, en vain. Hier, poussé à s’expliquer, Philippe Martin ne pouvait plus se défiler : « J’ai paniqué, tout est allé tellement vite (…) Je ne pensais pas que c’était aussi grave. » Dans sa vie de magistrate, la présidente Pascale Vernay n’aura jamais eu à juger pareille juxtaposition de circonstances aggravantes : « On verrait ça au cinéma, on aurait du mal à y croire. Malheureusement, pour la famille c’est bien réel. »

Au nom des proches, Me Frémion aura des mots très durs, évoquant « un assassin en puissance », le déroulement des faits qui ne pouvait que conduire à la tragédie : « Il n’y a pas de fatalité. Ce qu’a fait Monsieur Martin n’arrive pas à tout le monde. »

Une vision partagée par le vice-procureur Bertrand Guérin, réclamant une « peine de cour d’assises », soit dix ans de prison, au regard de la folle inconséquence d’un chauffard impénitent, deux grammes d’alcool dans le sang deux heures après le drame : « Ce n’était plus un accident, mais la chronique d’une mort annoncée. » Pour la défense, Me Camacho aura tenté d’infléchir la fermeté des juges, invoquant le contexte d’une alcoolisation qui aurait fait perdre toute lucidité au conducteur, insistant sur la notion d’intention : « Il a pris le risque d’être le responsable d’un accident mortel, mais il ne l’a pas voulu. » Huit ans de prison ferme, jamais la juridiction de Bourg-en-Bresse n’avait tapé aussi fort pour un crime de la route.

Vincent Lanier

le 22.12.2009 04h00

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