Source : www.abolition.fr
La géographie des exécutions capitales a-t-elle un sens ? En tout cas, touristes facilement égarés ou éméchés, ne vous laissez pas embarquer dans un guet apens dans les pays non abolitionnistes… Gare à l’erreur judiciaire à Riyyad ou à Montego Bay ! Selon Ecpm, l’Arabie saoudite tient la palme des exécutions : 102, dont 39 étrangers, pour la seule année 2008, mais le chiffre serait truqué selon Amnesty International qui les évalue à 1 700 et la Dui Hua Foundation à 6 000. Des chiffres ahurissants que les Saoudiens ne confirment ni n’infirment. Aux Etats-Unis, 37 personnes ont poireauté plus de dix sans le couloir de la mort dont 18 au Texas avant d’être exécutés. En Iran, 346 personnes ont été pendues dont 8 mineurs au moment des faits. Et au Pakistan, au moins 36 personnes. Pour la Chine, les chiffres divergent.

Comment comprendre cette géographie ? Les Etats qui tuent seraient des dictatures ? Non, pas tous. Quelle culture politique maintient la peine de mort ? Difficile de répondre mais on constatera que la majorité se situe en Asie, dans le monde arabe et une partie des Caraïbes. Le Japon, les Etats-Unis et l’Inde ont des cultures politiques démocratiques qui n’ont pas abdiqué devant les abolitionnistes. Il faut fouiller dans l’histoire culturelle de ces pays pour y trouver les racines d’un puissant argumentaire sur la peine de mort. Mais aussi tenir compte du type de délit sanctionné et, là, le trafic de drogues semble faire l’unanimité.

On va me dire : et les victimes, vous y pensez ? Oui, mais elles ne reviennent pas à la vie lorsque leur meurtrier est exécuté. J’entends encore : la peine de mort est dissuasive. Alors pourquoi les Etats-Unis ou l’Arabie Saoudite n’arrivent pas à se débarrasser des criminels en ayant exécuté tant de monde ? Pourtant, cette solution radicale séduit des pays rétentionnistes qui remettent au débat politique le retour de la peine de mort : Jamaïque, Mexique, encore les Caraïbes et l’Amérique centrale, zone dangereuse du monde où le trafic de drogues est difficile à maîtriser.

Il y a des géographies difficiles à faire et diffuser. Je me rappelle une carte de l’alcoolisme en France. Pour la palme des régions où l’on s’alcoolise, de belles taches noires couvraient la carte à l’Ouest de… On n’en dira pas plus pour ne pas stigmatiser des régions, des villes, des populations. Pour que la géographie ne fasse tout simplement pas froid dans le dos.

Gilles Fumey

Pour en savoir plus
– Congrès de Genève

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