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Photo : Croquis d’audience Rémi Kerfridin
Comme l’a souligné Me Hervé Humbert-Senninger, Michel Chopin cherche maintenant dans la religion la force de se pardonner à lui-même son crime.

En pleurs dans le box de la cour d’assises du Var, Michel Chopin, le maçon de 42 ans qui a tué de façon particulièrement horrible Louisette, sa soeur aînée, le 20 décembre 2006 au fond d’un ravin au Muy, a imploré hier ses cinq autres frères et soeurs. « Si un jour vous arrivez à me pardonner, faites le moi savoir. »

C’est sans surprise qu’il a accueilli une heure et demie plus tard le verdict de la cour d’assises : trente ans de réclusion criminelle, avec une période de sûreté des deux tiers, pour assassinat.

Cette décision était de nature à satisfaire Me Bernard Hawadier, qui représentait notamment les enfants de Louisette Chopin, et avait demandé « une justice à la mesure de la manière dont elle a été tuée ».

Les conditions de la mort de cette mère de famille de 50 ans ne pouvaient que frapper les esprits. Poursuivie par son frère dans ce ravin, en contrebas d’une route peu fréquentée menant à Sainte-Maxime, elle avait été atteinte de deux coups de fusil de chasse tirés à une quinzaine de mètres. Près de 500 plombs avaient été retrouvés dans son corps, principalement au niveau du thorax.

Préméditation retenue

Ces blessures, faites avec des cartouches à lièvre, n’étaient pas mortelles. Mais l’horreur résultait des déclarations de l’accusé lui-même. Car Michel Chopin, pensant sa soeur morte, avait aspergé son corps d’essence avant d’y mettre le feu. C’est alors qu’il avait entendu les hurlements de douleur de Louisette, et avait pris la fuite plutôt que de lui porter secours. « Si ce crime épouvantable n’avait pas été prémédité, en entendant les cris de sa soeur il se serait arrêté. »

Même conviction de la part de Me Muriel Gestas, aux intérêts de Philippe Chopin, le frère dont Louisette pensait que ses déviances pédophiles étaient liées à ce que lui avait fait vivre leur père à l’enfance.

« Michel Chopin est parti à minuit de chez lui, fou de rage, et, pendant les 800 km de trajet, il n’a pensé qu’à la tuer. »

Ce départ précipité du Gers, au moment même où Michel Chopin avait appris que Louisette fouillait dans le passé de leur père, constituait un élément de la préméditation, selon l’avocat général Pierre Gagnoud. Mais surtout, « il a emporté avec lui les instruments de son crime, le fusil et le bidon d’essence ». Pour lui, ce crime avait été « une exécution en règle, où la curée a été remplacée par le feu, qui renvoie aux représentations de l’enfer ».

« La juste peine apparaît comme une évidence, par sa symbolique judiciaire et sociale : la perpétuité, ou en tout cas pas moins de trente ans et deux tiers de sûreté. »

Me Hervé Humbert-Senninger, en défense, a lui aussi exhorté les jurés à prononcer « une peine juste et bonne », mais, dans son esprit, il leur fallait au préalable écarter la préméditation. Car il estimait que la présence du fusil et du bidon d’essence, dans le coffre de la voiture de l’accusé, était purement fortuite.

Réfutant le qualificatif de « monstre », dont son client avait été affublé, il a formé le voeu que la récente conversion de Michel Chopin à la religion, puisse le conduire sur le chemin de la rédemption.

Sous réserve d’appel, celui-ci aura au moins vingt ans de réflexion devant lui pour faire cette introspection.

Paru aujourd’hui, jeudi 17 décembre 2009 0 commentaire(s)
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