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Lima

Pérou: un nouveau procès pour Fujimori et un nouveau gouvernement

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L’ancien président du Pérou, Alberto Fujimori.

Photo: Reuters

Le Pérou, qui vient de changer de Premier ministre face à la grogne sociale, juge pour corruption à partir de lundi son ancien président Alberto Fujimori, deux moments décisifs pour le proche avenir politique d’un pays qui a subitement perdu de sa superbe.

La nomination samedi de Javier Velasquez, 49 ans, président du Parlement et homme d’appareil du parti du président (centre-droit) Alan Garcia, marque une quête de nouveau souffle et de reprise en main par le chef de l’Etat, qui à 67% d’impopularité, traverse la pire passe de son mandat.

En deux mois, le Pérou, cité ces dernières années en modèle économique et de stabilité retrouvée, a vu un conflit socio-économique avec sa minorité indienne d’Amazonie déraper les 5 et 6 juin avec 34 morts dont 24 policiers, les pires violences depuis 17 ans.

La crise économique mondiale, qui avait paru tarder à l’affecter, l’a frappé de plein fouet avec en avril (-2,1% du PIB) sa première croissance négative en huit ans, un recul de l’emploi, et une inquiétante multiplication de conflits sociaux.

Troisième gouvernement en trois ans, le sort du cabinet Velasquez, auquel Garcia a donné pour priorité «la lutte contre la pauvreté» (36,2%), est crucial en vue de la présidentiele 2011.

Garcia ne pourra s’y présenter -la Constitution interdit deux mandats consécutifs. Mais son rival anti-libéral de 2006 Ollanta Humala, dépeint comme le «Chavez péruvien», y sera. Or le parti social-démocrate du président, l’APRA, n’a aucun poulain en vue.

Egalement décisif pour 2011 est le procès qui s’ouvre lundi à Lima de l’ancien président Alberto Fujimori pour faits de corruption dans les derniers mois de sa présidence (1990-2000). Son issue, son écho surtout, sont cruciaux pour un courant politique fujimoriste qui pèse encore.

Fujimori, 70 ans, est jugé pour détournement de fonds publics et dissimulation, via le versement de 15 millions de dollars à son éminence grise d’alors, l’ex-chef des services secrets Vladimiro Montesinos.

En avril, la justice a déjà condamné Fujimori à 25 ans de prison pour violations de droits de l’homme, pour son rôle dans des massacres de civils perpétrés par des «escadrons de la mort», dans le cadre de la guerre d’alors contre les guérillas d’extrême-gauche, dont le Sentier lumineux. Le jugement a été salué par la communauté internationale des droits de l’homme.

Les peines étant cumulables au Pérou, les huit ans encourus dans le procès pour corruption sont immatériels.

Mais Fujimori plaidera «non coupable», car il a rendu cet argent à l’Etat, a assuré son avocat Cezar Nakazaki.

Le fujimorisme n’a qu’une poignée de députés, mais un très fort ancrage dans les couches pauvres de la société, et une étoile en laquelle il croit: Keïko, 34 ans, la fille de Fujimori, régulièrement en tête des sondages (19 à 22%) pour l’élection de 2011.

Comme une bonne partie des Péruviens, ambivalents sur l’héritage populiste et sécuritaire de Fujimori, Keïko a dénoncé des procès «politiques» contre son père. Elle a indiqué qu’elle le grâcierait si elle est élue.

bur-pbl/mfo

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