À la barre du tribunal correctionnel de Boulogne, jeudi, Didier Dubiez reconnaît les faits. Assureur à Étaples, il est soupçonné d’avoir détourné près d’un million et demi d’euros au préjudice de ses clients et de la société Axa.
Didier Dubiez est soupçonné d’avoir détourné 1 374 000 E, sur une période allant de 1995 à 2006. Il était assureur à Étaples pour la société Axa. « Vous effectuiez des rachats de contrat au nom de vos clients, rappelle le président du tribunal. Vous établissiez des faux et signiez à la place de l’épargnant afin de récupérer les fonds auprès d’Axa. Et ainsi, vous encaissiez les chèques établis au nom des tiers. » Le client ignorait totalement qu’il avait racheté ses contrats et continuait d’épargner. L’argent qu’il versait sur son compte était également détourné. « Vous l’encaissiez et établissiez un faux reçu. » Quatorze clients ont été victimes de ce procédé. « Comment quelqu’un qui gère une agence, et donc bénéficie de la confiance de ses clients, en vient à ce genre de manoeuvre ? », questionne le tribunal. Le prévenu doit fournir des explications à la barre. Il se tient droit et parle de manière claire : « J’ai été démarché pour reprendre l’agence d’Étaples. Les deux premières années, j’ai dû faire face à de grosses difficultés, j’étais en déficit. Le portefeuille qui m’avait été confié était une catastrophe. »
Pression et stress
C’était en 1993. Le prévenu venait de quitter son poste dans une banque. « J’ai perdu beaucoup d’argent. C’est là que j’ai malheureusement commencé à effectuer ces détournements. Puis je me suis complètement laissé dépasser. Je subissais une grosse pression et un stress. » Pourquoi n’avoir jamais remboursé les victimes ? « Techniquement, on ne peut pas rembourser ce qu’on a pris. » Le tribunal cite le cas d’un client, malade et d’un certain âge, qui avait souscrit un contrat pour la gestion de ses affaires au profit de sa femme. « Cette dame s’est fait dépouiller de l’intégralité de ses économies alors qu’elle se croyait à l’abri du besoin. » « J’étais certain que ça ne pouvait pas durer éternellement. Quand ça a été découvert, j’ai été soulagé. J’étais même surpris qu’Axa n’ait pas réagi avant », confie-t-il. Partie civile à l’audience, Axa a remboursé les clients victimes de ce système, intérêts compris. Sauf les deux fils du prévenu.
« Vous aviez contracté des placements au nom de vos enfants. Puis vous avez partiellement racheté leurs contrats. Dans quel but ?
» Réponse du prévenu : « J’avais de gros travaux à faire dans ma maison, le budget pour construire la piscine avait été dépassé. » Axa estime que les contrats ont été contractés par le père et que donc, les enfants ne peuvent être remboursés. « Ses fils n’avaient pas été informés de ce rachat. Ils l’ont découvert par un courrier. Ils étaient majeurs et propriétaires de ces contrats », plaide l’avocate des enfants, parties civiles au procès.
« Où est passé l’argent de ces détournements ? Les immeubles dont le prévenu était propriétaire ont été achetés en crédit ainsi que les voitures (dont deux Porsche), Il vivait sur des emprunts », remarque l’avocat d’Axa.
La société réclame 1 538 194 E au titre des remboursements qu’elle a dû effectuer, ainsi que 10 000 E pour le préjudice fait à son image. Le parquet demande quatre ans de prison, dont deux assortis du sursis, et l’interdiction d’exercer dans le domaine des activités commerciales. Le délibéré sera rendu le 1er septembre. •
La Voix du Nord
“le budget pour construire la piscine avait été dépassé.”
Les détournements sont passés notamment dans 2 Porsche.
Pour cela il a ruiné de nombreuses personnes et arnaqué ses propres enfants.
Le tribunal ne va pas lui faire de cadeau à celui-là !