“Mme la présidente, quelle que soit votre décision, vous ne me rendrez pas mon fils. Mais de connaître la vérité, c’est ce qui grandit les peuples et répare les victimes”, a déclaré jeudi le président-élu du Salvador, Mauricio Funes, venu témoigner à la cour d’assises de Paris qui juge depuis deux jours le meurtrier de son fils.
Alejandro Funes, qui terminait des études de photographie, avait été mortellement blessé lors d’une rixe sur le pont des Arts à Paris le 2 octobre 2007, passerelle qui relie la rive droite à la rive gauche de Paris, entre le musée du Louvre et l’Académie française. Il est décédé le 10 octobre suivant.
Le jeune homme avait été envoyé en France pour qu’il y termine ses études. “Nous pensions qu’en France il serait en plus sécurité. Jamais je n’aurai imaginé qu’il serait battu à mort dans ce pays”, a expliqué M. Funes, rappelant que le Salvador était à l’époque un pays violent avec un fort taux de criminalité. Le pays a longtemps été le théâtre d’une guerre civile.
Le fils et le père se sont parlés la dernière fois la veille du drame, le premier appelant le second pour le féliciter de sa désignation comme candidat du Front Farabundo Marti de libération nationale (FMLN) à l’élection présidentielle. Un scrutin que M. Funes a remporté le 15 mars dernier. Une fois ses études terminées, Alejandro devait retourner au Salvador pour y mettre à profit ses compétences, a précisé son père, très ému.
“Nous partagions les mêmes idéaux, le même projet de vie et le désir de transformer le Salvador, de le convertir en une société juste qui mettrait fin à la violence”, a-t-il expliqué par le truchement d’une interprète, ponctuant ses mots de longs silences.
L’accusé, Mohamed Amor, a présenté jeudi ses excuses à la famille. “Je n’ai jamais voulu le tuer. Je m’excuse. Je vous demande pardon”, a-t-il dit d’une voix quasi inaudible. Après une altercation avec la victime, l’accusé lui a planté une clé alène dans la tempe. Il encourt 30 ans de réclusion criminelle. Un autre homme est également jugé mais pour des faits de violence sur la victime avant le coup mortel.
“Je suis un homme qui ne recherche pas la vengeance, je recherche seulement la vérité. Le moins que l’on puisse désirer, c’est que l’on connaisse les faits et que les responsabilités soient établies. Tout ceci ne me rendra pas mon fils, mais je veux honorer sa mémoire”, a dit M. Funes. AP
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