NOUVELOBS.COM | 07.01.2010 | 20:48

Nouvelobs.com se joint au comité français de soutien à Roger McGowen pour dénoncer les conditions déplorables dans lesquelles ce condamné à mort croupit depuis douze ans dans sa minuscule cellule de l’unité pénitentiaire Polunsky, au Texas.

Roger McGowen, photo non datée (capture d'écran) (DR)

Roger McGowen, photo non datée (capture d’écran) (DR)

Depuis le mois de novembre 2009, le comité français de soutien à Roger McGowen publie sur son site une série de “dix instantanés” dans lesquels sont décrites les rencontres de ce condamné à mort avec deux de ses correspondants francophones.
NouvelObs.com se joint à l’initiative pour dénoncer les conditions déplorables dans lesquelles cet homme croupit depuis douze ans dans sa minuscule cellule de l’unité pénitentiaire Polunsky, au Texas. Extrait :

“Les présentations faites, il fut tout de suite dans le vif du sujet, en nous expliquant l’ambiance quotidienne dans le couloir de la mort. ‘Vous savez, me lança-t-il, il y a ici trois sortes de détenus. Les premiers, les plus nombreux, sont devenus des bêtes féroces. Ils hurlent leur haine et leur douleur à longueur de journée, jusqu’à être épuisés de fatigue’. Un peu comme si nous vivions en permanence avec des voisins de paliers qui ne cessent de se déchirer, de taper sur les meubles, sur les tables et les portes à grands coups de pieds. Pas simple tout de même !
‘Il y en a qui souffrent tellement qu’ils se mutilent, tant ils sont arrivés au bout de la raison. Comme ce détenu, il y a quelques mois, qui a mangé ses yeux pour ne plus voir le monde, dans des hurlements si déchirants. Ou bien encore celui qui s’est cisaillé le front et a ensuite tiré sur sa peau pour s’enlever le visage, comme on épluche un légume. Ils ont si mal, ils sont tellement à bout, ils hurlent depuis tant d’années que parfois leur douleur atteint le comble !
‘Il y a aussi ceux qui ont trouvé la foi, mais pour embêter tous les autres. Ils lisent à longueur de journée la bible ou des prières, parfois en criant pour se faire entendre le plus loin possible. Souvent ils attendent que les premiers s’endorment de fatigue après avoir crié toute la journée, pour prendre le relais et empêcher à leur tour de dormir tous ceux qui ont hurlé.
‘Et puis il y a ceux qui sont rentrés en eux-mêmes. Ceux qui ont compris qu’au-dehors il n’y a pas de solution. Ceux qui apprennent peu à peu une autre façon de vivre au-dedans, pour sauver leur raison. Et ce n’est pas simple dans un tel contexte d’avoir toujours une longueur d’avance sur la haine et la violence. A chaque instant nous risquons de trébucher. A chaque instant la folie au-dehors vient nous chercher pour que nous re-choisissions la paix.’
Evidemment j’étais perplexe devant de telles conditions de vie ! Mais comment fait-on pour garder un peu de paix au milieu d’un tel chaos ? Il me répondit avec douceur en appuyant sur chaque mot : ‘Au-delà de la douleur, au-delà de toute cette souffrance, on peut rencontrer de l’amour pour tous ces pauvres êtres… Alors survient le Silence ! ‘ Ils hurlent, ils crachent sur tous ceux qui passent devant leur cellule, ils jettent même leurs excréments sur les gardiens. Tout cela n’est que de la douleur, de la douleur extrême racontant des pauvres vies. Et c’est là, sans doute que le silence surgit, un tout autre silence que celui que l’on trouve à la fin du bruit, ai-je pensé presque malgré moi. Un silence qui proviendrait de… l’amour pour autrui !”

Condamné à mort

Roger McGowen, 45 ans, a été condamné à la peine de mort en 1987 pour un meurtre qu’il nie depuis avoir commis.
Lorsqu’il est interpellé un an plus tôt, il a 22 ans et travaille comme manager dans un petit restaurant de l’un des pires ghettos de Houston, le Fifth Ward, où il habite avec sa femme et son jeune fils. Il soutient financièrement ses frères et sœurs, dont l’aîné, Charles, a depuis longtemps sombré dans la délinquance et la toxicomanie.
Sa voiture vient d’être retrouvée sur la scène d’un meurtre : deux hommes ont tenté de braquer un night club et la patronne de l’établissement a été tuée. Roger McGowen affirmera lors de son procès avoir ce soir là prêté son véhicule à son frère et son cousin, lui-même arrêté sur les lieux à l’arrivée de la police.
Mais au moment de son interpellation, voulant protéger son frère, introuvable, Roger McGowen décide de s’accuser à sa place. Selon lui, rien ne le lie à ce crime et il est convaincu que son innocence sera reconnue notamment grâce à son alibi – une série de témoins attestent qu’il se trouvait à une réunion de famille au moment du braquage – et aux descriptions faites des braqueurs par les témoins.
Lors de son procès, Roger McGowan sera défendu par un avocat commis d’office, alcoolique notoire rayé du barreau quelques années plus tard pour incompétence. Ce dernier, proche des enquêteurs, ne fera rien pour le défendre et le procès sera entaché de graves irrégularités.
Roger McGowan a passé près de dix ans à la prison d’Ellis One à Huntsville, au Texas, avant d’être transféré à la Polunsky Unit de Livington, où, depuis, il attend son exécution dans une cellule de 3m sur 2, coupé du monde et des 358 autres condamnés du couloir de la mort.
Clamant toujours son innocence, il réclame la révision de son procès dans un livre : “Messages de vie du couloir de la mort”, aux éditions Jouvence. En septembre 2009, le journal Libération publie une chronique dans laquelle il raconte son quotidien de condamné à mort. “Peu importe la durée de ma vie et le voyage qu’il me reste à faire. Jusqu’au dernier instant, il me faut essayer d’être plus fort que la haine”, écrit-il.

(Nouvelobs.com)

Sur Internet
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Déja deux exécutions de prisonniers aux USA en 2010

NOUVELOBS.COM | 08.01.2010 | 09:44

L’Ohio et le Texas ont procédé aux deux premières exécutions de l’année 2010. Abdullah Sharif Kaazim Mahdi et Kenneth Mosley ont été exécutés par injection létale le 7 janvier.

Une salle d'exécution au Etats-Unis (Reuters)

Une salle d’exécution au Etats-Unis (Reuters)

(c) Reuters

Deux exécutions se sont déroulées jeudi 7 janvier aux Etats-Unis, les premières de l’année 2010, dans l’Ohio (nord) et au Texas (sud), a-t-on appris auprès des autorités pénitentiaires de ces deux Etats.
Abdullah Sharif Kaazim Mahdi, un Noir de 37 ans, a été exécuté jeudi matin dans l’Ohio par injection mortelle pour le meurtre d’un gérant de restaurant au cours d’un braquage il y a 16 ans.
La mort a été prononcée à 10H28 (heure locale) huit minutes après le début de l’injection, a précisé Julie Walburn, porte-parole des autorités pénitentiaires.

Supporter l’injection

Converti à l’islam pendant son séjour dans le couloir de la mort, qui l’avait vu officiellement abandonner son nom de naissance, Vernon Smith, l’homme est mort en récitant des prières en arabe, selon la presse locale qui assistait à l’exécution.
Il avait été condamné à mort pour le meurtre par balle de Sohail Darwish, un Palestinien de 28 ans, père de famille et gérant d’un restaurant de Toledo (Ohio) que Vernon Smith, alors âgé de 21 ans, a attaqué en mai 1993 pour voler de l’argent.
Il s’agissait de la deuxième exécution dans l’Ohio avec une nouvelle méthode d’injection mortelle, inédite aux Etats-Unis et mise en place en décembre, moins de trois mois après que l’équipe d’exécution a dû renoncer à exécuter un détenu faute de trouver une veine capable de supporter l’injection.
Les condamnés reçoivent désormais par intraveineuse un seul produit, un puissant anesthésiant, à une dose létale.

Une bagarre

Au Texas, Kenneth Mosley, un Noir de 51 ans, a été exécuté pour le meurtre d’un policier blanc en 1997 lors d’une tentative de braquage.
Son décès a été prononcé à 0H16 (heure locale), neuf minutes après le début de l’injection létale.
Alors âgé de 39 ans, en février 1997, Kenneth Mosley est entré dans une banque de Garland au Texas pour la braquer. Revêtu d’une longue cape noire malgré la chaleur accablante, il a éveillé les soupçons et un guichetier a actionné le signal d’alarme. Un policier est arrivé et a demandé à Kenneth Mosley de le suivre. Une bagarre a suivi au cours de laquelle des coups de feu ont éclaté des deux côtés.

Etat de tous les records

Dans le feu de l’action, les deux hommes sont passés par la fenêtre. Le corps du policier a ensuite été retrouvé sans vie, touché par cinq balles, et Kenneth Mosley a été arrêté.
Huit mois plus tard, il était condamné à mort. Son comité de soutien affirme que les balles sont parties accidentellement et que l’homme souffre d’une maladie mentale liée à une exposition prolongée à des produits chimiques dangereux pendant son enfance.
Il s’agissait de la première exécution de l’année au Texas. Cet Etat, qui détient tous les records en la matière, a mis 24 hommes à mort en 2009 et 448 depuis 1976.
Une autre exécution devait avoir lieu dans la soirée en Louisiane (sud).

(Nouvelobs.com avec AFP)

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