Motus et bouche cousue, hier, aux assises de Bobigny, où s’est ouvert, mercredi, le procès de l’affaire Jean-Jacques Le Chenadec. Cet homme était décédé après avoir reçu un coup de poing mortel lors des émeutes à Stains (Seine-Saint-Denis), en novembre 2005. Les témoins ont défilé à la barre sans apporter de réponses. Au contraire, la quinzaine de jeunes présents le soir du drame n’ont fait qu’ajouter du flou aux contours déjà bien troubles de l’affaire. « C’est comme ça depuis quatre ans. C’est vraiment lourd à porter », assure, la gorge serrée, Colette, la veuve de la victime.
Les témoins appelés à la barre, pour la plupart des jeunes habitants du quartier, sont revenus sur leurs dépositions, assurant que l’actuel accusé, Salaheddine Alloul, n’était pas le coupable. Avec des arguments bien différents, frôlant parfois la limite de « l’insolence », selon les termes de l’avocat général. L’un accuse l’officier de police de lui avoir « fait dire ce qu’il voulait entendre », l’autre soutien qu’il « s’est trompé », un dernier invoque un « défaut de mémoire ». Même sous la menace d’une comparution immédiate pour faux témoignage, ils maintiendront, contrairement à leurs premières dépositions, que Salah est innocent. Pourquoi ce revirement ? Certains évoquent des pressions. « J’ai été obligé de dire que Salah était coupable pour sauver ma peau », jurera un des témoins et ami de l’accusé, faisant référence à cette fameuse loi de la cité qui interdirait de « balancer les coupables », comme l’évoquait à la barre un officier du service de la police judiciaire du 93. L’avocat de la famille concluait en ces termes, excédé : « J’ai trop de respect pour ma robe pour concourir à ce bal de faux témoins. » Depuis le début du procès, le principal accusé clame son innocence. Il affirme avoir frappé le voisin présent en bas de l’immeuble, M. Moreau, mais pas Jean-Jacques Le Chenadec. « Je suis très choquée par ce procès car aujourd’hui, je ne sais toujours pas qui a tué “le vieux”, comme ils l’appellent, et ça, ça me fait très mal », concluait Colette. Le procès s’achève ce soir. Avec l’espoir pour la famille que la soi-disante « omerta » qui pèse sur ce dossier tombe avant les plaidoiries.
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