Le droit d’un accusé, quelles que soient l’horreur de son crime, l’infamie de ses actes, l’ignominie de ses motifs, à avoir auprès de lui un avocat, c’est-à-dire au sens le plus étymologique du terme, quelqu’un qui parle pour lui et qui permet au juge de le comprendre, donc de le juger, est un droit fondamental.
TENTER DE FAIRE COMPRENDRE
Lors du procès qui a, à juste titre, récemment ému l’opinion publique, des hommes et des femmes qui tous réprouvaient les actes commis et tenaient pour abominable la circonstance aggravante retenue contre deux des accusés et qui n’avaient pour eux, même dans le huis clos de l’audience, ni publicité, ni gloire, ni profit à espérer, se sont efforcés d’aider le juge à comprendre.
L’étrange silence qui s’est abattu sur leur rôle ne manque pas d’inquiéter, pour l’avenir.
Personne ne semble un instant penser que si la cour et les jurés n’ont pas suivi à la lettre les réquisitions de l’avocat général, c’est peut-être parce que des avocats ont su trouver les mots, ni pour excuser ni pour justifier, mais pour tenter de faire comprendre et, par conséquent, pour permettre de juger, ceux qui leur avaient demandé de parler pour eux.
Le parquet se voit promettre demain le rôle de l’instructeur.
Si ses réquisitions doivent être considérées comme l’expression de la vérité judiciaire, ni le juge ni l’avocat ne seront plus nécessaires, ni d’ailleurs la justice.
Jean-René Farthouat est ancien bâtonnier de Paris.
Bel article, propos très pertinent.