Devenu citoyen français, le meurtrier présumé d’un médecin de Chicago va être renvoyé devant la cour d’assises de la Guadeloupe. Il échappera ainsi à la peine de mort aux Etats-Unis.
11.01.2010, 07h00
C’est sans doute l’ultime tentative d’Hans Peterson pour s’épargner de longues années de prison. Mis en examen pour l’assassinat d’un dermatologue en 2006 à Chicago, ce Franco-Américain de 31 ans a saisi le 16 novembre la chambre de l’instruction de Basse-Terre, en Guadeloupe, où il est détenu, d’une requête en nullité.
Une « manoeuvre dilatoire », selon des sources judiciaires françaises qui espèrent que cette requête sera rejetée dans les tout prochains jours, ce qui permettrait à la juge d’instruction de signer son ordonnance de mise en accusation devant la cour d’assises de la Guadeloupe.
« Nous espérons un procès dans le premier semestre de cette année. Cette affaire a déjà beaucoup duré et il faut donner des gages aux Américains », souligne un haut responsable judiciaire.
« M. Peterson est français au regard de la loi »
Ces Américains à qui il faut donner des « gages », ce sont surtout les proches du docteur Cornbleet, ce dermatologue de 64 ans qu’Hans Peterson a massacré dans son cabinet de Chicago le 24 octobre 2006 avant de se réfugier aux Antilles françaises, où il s’est souvenu que sa mère était française. Bien qu’il n’ait jamais foulé la terre de l’Hexagone, Hans Peterson a obtenu des papiers français avant de se constituer prisonnier, fermant la porte à une extradition vers les Etats-Unis où il risquait la peine de mort. Une manœuvre qui continue d’écœurer la famille Cornbleet, qui aura remué ciel et terre pour tenter de faire fléchir les autorités françaises, notamment via une pétition géante sur Internet.
Même Barack Obama, alors sénateur de l’Illinois et candidat à la Maison-Blanche, s’était mobilisé auprès du ministère des Affaires étrangères français. « Le fait de ne pas extrader nos ressortissants, qui plus est vers un Etat où la peine de mort est en vigueur, est un principe fondamental de notre droit. M. Peterson est français au regard de la loi, il sera donc jugé en France », ont toujours répété les autorités françaises.
L’affaire Peterson débute en octobre 2006 lorsque la fille du docteur Cornbleet découvre le cadavre atrocement mutilé de son père dans son cabinet du 12 e étage de la Michigan Avenue à Chicago. L’enquête du FBI piétine, mais la famille du défunt décide de créer un site Internet où elle met en ligne un appel à témoins agrémenté du film de vidéosurveillance de l’immeuble où l’on aperçoit le meurtrier s’enfuir. Quelques semaines plus tard, un homme croyant reconnaître son ancien colocataire, un certain Hans Peterson, se manifeste. Joueur de poker professionnel, Peterson s’est volatilisé. Dans son appartement, un mégot de cigarette permet de prélever son ADN. Le même que celui relevé sur la scène de crime.
Au même moment, Peterson est sur l’île de Saint-Martin, aux Antilles, où il passe ses journées dans les casinos. Sentant que la traque se resserre, il obtient des papiers français grâce aux origines normandes de sa mère et pousse la porte de la brigade de gendarmerie de Marigot dans la partie française de l’île, le 6 août 2007. Calmement, il avoue le crime dans le détail, affirmant qu’il voulait punir le docteur, responsable selon lui de lui avoir prescrit en 2002 un médicament contre l’acné qui l’avait rendu impuissant. Mis en examen pour « assassinat avec actes de torture et de barbarie », Peterson est depuis incarcéré en Guadeloupe. La famille Cornbleet continue à penser qu’en choisissant le pays qui allait le juger Peterson leur a fait encore plus de mal.
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