Même les parties civiles sont surprises par le «quantum» de la peine.PHOTO ÉMILIE DENIS Même les parties civiles sont surprises par le «quantum» de la peine.PHOTO ÉMILIE DENIS

|  ASSISES DU NORD |

À l’énoncé du verdict par la présidente Karas, hier après-midi à la cour d’assises de Douai, …

toute la salle a été un peu sonnée. Le Roubaisien Amaury Oueslati et le Bruxellois Mohamed Hafidi ont été chacun condamnés à 18 années d’emprisonnement. Leurs avocats, respectivement Me Cohen-Sabban, collaboratrice de Me Dupond-Moretti, et Me Riglaire, ont immédiatement annoncé leur intention d’interjeter appel. Les deux hommes comparaissaient pour l’attaque d’un fourgon blindé à Villeneuve-d’Ascq en septembre 2005.

L’avocat général, M. Dorémieux, avait demandé 15 ans pour chacun. Il souhaitait accompagner la peine d’une période de sûreté des deux tiers. Les 18 ans ont été prononcés sans période de sûreté : la condamnation n’est pas plus lourde que les réquisitions.

La défense à quitte ou double a pesé. Soutenir qu’il n’était pas à Villeneuve-d’Ascq alors que son ADN et son sang sont retrouvés sur la scène de crime était osé de la part de Mohamed Hafidi. Espérer que les jurés n’entendraient pas les témoignages des quatre personnes qui l’ont aidé à soigner sa blessure par balle était audacieux de la part d’Amaury Oueslati.

Alors que les proches des condamnés s’effondraient ou retenaient difficilement leur colère, les parties civiles n’exprimaient pas la satisfaction, tout au moins le soulagement qu’on pouvait imaginer.

Martine Roussel, l’enseignante qui s’est retrouvée sous le feu croisé des braqueurs et des convoyeurs, traduisait l’état d’esprit du groupe : « On ne peut pas se réjouir d’envoyer deux personnes en prison, surtout pour une telle durée. » « Non, on ne peut pas se réjouir, renchérissait Dominique Poillon, le chauffeur du fourgon. On sait comment est la prison !

» Des choses ont pu enfin être dites. Dominique Vanderplancke, le messager (chef de bord) qui, par son sang froid et ses tirs, a mis en échec les malfaiteurs, était encore bouleversé : « J’espère que ça va aider à me reconstruire (il est en arrêt depuis les faits). Déjà, avoir rencontré Martine (Roussel), c’est important : j’ai failli la tuer ! »

« Trois ou quatre morts »

Ce à quoi celle dont la voiture a été traversée par deux balles tirées par le convoyeur rétorque : « Si vous n’aviez pas tiré, il y aurait eu trois ou quatre morts ! Ce seraient nos enfants, nos conjoints qui nous représenteraient aujourd’hui ! » Dominique Vanderplancke aurait préféré « une peine moins lourde et pas d’appel : on va encore devoir revivre la même chose. Pour nous, chaque jour du procès a été un jour de braquage ». Silencieux, Pascal Engrand, le garde qui était derrière la porte qui a essuyé le tir de fusil-mitrailleur, acquiesce.

Dominique Poillon conclut : « On recherchait leur culpabilité, c’est tout. Ce n’est pas la prison qui réhabilite un homme. » •

FRANCK BAZIN

vendredi 20.11.2009, 05:03 La Voix du Nord

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