Deux acquittements et deux arrestations. Les processus judiciaires mis en place pour juger les responsables des violences commises dans la région des Grands Lacs, à commencer par ceux impliqués dans le génocide commis en 1994, ont connu cette semaine des évolutions contradictoires. À Arusha, le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) a prononcé depuis lundi deux acquittements de personnes accusées de participation au génocide. Le plus surprenant concerne Portrais Zigiranyirazo, beau-frère du président Habyarimana, dont le meurtre en 1994 avait donné le signal de départ des tueries. Accusé d’avoir été un des membres les plus influents de l’Akazu, le clan des radicaux hutu qui ont mis en place la machine génocidaire, Zigiranyirazo avait été condamné à vingt ans de prison en première instance. Lundi, les juges de la chambre d’appel du TPIR ont annulé ce jugement, accusant leurs collègues de s’être « gravement fourvoyés dans le traitement des preuves ». Estimant là encore les preuves insuffisantes, les juges ont aussi acquitté mardi en première instance l’abbé Hormisdas Nsengimana, poursuivi notamment pour le meurtre de prêtes tutsi.
Mécontent de ces acquittements, le pouvoir rwandais s’est en revanche réjoui de l’arrestation mardi en Allemagne de deux dirigeants présumés des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un groupe armé actif dans l’est de la République démocratique du Congo et en parti composé d’anciens génocidaires rwandais. Bénéficiant pendant des années de protections officieuses en RDC, les FDLR ont longtemps été le motif invoqué par Kigali pour expliquer son implication chez son voisin congolais. Depuis la signature en novembre 2007 d’un accord entre Kinshasa et Kigali, ils sont l’objet d’une pression militaire et diplomatique accrue.
Camille Bauer
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